Au Canada, c'est déjà Halloween grâce aux élections fédérales

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Le Canada joue avec le feu

INTERNATIONAL - Le 19 octobre, les électeurs canadiens éliront les députés du gouvernement fédéral à Ottawa. Ces femmes et ces hommes nouvellement choisis auront à prendre des décisions qui nous engagent toutes et tous, voteront des lois, parleront en notre nom et signeront des traités internationaux. Voter est donc une affaire sérieuse. Sauf que... cette année, le vote par anticipation qui a débuté il y a quelques jours nous met dans une drôle de situation.

"C'est carrément Halloween avant le temps", me fait remarquer ma fille qui attend la fin du mois avec impatience. En effet, au Québec, plusieurs électeurs se sont présentés à leurs bureaux de vote, costumés, le visage intégralement couvert... d'un sac de patates, d'un masque de clown, d'un casque de ski ou d'une cagoule. Certains témoignages colligés par la presse révèlent que des électeurs masqués n'ont même pas eu besoin de prouver leur identité alors que quelques autres ont voté plus d'une fois.

Ce mouvement citoyen fait suite à une saga judiciaire (qui n'est pas encore tout à fait finie) qui a mis en lumière le degré de servilité dans lequel s'est placé le Canada face à la manifestation la plus évidente de l'intégrisme musulman: le voile intégral. Voilà que l'islam wahhabite, outrageusement promu à coups de centaines de milliards de dollars par l'Arabie saoudite, rejaillit en pleine campagne électorale d'une façon totalement inattendue.

Le mot d'ordre est lancé: vous n'en avez que faire de l'identification de tout un chacun? Alors, votons masqués!

"Voilée, je suis allée voter. Et, non, ce ne peut-être un geste de désobéissance civile, comme certains le prétendent, puisque selon la loi électorale canadienne il est parfaitement légal de voter le visage couvert. J'ai voté voilée pour souligner cette odieuse disposition, véritable affront à la laïcité, à notre culture et à nos valeurs. J'ai aussi voté voilée parce que nos politiciens sont sourds et aveugles, mais ne cessent de discourir sans entendre ni voir ce qu'une majorité d'entre nous expriment." Thérèse Lamartine, une Montréalaise qui a voté le visage couvert.

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Ce vent de contestation est parti avec la dernière décision de la cour concernant Zunera Ishaq, une citoyenne pakistanaise, âgée de 29 ans, arrivée au Canada en 2008, qui a remporté TROIS victoires juridiques contre le gouvernement canadien. Elle a contesté un décret ministériel qui imposait aux femmes de se présenter à visage découvert à la cérémonie d'assermentation pour l'obtention de la citoyenneté. C'est finalement le 9 octobre dernier que Zunera Ishaq est devenue Canadienne... le visage couvert, son mari à ses côtes, vêtu d'un costard et filmant la scène.

Vous connaissez les vertus de nos "accommodements" poussés jusqu'au bout des ongles et notre trop grande propension à couper la poire en deux et les cheveux en quatre? En 2014, des fonctionnaires du ministère de l'immigration et de la citoyenneté ont consenti à offrir à Zunera Ishaq un arrangement spécial: une disposition sur mesure qui lui permettrait de s'asseoir à la première rangée ou à la dernière, et à côté d'une femme, de façon à ce qu'elle soit en contact visuel avec le moins de personnes possibles, le jour de l'assermentation. De toute façon, il est question tout au plus de quelques minutes.

Zunera Ishaq a refusé, préférant faire valoir ses droits devant les tribunaux. Ses avocats ont soutenu que ses droits fondamentaux, c'est-à-dire sa liberté de religion, sont bafoués en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés et de la fameuse loi sur le multiculturalisme canadien.

Dans les faits, le multiculturalisme ne fait rien d'autre que légitimer dans les champs politique, juridique et social, des inégalités instaurées par les cultures et les religions. Comme son fondement repose sur la reconnaissance des religions et l'assignation par défaut à chaque individu d'une identité de naissance statique, toute contrainte à l'expression de la liberté religieuse est interprétée, la plupart du temps, comme une entrave à la liberté de religion tout court et relèverait de la discrimination, voire du racisme.

Dans une telle perspective, les intégrismes ont trouvé sous leurs yeux un boulevard et quel boulevard!

À l'heure où les intégrismes tentent de nous noyer dans un bain de sang, où leur pensée se fortifie dans nos écoles et dans nos institutions, où leurs stratégies s'abreuvent goulûment de notre démocratie, où leurs actions font pâlir nos pires prédictions, ces jusqu'au-boutistes des "accommodements" et de la "tolérance" n'ont rien d'autre à nous proposer sinon cette attitude intenable qui demeure insensible aux nouvelles réalités qui frappent le monde avec sa rhétorique servile: il faut!

Il faut! Voilà l'impératif moral absolu de cette pensée étriquée. Alors, poursuivons sur cette lancée. Il faut... Il faut être tolérant...! Puisqu'il faut être tolérant, soyons-le avec les intégristes! Ouvrons-leurs grand la porte de cette auberge espagnole que certains confondent avec la démocratie. Ainsi se résume la triste faiblesse de notre puissance publique face à l'effacement de l'égalité universelle. Car à chaque fois que l'État reconnaît à un individu un particularisme religieux, l'universalité de la loi en prend un coup. Qu'ont-ils à dire les chantres des "accommodements"? Que vont faire les jusqu'au-boutistes du droit à la différence? Comment vont réagir les apôtres de l'amour infini? Leur arrivent-ils de considérer que certains musulmans sont humiliés de voir leur culture ou leur religion déshumanisées par un tel traitement aussi dégradant à l'endroit des femmes?

Cette image de femme le visage masqué n'est-elle pas la plus laide des caricatures et la pire des perversions de ce qu'est devenu l'islam?

Une question me "chicotte". Je me demande si cette valeureuse jeune femme qui assurément met beaucoup d'énergie à contester le gouvernement canadien en a mis autant, au Pakistan, pour dénoncer la violence endémique contre les femmes et les minorités religieuses et philosophiques? L'a-t-on jamais entendu dire un mot sur le cas tristement célèbre d'Assia Bibi, chrétienne pakistanaise menacée de pendaison pour blasphème, en novembre 2010, pour avoir bu un verre d'eau au puits du village?

Changement de rôles. Inversion des paradigmes. Désormais, c'est le Canada qui est "testé" pour son respect de la liberté de religion et des minorités par les tenants de la soumission et de l'oppression des femmes.

Et il est bien là le problème. On marche sur la tête. Au secours!


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