En réaction à la réplique de Jean-François Lisée à Mario Beaulieu

Français : Mener les bons combats

Vous êtes dans le champ

Tribune libre

Monsieur Lisée,
J’ai encore beaucoup de respect pour vous, mais sur cette question de la STM et des demandes anglophones, permettez-moi de vous dire que vous « êtes dans le champ »!
Comme à chaque fois qu’on aborde la question de la langue, il faut d’abord expliquer que je ne suis pas « un de ces méchants extrémistes de la langue » décriés par certains médias, les leaders anglophones canadiens et québécois et même par certains leaders du PQ. Je suis né et ai vécu au Manitoba pendant 25 ans, j’ai étudié quatre langues et je connais bien l’anglais en plus du français. Je connais bien la situation des francophones hors Québec pour avoir travaillé professionnellement à leur survie pendant deux ans et pour avoir encore une très nombreuse parenté au Canada anglais.
J’ai vécu 10 ans dans l’Outaouais, 20 ans dans les Laurentides et depuis 10 ans à Montréal. De 2006 à 2011, j’ai travaillé bénévolement à compter de 3 jrs/semaine à la mise sur pied du Mouvement Montréal et Québec français (MMF)(MQF).
Enfin, de 2008 à 2010, chaque semaine pendant une heure, j’ai rencontré des Colombiens nouvellement arrivés pour les aider à apprendre la langue nationale et la culture québécoise. Donc, vous et vos nouveaux amis anglophones pourrez difficilement me disqualifier de ce débat.
1. Impression générale à la lecture de votre texte du 30 janvier 2013 : Français : Mener les bons combats
Je pense que Madame Marois a fait une erreur magistrale en nommant un ministre responsable des relations avec les anglophones. Et en plus un des ministres les plus importants. Ce faisant, elle envoie le même message de fond que Lucien Bouchard véhiculait quand il était premier ministre de 1996 à 2001 et dont le discours au Centaur faisait office de document de base : « Ces pauvres Anglo-québécois ont été malmenés depuis la Loi 101 de Camille Laurin. Essayons de les satisfaire davantage et pour ce faire, écartons ces purs et durs de la langue (rapport de Josée Legault, militants au congrès du PQ : « Je ne pourrais pas me regarder dans le miroir! »), laissons la Cour suprême du Canada percer 200 trous dans la Loi 101 et rendons tabou tout débat de fond sur la question du français.
Pendant les cinq ans que j’ai consacrés au MMF et au MQF, nous avions à combattre le gouvernement Charest, lequel lentement, mais sûrement laissait se dégrader la situation du français à Montréal et au Québec. Heureusement que durant les dernières années, nous avions l’appui de Pierre Curzi. Qui aurait pensé qu’avec un gouvernement du PQ, le combat pour protéger la langue nationale serait encore plus coriace qu’avec le PLQ?
2. Quelques commentaires spécifiques à la lecture de votre texte du 30 janvier 2013

Vous écrivez : « qu’au centre-ville de Montréal, où passent des centaines de milliers de touristes anglophones, où on compte des dizaines de milliers d’étudiants de McGill et de Concordia, la STM pourrait facilement faire la démonstration qu’il faut des rudiments d’anglais pour y être guichetier ».
Mon commentaire : Pourquoi pas en plus du centre-ville, les arrondissements Rosemont et Le Plateau que je fréquente quotidiennement et où circulent aussi de nombreux étudiants des universités anglophones qui s’attendent eux aussi à se faire servir en anglais? Ayez dont le courage tant qu’à parler de ce sujet de regarder en face l’injustice du surfinancement de ces universités anglophones qui servent aussi avec l’argent de la majorité francophone à angliciser Montréal plus vite que vous aurez réussi à retenir des francophones sur l’Île. Je sais que vous n’aurez pas le courage d’aborder ce sujet plus que tabou! Comment pourriez-vous aller ensuite rencontrer les leaders anglophones sans vous faire tirer des tomates?
Vous écrivez : « une mise à jour de la loi 101 qui fera en sorte que les entreprises ne puissent pas réclamer sans raison la connaissance de l’anglais, comme ils le font beaucoup trop aujourd’hui. »

