Québécois, pourquoi pas « une auto de moins dans votre cour »? -Témoignage

Tribune libre

Ça fait neuf ans que nous avons largué notre auto au profit de l’autobus, du métro, du vélo, de la marche, de quelques taxis et, pour une période de cinq ans, de Communauto. Bilan et réflexion sur le sujet!
Nous sommes à la retraite active à Montréal, sans d’auto depuis neuf ans, après avoir vécu 20 ans dans les Laurentides et dix ans dans l’Outaouais dont deux ans sans auto à Gatineau. Et, durant les 20 ans dans les Laurentides, nous venions régulièrement à Montréal … toujours en auto, jamais en transport en commun.
J’écris ce témoignage à la veille de la Fête de la Terre parce que je suis scandalisé par l’aveuglement amoureux irrationnel de plusieurs à l’égard de leur auto personnelle et je suis convaincu qu’il faut effectuer un virage majeur vers « une auto de moins dans ma cour » si nous voulons sauver la Terre.
1.Comment expliquer que dans l’autobus et le métro du Service de transport de Montréal (STM) aux heures de pointe, entre 10 h et 15 h et en soirée on retrouve si peu de retraités ou de gens de la classe moyenne? On entend souvent des faussetés de la part de gens qui ne prennent pas le transport en commun telles : « Le service n’est pas fiable; l’autobus est souvent en retard; c’est dangereux pour des personnes plus vulnérables encore davantage en fin de soirée; on n’est pas confortable; les jeunes ne cèdent pas la place aux aînés ou aux gens à mobilité réduite. » D’après mon expérience, c’est totalement faux!
2.Comment expliquer que sur les trajets interrégionaux d’autobus reliant les banlieues (Saint-Jérôme, Boisbriand, Repentigny, Mascouche) par exemple, on retrouve là aussi presque uniquement des étudiants, des dames de milieux moins favorisés, des Québécois issus de l’immigration, peu ou pas de gens d’affaires, peu de retraités, peu de gens de milieux aisés? Serait-ce que le service est trop coûteux, peu fiable, pas accueillant? Mon expérience démontre tout le contraire.

3.Pourquoi sur un trajet d’autocar important comme Montréal-Québec ou sur d’autres tels Montréal-Gaspé ou Montréal-Côte-Nord ne retrouve-t-on pas ces gens qui ont de bons postes dans la société, des élus, des décideurs ou d’ex-décideurs à la retraite? Pourtant, il y a même un accès Internet dans les autocars!
4.Pourquoi en transport en commun ne constatons-nous pas d’incidents agressifs, voire violents, alors que les cas d’impatience, de violence, voire de rage au volant sont monnaie courante en conduite automobile? Pourtant, en transport en commun, avec nos manteaux d’hiver, nos sacs à dos, nos sacs d’épicerie, nos poussettes, nos fauteuils roulants, nos cannes et nos béquilles, on se frotte inévitablement à l’autre!
Ma réponse à ces quatre questions est la suivante.
D’avouer qu’on n’a pas d’auto ou de prendre l’autobus et le métro, l’autobus interrégional pour se rendre de la banlieue à Montréal ou l’autocar pour se rendre à Québec, c’est dévalorisant pour plusieurs. Oui, j’ai bien dit dévalorisant. Je constate que pour encore plusieurs Québécois, ne pas posséder une auto ou prendre le transport en commun (sauf peut-être pour le train de banlieue), ça atteint profondément leur « moi ». Ils préfèrent en subir les conséquences personnelles et en faire subir les conséquences à la Terre.
Aussi, être seul dans son auto, c’est un peu comme être chez soi, mais sans se faire déranger par les autres, sauf si un impoli nous coupe la voie.
Enfin, espérons que le fait de ne pas vouloir adopter le transport en commun ne soit pas dû au refus de côtoyer la clientèle qui le fréquente!
Quelles sont les conséquences personnelles de ne pas vouloir se départir d’une auto?
Premièrement, « ne pas avoir d’auto ou avoir une auto de moins dans sa cour », c’est environ avoir 10 000 $ net de plus dans son budget familial. C’est aussi éliminer les tracas du genre :

- « Pas encore un autre bruit inconnu sous le capot de l’auto! Je devrai faire un rendez-vous avec mon garagiste, j’espère que c’est un problème mineur et que ça ne me coutera pas trop cher! »
- « Conduire une auto en ville, en banlieue ou à la campagne nécessite une attention, un stress constant, ce qui nous empêche souvent d’admirer la nature, l’architecture, ou les personnes, ou tout simplement de lire. »

- « C’est bien connu que de passer des heures dans sa voiture dans une circulation dense apporte une frustration qui parfois nous fait sortir de nos gonds. »
- « Si vous saviez comment, sans auto, je chéris le fait de ne plus avoir à arpenter les rues à la recherche d’une place de stationnement à Montréal ou dans les petites villes de banlieue. »

- « Ne pas avoir d’auto, en plus d’être bon pour la santé financière, c’est encore meilleur pour la santé physique et mentale. En effet, sans auto, on marche beaucoup plus et on emprunte davantage le vélo. On peut même monter les marches du métro pour améliorer notre cardio. Avec une auto, on veut toujours stationner si près de la porte du dépanneur qu’on bloque presque le trottoir. Ou bien on est frustré quand, dans le stationnement d’un centre d’achat, il faut stationner à trois minutes de marche de la porte principale.»

En terminant, avec environ 2 millions de familles au Québec et 4 millions d’automobiles et de camions légers, imaginons l’impact majeur sur notre nation si seulement la moitié des familles avaient « une auto de moins dans leur cour »! Un million d’autos de moins au Québec, ce serait toute une révolution!


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