À lire : « Quelque chose comme un grand peuple » de Joseph Facal

Tribune libre

On peut ne pas être d’accord avec les positions de Joseph Facal sur les syndicats et sur les moyens de renflouer les coffres de l’État, mais force est de constater que son livre « Quelque chose comme un grand peuple » doit être lu.

Cet immigrant, bien intégré au Québec tout en étant fier de ses racines, cet ex-ministre péquiste en séjour dans le pays de ses ancêtres, nous offre un livre inspirant. Inspirant pour tous ces Québécois et ces leaders qui ont à cœur l’intérêt supérieur du Québec, qui sont fier du chemin parcouru, mais qui constatent inquiets, certaines dérives de notre société.

Dérives de notre système d’éducation primaire et secondaire « pris en otage » par un poignée de hauts fonctionnaires et d’universitaires qui impose une réforme insensée à des enseignants dévoués qui croulent sous la bêtise de leurs décisions, alors que l’éducation devrait être La priorité nationale.

Dérives d’un petit groupe d’intellectuels, de chroniqueurs, et de politiciens bien-pensants dont Bouchard et Taylor sont des « porte-parole » malheureusement trop connus, qui tentent, aidés par la Cour fédérale, d’imposer à une population Québécoise francophone de souche un multiculturalisme déguisé en interculturalisme.

Dérives dans le même sens et inspiré par les mêmes « gourous » du « Cours d’éthique et de culture religieuse » nouvellement imposé aux parents.

Dérive du nouveau programme d’histoire au secondaire qui tente lui aussi, fidèle à la nouvelle religion interculturaliste, de masquer l’histoire et les origines de la majorité Québécoise francophone.

Recul inquiétant de la situation du français à Montréal et au Québec grâce entre autres à la complicité du gouvernement et des visées multiculturalistes de la Cour suprême.

Emprisonnement du Québec moderne dans le carcan fédéral l’empêchant de s’épanouir comme société francophone dynamique au niveau international.

Pour un avant-goût du livre, lisez la douzaine de courts extraits sur le site du Mouvement Montréal français.

Ce qui m’impressionne du livre, c’est que Joseph Facal explique de façon claire et simple ces situations qui minent le Québec, propose des solutions, nous fait sentir qu’il a à cœur l’intérêt supérieur du Québec et se considère comme un Québécois à part entière, tout en nous apportant sa touche particulière de Québécois issu de l’immigration.

Ce texte paraît également dans le bulletin bimensuel du Mouvement Montréal français. Pour s'abonner gratuitement.

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Forum : Extraits du livre de Joseph Facal - Quelque chose comme un grand peuple (Boréal)
Soumis par Georges Le Gal, le 5 février 2010

* Livres

p. 35 : Pour le dire autrement, dans plusieurs travaux récents, à des degrés divers, le caractère francophone, de souche ou d’adoption, de la majorité des gens d’ici, qui ne sont pas toute la nation, mais qui en sont le tronc principal, de même que la singularité de leur parcours historique sont relativisés, banalisés, voire marginalisés. Ils le sont au profit, chez Bouchard (NDLR. Bouchard/Taylor) d’une lecture du Québec comme « société » ou comme « territoire ».

p. 39 : Il est d’ailleurs symptomatique que le récit d’eux-mêmes auquel les francophones sont le plus attachés, dans lequel ils se reconnaissent le plus malgré les efforts déployés pour qu’ils en viennent à se voir autrement, est toujours découpé de la même manière, scandé par les mêmes dates qui jalonnent toutes des moments ayant marqué négativement la mémoire historique des francophones : la Conquête par les Britanniques en 1760, le soulèvement et la répression en 1837 et 1838, la mise en minorité définitive en 1840, la perte des droits scolaires et linguistiques des francophones hors Québec (en 1871, 1896, 1905, et 1912) et les deux référendums de 1980 et 1995 – échec des souverainistes, mais recul pour tout le Québec -, le premier ayant été suivi de l’imposition forcée, en 1982, d’une Constitution rejetée jusqu’à ce jour.

p. 53 : Ce n’est pas l’effet du hasard si, au moment où le mouvement souverainiste a l’air de plafonner et que l’horizon de la réforme constitutionnelle est plus bloqué que jamais, les inquiétudes à propos de la langue française et de la situation géographique du Québec semblent ressurgir avec une acuité particulière.

p. 91 : Est-ce trop demander que l’État s’acquitte de ses propres responsabilités? Est-ce trop demander que les communications du gouvernement du Québec se fassent en français avec les entreprises établies au Québec? Est-ce trop demander que notre gouvernement, qui se met littéralement à fonctionner en anglais dès que quiconque l’aborde ainsi ou s’exprime simplement avec un accent étranger, ne donne des services en anglais que par l’entremise des organismes publics qui desservent principalement la communauté historique anglophone? Est-ce trop demander qu’il se penche sur cette exigence de la maîtrise de l’anglais à l’embauche dans les entreprises lorsque rien ne le justifie, alors que celle du français n’est souvent même pas prise en compte?