Mon commentaire : Pensez-vous que cette mesure timide va faire en sorte que l’ami German, l’ingénieur colombien nouvellement arrivé à Montréal suivant des cours de français tout en travaillant au salaire minimum ne se sentira plus obligé lui et ses compatriotes nouvellement québécois d’apprendre aussi l’anglais pour pouvoir gagner honorablement sa vie au Québec? Quand il m’avait fait cet aveu en 2010 lors de nos rencontres hebdomadaires, j’avais été scandalisé. Seriez-vous prêt vous à 50 ans d’immigrer dans un nouveau pays et d’avoir à apprendre deux nouvelles langues pour pouvoir faire vivre votre famille tout en travaillant à laver de la vaisselle au salaire minimum?
Vous avez invité fortement la STM à imiter l’AMT et à se bilinguiser davantage.
Mon commentaire : Pour votre information, c’est le contraire qui devrait se produire pour, entre autres, une bonne raison. L’AMT dessert Rosemère dans les Laurentides et Otterburn-Park en Montérégie, villes qui ont un statut bilingue depuis 1977 parce que plus de la moitié de leur population était alors de langue anglaise. Aujourd’hui, cette population anglophone n’est que de 13% et 10% respectivement.
3. En conclusion :

En lien avec mon commentaire d’introduction, mon seul objectif, c’est que les Québécois des générations à venir puissent pouvoir continuer à vivre en français au Québec, même si nous ne sommes que 2% en Amérique du Nord et que notre sort ne soit pas l’assimilation comme les Franco-Manitobains. Et … j’aime beaucoup la langue anglaise. Bonne chance.
Georges Le Gal
Montréal


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7 commentaires

  • François A. Lachapelle Répondre

    6 février 2013

    @ Francis Déry
    Merci pour votre témoignage d'ex-torontois. Personne aime être traité de fou, ni à cause du français, ni à cause de l'anglais, ni a Toronto, ni à Montréal.
    Compte tenu du bilinguisme "personnel" des québécois, surtout à Montréal, je crois qu'il est presque garanti et évident qu'un unilingue anglais peut se faire servir en anglais assez rapidement. Si cela est déficient actuellement, je ferais une campagne pour valoriser le bilinguisme personnel, sans faire appel au bilinguisme "institutionnel".
    Dans le cas de la sortie de Jean-François LISÉE, cet homme ne semble pas réaliser qu'il n'est plus journaliste ou libre-penseur. Il est ministre du Gouvernement du Québec et il doit assimiler des données telles que PEUPLE DU QUÉBEC, SOCIÉTÉ DU QUÉBEC. C'est surtout la notion au Québec, et particulièrement à Montréal, la notion de "français langue vivante", et "français, langue normale de communication dans la sphère publique".
    J'ajoute un thème que je développerais auprès des immigrants installés au Québec: que les immigrants se fassent un devoir et un honneur de toujours parler français entre eux dès qu'ils sortent de leur maison. Est-ce une proposition révolutionnaire car je ne l'ai jamais vu à ce jour au Québec. Il est peut-être temps d'y arriver. Qu'en pensez-vous Monsieur le ministre Lisée ?

  • Archives de Vigile Répondre

    6 février 2013

    Je suis un ancien Torontois (East York).
    La page Wikipedia de Toronto dit que :

    Toronto francophone
    La ville de Toronto est une région désignée en totalité sous la Loi sur les services en français, depuis 1990. Ainsi, les francophones de la ville bénéficient d'une législation qui « garantit au public le droit de recevoir des services en français de la part des ministères et organismes du gouvernement de l'Ontario »32.
    Il faut aussi remarquer que la ville de Toronto regroupe 10 % des francophones de la province de l'Ontario33.

