Madame, Monsieur,
Je suis un Québécois qui milite activement pour l’indépendance du Québec depuis plus de quarante ans.
Je vous prie de croire qu’à l’inverse des dires du citoyen-président Sarkozy, je ne suis ni sectaire, ni renfermé sur moi-même, et je n’exprime aucune opposition féroce envers mes concitoyens canadiens.
Bien sûr, comme dans toute démocratie où le citoyen peut s’exprimer librement en tout respect des droits et libertés reconnus, je me bats contre certaines politiques du gouvernement fédéral lorsque celles-ci vont à l’encontre des intérêts du Québec sur le plan linguistique, culturel, économique, etc.
En retour, je paye mes impôts à tous les paliers des différents gouvernements, et ce, largement… je vous prie de me croire !
Permettez que j’exprime à quel point je suis furieux de la prise de position inappropriée et inacceptable de la part d’un chef d’État étranger par rapport au mouvement souverainiste du Québec.
Monsieur Sarkozy semble manquer de "travail" dans son propre pays, puisqu’il se permet de venir fouiner dans NOS affaires internes en tenant des propos absolument dénués de réalisme quant à la position des souverainistes québécois.
Savez-vous qu’en 1995, dans le cadre d’un référendum national, le gouvernement en place a proposé aux Québécois (tous ceux qui vivent sur le territoire du Québec indépendamment de leur culture d’origine ou de la langue), de voter OUI ou NON sur la question de l’indépendance du Québec ?
Le OUI a recueilli 49,4 % des voix et le NON a recueilli un pourcentage de 50,6 %. À peine quelques milliers de votes séparaient les deux parties.
Or, que s’est-il produit après le référendum ? Une révolution a éclaté dans les rues ? Minimalement des émeutes ont été rapportées ici et là dans les villes et villages? Il y a eu des morts peut-être ? Sinon, des blessés ? Tiens, parions que des bombes ont sauté ? Probablement que des véhicules ont aussi été incendiés ?
NON !
Rien de tout cela…
Les gens sont tout simplement rentrés chez eux et la vie a continué son train-train quotidien. Il n’y a même pas eu de "manifestations" dans les riches quartiers où habitent une majorité d’anglophones.
Vous en connaissez beaucoup de pays où un tel résultat sur une question aussi sensible aurait suscité un tel calme dans la population ?
Sachez que selon les derniers sondages sur cette question (toujours d’actualité), 43 % des Québécois (toutes origines confondues) ont réitéré le désir de se donner un pays lorsque les circonstances le permettront.
C’est avec regret que je constate que Monsieur Sarkozy a carrément manqué de jugement en exprimant ouvertement son animosité envers les Québécois qui se battent depuis plus de 250 ans pour conserver leur langue et leur culture sur un territoire entouré d’un océan d’anglophones. En effet, en Amérique du Nord, les parlants français ne représentent plus que 2% de la population et la décroissance est hélas bien engagée, malgré les nombreux combats livrés pour le maintien de leur langue.
Parlant du respect de la langue, savez-vous que la Cour suprême du Canada a taillé en pièces plusieurs pans majeurs de la Loi 101, loi visant à préserver la langue française au Québec ?
Alors, on n’a certes pas besoin de se faire « suer » par un Sarkozy qui publiquement et à trois reprises a semblé prendre un malin plaisir (il fallait le voir se frotter les mains) à dénigrer notre existence.
Ce qui me fait le plus mal est que cette attaque provienne de l'actuel président de la mère patrie. Je n’ai certes pas besoin de me faire couver par celle-ci pour prendre mes décisions, mais de là à recevoir une telle claque sur la gueule de la part du premier citoyen français… !!!
Où donc est passé le respect du citoyen-président Sarkozy par rapport au droit démocratique des peuples à s’autodéterminer ?
Je termine en réitérant qu’en tant que Québécois souverainiste, je désire participer à la marche du monde en toute ouverture d’esprit, sans manifester de sectarisme ou un quelconque enfermement.
Vive le Québec libre !
Serge Longval,
Longueuil