CHRONIQUE «Entre les lignes»Pendant toute la campagne présidentielle, Antoine Guiral décrypte le dessous des cartes politiques.
Par ANTOINE GUIRAL - En politique comme au foot, seul le résultat compte. En l'occurrence, celui des élections. Tout le reste finit plus ou moins par s'oublier. On se souviendra donc que c'est sous la présidence de Nicolas Sarkozy que la gauche a remporté une victoire historique au Sénat. Pour le chef de l'Etat, cette déroute électorale est un désastre politique majeur. Le symbole de la déliquescence de son pouvoir. Où le «banni» Pierre Charon l'a emporté à Paris, tandis que l'amie de toujours Isabelle Balkany, perdait dans les Hauts-de-Seine.
De besogneuses opérations de «représidentialisation»
La grande force de Nicolas Sarkozy a toujours été de pratiquer un art dépouillé de la politique, combiné à un certain génie tactique en campagne: adhésion à sa personne, quelques idées choc compréhensibles par le plus grand nombre (la sécurité, « travailler plus pour gagner plus »...), des résultats à brandir et -par dessus tout- une parfaite maîtrise du rapport de force pour mettre au pas son camp derrière lui. De tout cela, il ne reste rien. Malgré de besogneuses opérations dites de «représidentialisation» et des succès comme en Libye, les sondages restent au plus bas. En raison de la crise, mais pas seulement, aucun cap, aucune ligne d'action, aucune idée directrice ne se dégagent clairement. Côté résultats, la montée permanente du chômage éclipse tout le reste. Enfin, l'autorité du président de la République sur la droite est sapée. Elle l'était avant la perte du Sénat. Elle va l'être davantage encore durant les sept mois à venir. Quant au climat d'affaires (Karachi, Bettencourt, écoutes téléphoniques) où baignent ses amis Hortefeux, Guéant, Gaubert, il va s'alourdir encore au fil des investigations judiciaires.
Pas de champion alternatif à Sarkozy
Dès lors, que faire pour la droite? La logique voudrait qu'elle se trouve vite un champion de substitution pour 2012. Il y a quelques mois de timides voix UMP avaient tenté d'ouvrir le débat sur le candidat de la majorité à la présidentielle. Avec deux arguments massues: Nicolas Sarkozy a perdu tous les scrutins depuis 2007 (municipales, européennes, régionales et cantonales), et sa personnalité est rejetée par une écrasante majorité de Français. A peine lancé aussitôt tué! Copé, Fillon, Raffarin et même Juppé -pourtant en réserve et pressenti comme LE recours possible à droite- ont assuré que «non», telle est la logique des institutions, il n'y a qu'un candidat possible: Nicolas Sarkozy. A sept mois du scrutin, il est de toute façon trop tard pour faire émerger un éventuel concurrent qui fasse consensus...
Le triomphe des francs-tireurs
La période qui s'ouvre va donc être des plus chaotiques. A droite, les francs-tireurs centristes (Borloo, Morin, Bayrou) comme les opposants de l'intérieur (Villepin) ou les souverainistes (Dupont-Aignan) vont se sentir encore plus libre de critiquer le chef de l'Etat et de se poser en alternative. Déjà très fragile, l'UMP va devoir tenir les murs pour ne pas se disloquer. Les députés, eux, sont depuis longtemps dans une logique de sauve-qui-peut pour conserver leur siège. L'affaiblissement politique et la perte d'autorité de l'exécutif sont tels que ce sont les parlementaires qui vont décider sans s'embarrasser des consignes des textes de loi à venir.
En quatre ans et demi de pouvoir, Nicolas Sarkozy a tout perdu, tout cassé. Le roi est nu... mais il est persuadé de sa victoire en 2012!
Après la débâcle du Sénat, Sarkozy tout nu pour 2012
En quatre ans et demi de pouvoir, Nicolas Sarkozy a tout perdu, tout cassé. Le roi est nu... mais il est persuadé de sa victoire en 2012!
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