Le Québec est en état d’alerte sanitaire depuis maintenant deux semaines. Derrière les mesures annoncées tous les jours se cache un plan bien ficelé qui a été préparé pour faire face à une pandémie d’influenza qui ferait des milliers de morts. Un plan qui prévoit le pire, pour éviter que le pire ne survienne.
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Ce plan a été élaboré en 2006 pour faire face à une pandémie d’influenza, et constitue la base de la stratégie d’intervention face au nouveau coronavirus.
Il y a deux semaines, Le Journal vous présentait un résumé des 24 grandes mesures qu’il contient.
Depuis le déclenchement de l’état d’alerte sanitaire le 16 mars dernier, le plan a été déployé en grande partie.
Le ministère a également préparé une annexe à ce plan de base, avec des mesures spécifiques à la COVID-19. Il a toutefois refusé de la rendre publique.
« Pour l’annexe du plan de pandémie, elle est en constante évolution et pour cette raison, elle ne peut être partagée », a expliqué Robert Maranda, le porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Voici donc un aperçu mis à jour de toutes les mesures mises en place par Québec pour lutter contre la pandémie.
Légende :
MESURE DÉJÀ EN PLACE OU EN COURS DE DÉPLOIEMENT
MESURE PAS ENCORE DÉPLOYÉE
1. SURVEILLER EN TEMPS RÉEL LES NOUVEAUX CAS
Durant la pandémie, un système centralisé permet de détecter rapidement les nouveaux cas. Au cours des derniers jours, le système s’est amélioré et le délai entre les tests et la diffusion de l’information s’est réduit. Ce système permet d’identifier des régions plus touchées et d’y déployer des ressources. C’est ainsi qu’on a pu identifier des sources de contagion en Estrie, à Montréal et à Lavaltrie, dans Lanaudière. On commence également à avoir des données plus précises comme l’âge des personnes atteintes, si elles revenaient de voyage ou non ou si elles ont dû être hospitalisées.
2. DIFFUSER DES MESURES SIMPLES
Se laver les mains et éviter de se toucher les yeux, le nez ou la bouche, ou encore tousser à l’intérieur de son coude. De telles mesures toutes simples permettent de limiter la transmission du virus. Des affiches rappelant ces règles sont affichées partout et diffusées dans les médias et sur internet.
3. DES MÉDICAMENTS... EN ATTENDANT LE VACCIN
Faute de vaccin, les antiviraux sont une des seules défenses contre un virus. Malgré leurs limites, ils peuvent être utilisés auprès des plus grands malades. Un des problèmes, actuellement, est le manque de traitement efficace. Au cours des dernières semaines, la chloroquine a été identifiée comme un traitement prometteur. Il est toutefois prématuré de tirer cette conclusion, disent les scientifiques. Le Collège des médecins et l’Ordre des pharmaciens ont fait des mises en garde aux médecins qui prescrivaient déjà ce traitement.
4. LE VACCIN... QUAND IL SERA DISPONIBLE
Le vaccin est le meilleur moyen de protéger la population. Plusieurs pays travaillent à développer un vaccin qui pourrait être prêt dans quelques mois. Une campagne comme celle contre l’influenza H1N1 n’est toutefois pas prévue pour le moment, mais elle figure dans les plans de Québec.
5. LIMITER LES RASSEMBLEMENTS
Québec a mis en place des mesures strictes pour limiter les rassemblements publics. On demande à tout le monde de rester à la maison. Même les soupers entre amis sont fortement déconseillés. Cette mesure peut permettre de ralentir la transmission en début de pandémie. La fermeture des frontières décrétée par Ottawa la semaine dernière faisait aussi partie des solutions envisagées par le gouvernement québécois.
6. JUSQU’À UN MILLION DE CONSULTATIONS
Le ministère envisage que jusqu’à un million de patients pourraient consulter un médecin de famille. Pour éviter de surcharger le réseau, la santé publique recommande aux malades de se soigner à domicile. Des services de consultation médicale en ligne ou au téléphone ont été mis en place pour éviter la propagation.
7. DES BÉNÉVOLES POUR AIDER LES MALADES
Des organismes communautaires ou à but non lucratif ont été vite débordés. Une armée de bénévoles a été sollicitée pour aider les personnes malades à domicile, que ce soit pour s’assurer que les gens de 70 ans et plus puissent recevoir leurs repas ou qu’ils ne se retrouvent pas isolés. L’aide vise aussi ceux qui ont perdu leur emploi.
8. LE TÉLÉPHONE À LA RESCOUSSE
Le service Info-Santé a vite été surchargé au début de l’état d’urgence sanitaire. Un autre service téléphonique a été mis en place pour faire un premier tri et ainsi éviter de saturer le 811. S’ils ressentent des symptômes, les gens doivent donc maintenant composer leur indicatif régional, suivi du 644-4545.
9. PROTECTIONS POUR LES AMBULANCIERS
Des équipements de protection supplémentaire ont commencé à être utilisés par les paramédicaux comme on l’a vu cette semaine dans une intervention au centre-ville de Montréal. Des mesures doivent être prises pour les transferts entre hôpitaux ainsi que pour corriger une éventuelle pénurie de personnel.
