Avalanche de retraites chez les pompiers de Montréal

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Voilà ce qui arrive quand l'idéologie sert de substitut à l'analyse et à la réflexion

(Montréal et Québec) Jusqu'à 150 pompiers ont décidé hier soir de prendre leur retraite pour éviter d'être pénalisés par le dépôt du projet de loi sur les régimes de retraite, évalue leur syndicat. Le geste a pris par surprise le gouvernement qui a lancé un appel au calme.
Des 2400 pompiers en services à Montréal, 450 sont éligibles à une retraite immédiate. Ceux-ci avaient été avisés hier de se tenir prêts à entreprendre leurs démarches de départ à la retraite au cas où le projet de loi les pénaliserait. Et selon la lecture de l'Association des pompiers, un article du texte présenté hier à Québec s'avère justement pénalisant pour les membres qui prennent leur retraite à partir d'aujourd'hui.
L'article 53 indique que les pompiers ayant pris leur retraite en date du dépôt du projet de loi, soit hier, seront considérés comme à la retraite au 31 décembre 2013. Bref, ils s'exposent à perdre seulement l'indexation de leur rente et non davantage, souligne Ronald Martin, président du syndicat.
Depuis hier, le téléphone ne dérougit pas à l'Association des pompiers. Le chiffre précis n'est pas encore connu, mais le syndicat évalue que jusqu'à 150 pompiers, soit le tiers des pompiers éligibles, ont pris la décision de partir.
Si ces chiffres se confirment, c'est pas moins de 6% de l'effectif du SIM qui quittera ainsi le service actif. «Ça va avoir un impact au niveau de la perte d'expertise. Ce sont beaucoup des officiers, capitaines et lieutenants. Ce sont des pompiers d'expérience qui partent et qui seront remplacés par des recrues. Pour maintenir le niveau de service, il va falloir combler par du temps supplémentaire», dit Ronald Martin.
Appel au calme
Le gouvernement Couillard a lancé un appel au calme, vendredi matin, visiblement surpris d'assister à des départs à la retraite massifs du côté des pompiers de la Ville de Montréal, qui veulent se soustraire ainsi aux dispositions du projet de loi destiné à éponger les déficits actuariels des fonds de retraite municipaux.
«Je trouve malheureux qu'on pose des gestes précipités, qu'on y aille de déclarations qui ne laissent plus de place qu'à l'escalade», de soutenir vendredi le ministre Pierre Moreau, responsable des Affaires municipales. La veille il avait déposé le projet de loi 3, décrit comme un «hold-up» par la coalition syndicale des employés municipaux réunissant 70 000 syndiqués.
Le geste a clairement surpris et inquiété Pierre Moreau. «Il faut s'asseoir, s'ouvrir grand les yeux, constater que les promesses faites aux retraités ne pourront être tenue si on ne règle pas le problème des déficits» dira M. Moreau, à la sortie de la réunion quotidienne du caucus libéral. «On est dans une société où on doit poser des gestes responsables, s'asseoir et admettre qu'on a créé un déficit actuariel, ce n'est pas le gouvernement qui l'a fait, ce sont les employés et les villes. Je les invite au calme, à l'ouverture, le projet de loi correspond aux engagements de la campagne électorale».
«S'il veut le calme, pourquoi mettre ça dans sa loi ? Avant que sa loi soit écrite, on l'avait prévenu du risque», rétorque Ronald Martin. Celui-ci estime que son syndicat était justifié de prévenir ses membres du risque de repousser leur retraite. «On avait le devoir moral de les aviser du danger. Oui le projet de loi peut être modifié, mais dans l'histoire récente, ce n'est pas arrivé.»
Le projet de loi 3 prévoit que les employés toujours à l'emploi seront privés désormais d'indexation automatique de leur pension, et qu'ils devront consentir des modifications à leurs conditions de travail permettant d'équilibrer les fonds de retraite, déficitaires de 3,9 milliards actuellement. Pour ces employés «actifs», le partage des déficits se fera moitié-moitié avec les villes. Pour ceux qui sont déjà à la retraite, l'indexation sera suspendue, mais la prestation de base, ainsi que celle du conjoint survivant seront maintenues.
La loi fait en sorte qu'il y aura deux ans de discussions, «deux ans pour trouver une solution négociée, il semble que c'est raisonnable !»


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