Lorsque les pays nantis privent le Tiers-monde de ses cerveaux.

Achat ou fuite de cerveaux?

Ce qui est bon pour nous pourquoi ne le serait-il pas pour eux?

Tribune libre

LORSQUE LES PAYS NANTIS NE SE GÈNENT PAS DE PUISER DANS LA RICHESSE LA PLUS PRÉCIEUSE D'UN PEUPLE: SA MATIÈRE GRISE.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on parle de la fuite des cerveaux, surtout des pays en développement vers les pays développés. Nous savons tous que le développement d’un peuple, d’une économie reposent en grande partie sur les connaissances et le savoir-faire de personnes engagées dans l’innovation et la recherche. Elles permettent de trouver des solutions aux divers problèmes qui se posent. C’est vrai dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’ingénierie, de l’administration etc. Je réfère le lecteur et la lectrice aux nombreux articles mis en ligne par Google sur cette question de la fuite des cerveaux.
En écoutant, cette semaine, le discours à l'État d'Union du président Obama, j’ai été particulièrement frappé par l’insistance qu’il a mise sur la nécessité de récupérer les meilleurs étudiants étrangers qui poursuivent des études dans les universités américaines. Il a démontré, à juste titre, que le développement et l’innovation reposaient en grande partie sur ces génies du savoir et des technologies. Déjà nous savions, qu’à travers divers programmes de coopération, il y avait un ratissage des principales universités dans les pays du Tiers-monde pour y déceler les génies en herbe et leur offrir de généreuses bourses leur permettant de poursuivre leurs études dans les universités étasuniennes. Une manière bien planifiée pour dépouiller les nations moins bien nanties de leur « matière grise » tout en laissant l’image d’une grande générosité à leur endroit.
Dans un commentaire tout récent de Fidel Castro sur le discours à l'État d'Union d'Obama, il est question, entre autres, du comportement des États-Unis à l'endroit des médecins cubains en service dans de nombreuses régions inhospitalières de l'Amérique latine pour y déployer leur savoir et leur habileté médicale auprès de population en manque de médecin.
" Obama dit : "Autour du Monde, nous appuyons ceux qui assument leur responsabilité, nous aidons des Agriculteurs à cultiver plus d'aliments, des médecins à soigner plus de malades..." Quel mensonge ! Plusieurs savent ce que les États-Unis ont fait avec nos médecins en service auprès des populations les plus défavorisées tant au Venezuela et que dans d'autres pays de l'Amérique Latine. Ils les pourchassaient dans les coins les plus reculés de ces régions pour les inciter à abandonner ce dur travail et à fuir vers les États-Unis. Ils mettaient à leur disposition un avion, leur assuraient un visa et leur promettaient beaucoup d'argent."
Comment, avec un pareil comportement, se présenter comme un allié fiable, préoccupé du développement des peuples et de leur mieux être? Comment se présenter comme le chef de file des grandes valeurs de démocratie, de justice, de respect alors que dans toutes ses interventions prédominent d’abord et avant tout des intérêts strictement nationaux? Monsieur Obama a été très clair pour dire qu’il fallait déployer tous les moyens pour garder ces étudiants étrangers au profil scientifique élevé et de ne pas hésiter à favoriser le recrutement de ceux et celles qui pouvaient permettre aux États-Unis de reprendre la première place comme tête de file du développement des sciences et des hautes technologies.
Si dans un passé encore tout récent, il était possible d’aller chercher les minerais, les aliments et le pétrole sans se soucier des coûts de redevance, aujourd’hui, ce n’est plus possible, au moins dans un certain nombre de pays. Des peuples et des pays, comme la Bolivie, le Venezuela, l'Équateur, et plus récemment la Tunisie, l'Algérie et l' Égypte retrouvent la parole pour dire que le monde ne peut plus continuer sous la tutelle de dirigeants, d’oligarchies et de forces impériales qui n’ont de soucis que pour leurs propres intérêts. Dans le cas précis de la fuite des cerveaux, il faut espérer que des mesures soient également prises, comme elles l’ont été dans les secteurs des richesses naturelles, pour enrayer ces départs de personnes ressources. S'ils sont si importantes pour les pays développés, ça devrait l'être tout autant pour les pays en développement.
Dans un de ses rapports l’OCDE illustre la carte du déplacement des « cerveaux » dans le monde et suggère que les pays en développement s’unissent et établissent des accords non seulement pour que leurs étudiants reviennent servir les régions des pays en développement, mais aussi qu'il y ait une plus grande circulation des savoirs et des savants entre les pays nantis et les pays en développement.
« La comparaison des taux d’émigration des populations hautement qualifiées révèle que les pays ayant un niveau de revenus faibles souffrent de manière disproportionnée de la «fuite des cerveaux» (indiquée en couleur foncée). Cependant, les pays en développement pourraient aussi bénéficier de migration de populations hautement qualifiées s’il existait un partenariat entre les pays de provenance des émigrés et les pays d’accueil permettant de rapatrier les compétences et le savoir (circulation des cerveaux). »
Pour les pays développés, la fuite des cerveaux est une aubaine, mais pour les autres c’est un désastre. Ils ne se font pas de problèmes de conscience en dépouillant ces derniers de leurs meilleures ressources humaines. Leurs portes sont très grandes ouvertes pour recevoir les personnes déjà toute formées, les gens bien argentés, mais elles se font bien étroites lorsqu’il s’agit de réfugiés politiques et économiques. Entre le discours du politicien qui vante les grandes valeurs de la solidarité humaine, de la démocratie, du respect et l'action des agents en service commandé à travers le monde pour corrompre, acheter, inciter à la trahison et au transfuge, il y a tout un monde. Cette face cachée de la vie publique fait rarement partie des discours à l'État d'Union.
Oscar Fortin
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2011