10. GARDER LES HÔPITAUX OUVERTS
Pour faire face à une explosion de la demande, des cliniques de dépistage ont été mises en place. Les établissements devront suspendre certaines activités pour se consacrer à la pandémie. Une dizaine d’hôpitaux sont présentement désignés pour accueillir des patients qui nécessitent des soins plus aigus. Des médecins et infirmières de première ligne ont aussi été appelés en renfort.
11. PRIORITÉ AUX PLUS MALADES
Dans le cas de la COVID-19, certains traitements peuvent être prescrits. Compte tenu d’une possible rareté des médicaments, le ministère va établir un ordre de priorité, selon la vulnérabilité des malades et la gravité de la pandémie.
12. SOIGNER LES PATIENTS À L’EXTÉRIEUR DES CHAMBRES D’HÔPITAL
Le réseau de la santé pourrait rapidement être saturé de patients. Le ministère envisage donc l’ouverture de sites non traditionnels. Un total de 4000 chambres d’hôtel pourraient ainsi servir à héberger des patients. Il pourrait aussi y avoir des patients hospitalisés à l’intérieur de l’hôpital, mais dans des endroits comme des gymnases, des salles de réunion, etc. Les établissements devront s’assurer d’avoir le matériel disponible pour ces sites.
13. DISPOSER DES DÉPOUILLES
Si la pandémie frappe de façon importante et cause beaucoup de décès, les morgues des hôpitaux risquent de ne pas suffire. Il faudra donc rapidement disposer des dépouilles et travailler de près avec le personnel des salons funéraires.
14. COORDONNER LES SERVICES PSYCHOLOGIQUES
Chaque région devra pouvoir offrir des ressources psychologiques en coordination avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.
15. CONTRER LE STRESS, L’ANXIÉTÉ ET LA DÉPRESSION
La pandémie a fait grimper le niveau d’anxiété dans la population. Elle pourrait aussi faire augmenter les cas de dépression, d’épuisement et même de stress post-traumatique. Les travailleurs de la santé devront également faire l’objet d’un suivi psychologique serré.
16. RASSURER LA POPULATION
Compte tenu de la demande de soins psychologiques, des ressources ont été déployées au service Info-Social 811. Les autorités demandent aussi aux proches de s’impliquer pour rassurer les malades à domicile.
17. AIDER LES GENS À S’AUTOÉVALUER
Le gouvernement a mis en ligne des informations pour être capable d’évaluer si l’on souffre d’anxiété, de stress ou de dépression relatifs à la pandémie. On y retrouve notamment les principaux symptômes comme les pleurs fréquents, l’irritabilité, le manque de concentration et l’abus d’alcool et de drogues.
18. ÉVITER LES RUMEURS
L’absence d’information contribue à alimenter les rumeurs les plus folles. Les dirigeants du réseau sont donc appelés à bien communiquer l’information dont ils disposent pour conserver un sentiment de confiance au sein de leur personnel. Si un questionnement surgit, il faut y répondre le plus rapidement possible.
19. SITES WEB POUR LA PANDÉMIE
Québec a mis en place des sites web pour informer les gens sur l’évolution de la pandémie et les mesures à prendre. Depuis la crise du verglas de 1998, les élus et les députés sont également mieux outillés pour jouer un rôle de diffuseur d’information.
20. IMPLIQUER TOUT LE MONDE
Tous les ministères, hôpitaux, organisations patronales, syndicales et groupes sociaux devront être impliqués dans la lutte contre la pandémie.
21. INFORMER LES CITOYENS
Une cellule de crise a été mise en place pour s’assurer de bien informer la population. Depuis deux semaines, une conférence de presse quotidienne réunit le premier ministre François Legault, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, et le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda.
22. REMPLACER JUSQU’À 20 000 TRAVAILLEURS ABSENTS
Les plans du ministère prévoient que jusqu’à 20 000 travailleurs du réseau de la santé pourraient être touchés en même temps. Au total, jusqu’à 81 000 personnes pourraient être affectées durant la pandémie. Chaque établissement doit donc prévoir cette pénurie. On a déjà commencé à faire appel à des gens retraités du réseau, des étudiants ou même des gens diplômés à l’étranger. Des bénévoles vont aussi être appelés en renfort.
23. SÉCURISER LES ÉQUIPEMENTS
Le ministère a déjà procédé à des achats sans appel d’offres pour des masques, des appareils respiratoires et d’autres équipements pour faire face à la pandémie. L’entreposage de ces équipements se fera dans des lieux contrôlés. En raison de leur rareté, des mesures de sécurité devront être prises pour assurer leur distribution. Les masques ont aussi été mis sous clé dans les hôpitaux après que des vols eurent été rapportés.
24. SYSTÈMES INFORMATIQUES FIABLES
Pour collecter et diffuser les données sur la pandémie, le ministère juge essentiel d’avoir des systèmes informatiques fiables. Le Centre gouvernemental de cyberdéfense a ainsi été placé en état d’alerte pour contrer toute attaque informatique. Le réseau téléphonique sera lui aussi mis à rude épreuve.