Je redis pour la millième fois que ce ne sont pas les immigrants qu’il faut montrer du doigt. L’immigrant, même s’il prétendra le contraire parce qu’il sait la « bonne » réponse à donner, vient ici pour refaire sa vie, pas pour mener à notre place un combat que nous-mêmes ne semblons plus vouloir mener. Car voilà toute la question : avons-nous encore envie de nous battre pour cette langue? (…)

Cela dit, la situation du français en Amérique du Nord sera toujours délicate, celui qui ne voit pas le lien entre l’avenir de notre langue et le statut politique du Québec est tout simplement quelqu’un qui ne veut pas le voir.

p. 103 : On comprend dès lors l’origine de la collision philosophique et politique proprement frontale entre ce multiculturalisme canadien – qui légitime au passage le nationalisme pancanadien, en lui attribuant, à lui aussi, une essence morale supérieure – et un nationalisme québécois ancré dans la culture et l’histoire de la majorité francophone du Québec, qui voudrait intégrer les immigrants à cette majorité, toujours suspectée par ce multiculturalisme d’être au bord de la dérive xénophobe et d’entretenir des rapports compliqués avec la démocratie.

p. 104 : En face de cela, le Québec, encastré dans ce système politico-juridique et lui-même englué dans une confusion intellectuelle considérable, s’échine à intégrer les immigrants au fait français au nom de la protection du patrimoine linguistique et culturel du groupe majoritaire au Québec, mais minoritaire au Canada, à qui l’ordre juridique québécois reconnaît des droits collectifs, mais dont l’ordre juridique canadien ne reconnaît même pas l’existence. Confondant, vous dites?

p. 106 - 107 : Plutôt que de poser d’entrée de jeu qu’il y a ici une majorité forgée par quatre cents ans d’histoire, qui doit être le tronc d’un arbre que les immigrants viennent irriguer et enrichir de leurs apports, le rapport (NDLR. Bouchard/Taylor) soutient que c’est cette majorité, fautive d’être ce qu’elle est, qui constitue le principal obstacle à l’intégration des immigrants. C’est donc sur ses épaules, que doit reposer, pour l’essentiel, la responsabilité de réussir cette intégration. Combien, parmi les trente-sept recommandations concrètes, demandent quelque chose de plus à l’immigrant? Aucune.

p. 117 (NDLR. au sujet du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) : Il reste une opération d’endoctrinement idéologique visant à imposer dès le jeune âge ce que Rioux (NDLR. Christian Rioux du Devoir) appelle « la petite morale officielle du Québec d’aujourd’hui », c’est-à-dire un multiculturalisme canadien à peine mâtiné de Loi 101, qui asperge d’eau bénite tout ce qui est « différent », comme si cela était d’une essence supérieure et comme il faut bien être « moderne ».

p. 144 : On peut en effet, sans difficulté, dresser une longue liste de domaines vitaux dans lesquels le Québec n’a présentement rien à dire : les banques, la défense, … (…). Dans d’autres domaines, les pouvoirs du Québec, comme ceux liés à la langue, sont simultanément grugés et maintenus sous haute surveillance par les tribunaux fédéraux.

p. 146 : La seconde raison de vouloir encore l’indépendance du Québec est que devenir majoritaires dans leur propre pays est le meilleur moyen pour les francophones d’assure la protection et l’épanouissement de leur identité culturelle propre.

p. 146 : Ne reste donc que la troisième option. La défense de l’identité francophone est une responsabilité à la fois collective, donc assumée par l’État, et individuelle, assumée (théoriquement) par chacun d’entre nous. Si le Québec était un pays, son État assumerait cette responsabilité collective sans devoir subir la concurrence et la domination de l’État fédéral.

p. 217 (NDLR. Au sujet du nouveau cours d’histoire au secondaire) : Seule une note de bas de page mentionne que la majorité des Québécois francophones d’aujourd’hui sont les descendants de colons venus jadis de France. La présentation du rapport Durham escamote toute référence à ses visées assimilationnistes.


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1 commentaire

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    13 février 2010

    @ G. Le Gal:
    «Dérives d’un petit groupe d’intellectuels, de chroniqueurs, et de politiciens bien-pensants dont Bouchard et Taylor sont des « porte-parole » malheureusement trop connus, qui tentent, aidés par la Cour fédérale, d’imposer à une population Québécoise francophone de souche un multiculturalisme déguisé en interculturalisme.»
    Oui, en effet, c'est tout à fait cela! Ces deux intellectuels-là ont été payés, très, très cher, pour simplement changer le suffixe, dans multi-culturalisme....