    M.Noël, il n'y a pas un seul pays sous-développé que je connaisse où les gens ne souhaiteraient pas vivre dans les mêmes conditions matérielles dont jouissent les citoyens des pays développés. Il en va de même pour les professionnels et les sportifs dont les conditions financières seraient autrement plus élevées. Ceci dit, il faut reconnaître que dans le cas de Cuba, il y a de la part des Administrations étasuniennes, à travers ses diverses agences, une action offensive pour provoquer des départs qui viendraient alimenter la propagande contre Cuba.
    En dépit de tous ces efforts, il faut reconnaître le sens moral et social de la grande majorité qui résiste à ces appâts tendus aux professionnels et aux sportifs de haut niveau. Ces agences de recrutement ne sont pas intéressés par les pauvres, les démunis, les malades. S'ils parviennent à s'approcher des côtes étasuniennes ou à la frontière de Tijuana au Mexique ils les retournent dans leur pays d'origine. Encore tout récemment ils ont retourné plus d'une trentaine d'Haïtiens et d'Haïtiennes qui avaient rejoint la terre des États-Unis.
    Dans le cas des médecins cubains œuvrant dans d'autres pays au service de populations des plus démunis en terme de soins de santé, comme c'est actuellement le cas en Haïti avec plus 1200 médecins soignant les victimes du choléra, ne trouvez-vous pas criminel le fait de les priver de ces médecins qui font ce travail par conscience et solidarité humaine. J'ai eu l'occasion de connaitre trois de ces médecins en service au Venezuela et leur témoignage a été pour moi une grande leçon d'humanisme.
    Il est certain qu'avec l'argent on puisse acheter à peu près tout, mais la conscience, celle qui a de la vie, n'a pas de prix. Il y a des hommes et des femmes politiques qui ont résisté à ces tentatives de corruption souvent au prix de leur vie. D'autres ont empoché l'argent et salut-bonjour la visite. La grandeur des premiers me rejoint autrement plus que l'opportunisme des derniers.
    Peut-être avez-vous lu ce billet, écrit il y a quelques mois sur les crimes économiques. Sinon je vous en donne la référence. Vous y trouverez des liens qui illustrent bien notre propos.
    http://www.vigile.net/Les-Assassins-economiques

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2011

    «Muchas personas conocen lo que Estados Unidos hizo con nuestros médicos en Venezuela y otros países de América Latina, fraguando planes para promover deserciones y ofreciéndoles visas y dinero en Estados Unidos para que abandonaran su dura y abnegada tarea.»
    Et si c'était ces médecins qui, profitant de la liberté au Vénézuela ou dans les autres pays d'Amérique latine (Cuba est la dernière dictature du continent), demandaient le statut de réfugié à l'Ambassade américaine à Caracas?
    Quant à la carte de l'OCDE, les Finlandais perdent autant de cerveaux, toutes proportions gardées, que les Mexicains ou les Colombiens. Le Canada perd autant que l'Inde, la France autant que la Chine, la Grande-Bretagne autant que l'Iran.L'Italie perd deux fois plus de cerveaux que la Thailande! Le Portugal 4 fois plus que le Brésil!

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2011

    Pour ceux et celles qui veulent consulter dans sa version française le commentaire de Fidel Castro au discours d'Obama à l'État de l'Union, je vous donne le lien:
    http://www.legrandsoir.info/L-Etat-de-l-Union.html

  • Archives de Vigile Répondre

    28 janvier 2011

    La carte en référence est de l'OCDE et son commentaire, cité dans mon article, indique que les pays à faibles revenus souffrent de façon disproportionnée de la fuite des cerveaux. Quant aux médecins cubains, l'observation vient directement de Fidel Castro, dans un article publié ce matin dans Prensa Latina et Cuba débate. La sollicitation dont ils ont fait l'objet venait directement des États-Unis et les offres qui leur étaient faites venaient également de ces derniers. Il faut signaler que les médecins cubains sont reconnus pour avoir un très haut niveau de compétence et que Cuba, victime du blocus qui les prive de bien des médicaments, a développé des connaissances et de l'expertise dans bien des domaines. De quoi intéresser bien du monde. Voilà ce que j'ai à dire sur le sujet.
    Merci pour votre commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    28 janvier 2011

    Si je me fie à votre carte, le Canada perdrait autant de cerveaux que la France, l'Espagne, la Chine et l'Inde.
    La Grande-Bretagne se ferait véritablement saigner à blanc...
    Ce que vous dites sur les médecins cubains m'étonne un peu, surtout lorsqu'on sait à quel point c'est difficile pour un médecin diplomé au sud de pratiquer au nord.