Amira Elghawaby: préjugés ou souvenirs?

Tribune libre

Non, n’allez pas croire que je suis un spécialiste de l’islam ou de n’importe quelle autre religion théiste; je ne suis qu’un citoyen qui a longtemps cru dans les vérités des élites bien-pensantes. 



«Je me souviens» comme la devise du Québec nous le rappelle continuellement, d’un élu d’Hérouxville, André Dion, par qui tout arriva : une commission Bouchard-Taylor qui a tenté de nous faire comprendre que nous devions respecter les religions malgré leurs abus de toutes sortes sur notre crédulité; cette commission accoucha d’une vérité : en ce début du XXIe siècle, les subordonnés québécois n’aimaient plus se faire dominer par des signes religieux, surtout ceux de la religion islamique et son voile sur la tête des femmes soumises. On a même cru à ce moment-là qu’un signe religieux faisait des sermons comme le faisaient autrefois les prêtres catholiques du haut de la chaire; on a ainsi cru que les petits enfants se faisaient endoctriner à la vue d’une barrette ou d’un voile sur la tête d’un croyant! Comme si les enfants comprenaient tout ça à la seule vue d’un chapeau quelconque! Les croyances sont de toutes sortes.



Après une tentative d’une charte des valeurs par un ministre purement québécois (Bernard Drainville, le pauvre) c’est un autre ministre purement québécois (Simon Jolin-Barrette) qui, du haut de ses compétences législatives, confectionna une loi qu’il baptisa avec excès «Loi de la laïcité du Québec». À la naissance de la loi 21, des Québécois ont dit : «elle ne va pas assez loin», et d’autres, «elle va trop loin»! Qui donc disait vrai? On les a baptisés «extrémistes». La loi était donc loin de faire l’unanimité et de rassembler les citoyens, même les Canadiens.



Aller trop loin ou pas assez : n’était-ce pas ainsi reconnaître en termes de laïcité que les Québécois n’étaient pas rassasiés? Les Québécois en demandaient plus et mieux quant à l’encadrement des religions et des sectes, mais plus particulièrement contre celle de l’islam, religion nouvelle venue dans le paysage du «Québec naissant» après sa Révolution tranquille. Oui, ce nouveau paysage islamique rappelait à certaines femmes et à certains hommes notre endoctrinement d’antan, surtout par la religion catholique. Et ça, les Québécois n’en voulaient plus. Les Québécois avaient-ils inconsciemment versé dans un extrémisme où le respect des croyances n’avait plus aucune place, où le multiculturalisme à la Pierre Elliot-Trudeau, fédéraliste, devait être absolument banni, sans pour autant avoir le courage de voter «oui» à l’indépendance politique de la province?



Le melting pot québécois ne devait pas se faire : c’était le «Nous» intransigeant qui devait continuer de naître.



Nous souffrons beaucoup des religions au Québec comme au Canada, ces nations qui n’en finissent plus de découvrir la tragédie des pensionnats autochtones. Nous souffrons d’une pensée que nous refusons de voir : celle d’espérer notre monde lisse comme une lame de rasoir; nous sommes «rasoir» avec notre peur de l’autre différent de nous. Et donc, nous avons des préjugés qui nous font étiqueter de racistes, d’extrémistes. Pouvons-nous changer ce passé qui nous accable encore?



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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    3 février 2023

    Pardonnez mon erreur: le nom du conseiller d'Hérouxville est André Drouin et non André Dion.


    François Champoux