    Par contre, je me souviens plus d'avoir vu du français dans les services de la TTC. Et à mon avis, le mandarin et le penjabi devraient avoir préséance sur le français.
    J'ai demandé du service en français en contactant la voirie. (C'était un droit) Cela a pris une couple d'heures avant qu'ils puissent me trouver un francophone de service dans un autre département. Il m'a comme traité de fou.
    En tout cas, c'est fait pour les banques avec le mandarin.
    Qu'étions-nous avant de retourner au Québec ?
    Rép.: "On était rien !"
    Est-ce que l'hindi de monsieur Lisée est si mauvais pour qu'il nous sorte cette idée saugrenue lors de son séjour en Inde ? (selon François A. LACHAPELLE )

  • Georges Le Gal Répondre

    4 février 2013

    J'ai envoyé mon texte aux 51 députés du PQ qui ont un courriel!

  • Claude Richard Répondre

    4 février 2013

    J'abonde tout à fait dans votre sens, monsieur Le Gal. Ce qui manque au gouvernement Marois, c'est un Camille Laurin et, à l'évidence, ce n'est pas l'obséquieux Jean-François Lisée qui va l'être. Monsieur Lisée et madame Marois ont tout faux: c'est le français qui recule à Montréal et non l'anglais et, s'il devait y avoir un ministre responsable de quelque chose à Montréal, ce devrait être un ministre responsable de la refrancisation. Après tout, madame Marois n'a-t-elle pas dit durant la dernière campagne électorale que le sort du français à Montréal était préoccupant? Et ce n'est pas l'opposition qui lui a demandé de nommer un ministre responsable des relations avec les anglophones.
    J.-F. Lisée a naguère écrit Le Naufrageur et Le Tricheur. N'est-il pas en train d'incarner le premier tout en nous servant des raisonnements spécieux; quant au deuxième, s'il continue dans la voie de la compromission qu'il a empruntée, il s'attribuera aussi le nom.

  • François A. Lachapelle Répondre

    4 février 2013

    Félicitations Monsieur Le Gal de revenir sur le texte de Jean-François Lisée qu'il a envoyé aux Journaux durant son voyage en Inde.
    J'ai écrit à M. Lisée, mon député, et copie à notre Première ministre pour déplorer le faible raisonnement de M. Lisée, la mauvaise lecture qu'il fait de l'érosion du français à Montréal. Et les moyens d'intervention et les solutions qu'il propose à ce problème majeur sont d'une légèreté inadmissible.
    J'ai même demandé à M. Lisée de présenter des excuses publiques à l'endroit du travail bien fait par la STM.
    Cette bourde de M. Lisée ne doit pas rester lettre morte. L'érosion du français à Montréal, langue et culture québécoises, est un problème majeur qui nécessite un travail en profondeur, bien fait. Ce dossier mériterait un sommet comme le fait le Ministre Pierre Duchesne avec les frais de scolarité post-cescondaires.
    Un autre point, le sujet gauchement abordé par M. Lisée devrait être repris par la Min. De Courcy, qui je crois est responsable de l'application de la Charte de la langue française partout au Québec. J'ai d'ailleurs écrit à Madame De Courcy en ce sens.
    Il serait intéressant de retrouver le discours du Dr Camille LAURIN fait le 2 mai 1977 devant le Canadian Club de Montréal. J'intuitionne que le message du Dr. Laurin a toujours son actualité et pourrait servir de guide à tous les Montréalais préoccupés par ce dossier. Je crois que Monsieur Lisée pourrait facilement s'enliser et nous avec lui.

  • Jean-Pierre Durand Répondre

    4 février 2013

    Je suis tout à fait de votre avis, monsieur Le Gal. Je trouve désolant par ailleurs l'ignorance de "Mister know all" Lisée en matière linguistique. Cela suffit, l'anglicisation de Montréal et du Québec. Comme je dis toujours, il ne faut pas perdre de vue que la "minorité" anglophone au Québec est encore et toujours une minorité dominante, qui bénéficie de la force du nombre en Amérique du Nord. Et, moi non plus, je n'ai rien contre la langue anglaise... là n'est pas la question.

  • Daniel Roy Répondre

    4 février 2013

    Beau texte Monsieur LE GAL, malgré la dernière phrase qui me donne les larmes aux yeux. Est-ce que Monsieur Lisée qui veut angliciser les services publics à Montréal et Mme Marois qui anglicise la diplomatie québécoise à l'étranger vont enfin comprendre. J'envoie votre texte à Monsieur Lisée et ses complices. Il faudra redescendre dans la rue bientôt.