L’affrontement entre un gouvernement ayant opté clairement pour une stratégie de tension, et un mouvement qui déborde largement la mobilisation étudiante initiale, semble s’être enfermé dans une spirale sans fin.
Le gouvernement Charest, disposant des armes juridiques, judiciaires et policières de l’État, est assuré d’avoir la force de son côté, et avec d’autre part une caisse de résonnance médiatique à son service, il est apte à projeter dans tout l’espace social sa propagande et sa démagogie. Cependant, si le gouvernement est assuré d’être en mesure de frapper le dernier coup, il n’est pas sûr qu’il ait le dernier mot !
L’emploi abusif des forces policières comme milices politiques au service du PLQ, sous un ciel assombri par une loi scélérate et obscurantiste, cela ne permet pas de garantir un retour en classe dans le calme, dans les Cégeps et Facultés qui sont encore en grève-boycott-lock-out, et peut-être pas dans les autres non plus..., et cela même si un reflux passager du mouvement pourrait donner l’illusion d’une accalmie.
Dans la perspective de la poursuite de l’escalade actuelle dans cette spirale de crise, et des gains politiques qui en résultent pour le gouvernement, il n’est pas évident que des élections puissent se tenir dans un climat social permettant minimalement à la démocratie de s’exprimer en toute sérénité et légitimité.
C’est pourquoi il importe que le gouvernement, s’il est vraiment attaché à la démocratie, ait le courage de faire une réelle “paix des braves” avec les étudiants, et que d’autre part, pour déblayer du paysage social le cynisme et le désespoir ambiants, que les partis d’opposition (PQ-QS-ON) mettent fin à leur coalition visant à se nuire mutuellement pour permettre la réélection du gouvernement Charest.
Yves Claudé
Après le Printemps Érable, l’Été de la Colère Bleue, et l’Automne Rouge … ?
si le gouvernement est assuré d’être en mesure de frapper le dernier coup, il n’est pas sûr qu’il ait le dernier mot !
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 juin 2012"L’état actuel de la crise qui affecte et divise profondément la société québécoise témoigne aussi du fait que la démocratie au Québec est dans un cul-de-sac ! " (Y.C.)
En effet, nous nous étonnons quand même de voir tant de Québécois(e) ignorants du mouvement de société en marche. Des médias tentaient de faire hurler des banlieusards tétant leur bière debout sur Crescent: "Comment est l'ambiance?" -Très bonne! -Et ceux-là, y vous dérangent pas? -Ah, oui, ça nous dérange un peu... (z'avaient pas remarqué)
Et ces deux autres: "On espère qu'y nous cancelleront pas le circuit parce que nous aut', on n'est pas du monde riche: on économise toute l'année pour le Grand-Prix"... (Aïe!...z'ont pas remarqué que Charest et Ecclestone les saignent à blanc pour "voir" une activité qu'on leur présente comme essentielle quand on veut être "in"... un spectacle incompatible avec l'ère post pétrolière!)
N'ont sûrement pas entendu parler des énergies propres, renouvelables... La modernité par la ville du transport en commun... élimination du gaspillage par les bouchons automobiles... N'ont pas fait le saut du XXIième siècle!... La moitié des Québécois est restée accrochée à l'époque des courses du Mont-Tremblant... l'influence des nouvelles du sport où il faut connaître les statistiques des amis du nain qui sont morts au devoir. Les héros morts dans une flaque d'huile, comme les Pélicans du golfe du Mexique!
Voilà les dégâts de la presse concentrée aux mains des possédants pour endormir les gagne-petit...
On y revient toujours: on échouera en tout si on ne peut informer TOUS les citoyens.
Archives de Vigile Répondre
9 juin 2012Cher Monsieur Claudé,
Quand vous dites « il importe que le gouvernement, s’il est vraiment attaché à la démocratie, ait le courage de faire une réelle “paix des braves” ». Comment une telle chose puisse être possible, les libéraux et qui plus est Jean Charest, attaché à la démocratie? Mais encore plus, être capable de bravoures, ces gens, cette culture canadian?
Il n’y a pas qu’eux, ces pauvres provincialistes du PLQ au prise avec ces rustres, ces ultras gâtés du fédéralisme du bon Dominion. Il faut voir et lire ce qui se passe à Ottawa (la maison mère) et la quasi-totalité de ce qui se pense et s’écrit au ROC qui fait des leçons de démocratie, de respect de l’environnement, d’éthique au ROW (rest of the world). Dans leurs perspectives le peuple du Québec cette pathétique horde d’empêcheur de tout liquider en rond, ceux qui résiste… encore, ne sont qu’outrages, irresponsables, fainéants qui n’ont droit qu’au mépris!
Vous croyez vraiment que JJ Charest et son troupeau se mettront du jour au lendemain, soudain touché par la grâce, qu’ils se mettront à réfléchir et agir comme des québécois et laisseront tomber leurs privilèges, les cadeaux de l’establishment ainsi que leurs identités canadienne? Je pense que vous rêvez!
Je pense que nous seront amené, tous autant que nous sommes à toucher les abysses de notre état de colonisé. Parce qu’il est manifeste que tel est la volonté des « maîtres » de donner une leçon dont le peuple à besoin pour être libéralement serviable.
Archives de Vigile Répondre
8 juin 2012Étant donné l’amalgame qui est fait entre différents groupes et mouvements, explicitement ou implicitement, dans le discours gouvernemental, dans les médias, et parmi des citoyens exposés à des représentations de la réalité qui sont plutôt des constructions démagogiques visant à discréditer l’ensemble des mouvements sociaux ainsi que les partis politiques progressistes (PQ, QS et ON), quelques précisions s’imposent :
-La CLASSE est une des quatre composantes organisationnelles du mouvement étudiant.
-Force Étudiante Critique est un petit groupe de quelques dizaines d’individus, qui s’oppose à la direction de la CLASSE, et qui constitue une sorte de paravent organisationnel d’une micro-secte politique, Hors d’Oeuvre, caractérisée par une inflation verbeuse et révolutionnariste.
-La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) n’est pas une composante du mouvement étudiant. Le 1er mai dernier, la CLAC organisait son propre contingent, d’une manière indépendante de la manifestation syndicale. La CLAC rassemble dans ses actions différents groupes ou tendances se voulant “anticapitalistes”.
-Quant au mouvement des casseroles, contre la Loi 78, il s’agit d’un mouvement populaire, de voisinage et de quartier, qui appuie le mouvement étudiant, mais qui véhicule aussi implicitement les aspirations et revendications des familles du milieu ouvrier et populaire.
L’état actuel de la crise qui affecte et divise profondément la société québécoise témoigne aussi du fait que la démocratie au Québec est dans un cul-de-sac ! Voilà qui représente un inquiétant potentiel de violence, et qui implique de la part des différents acteurs sociaux et politiques, un effort de lucidité et d’auto-critique, de responsabilité et de solidarité.
Yves Claudé