Benoît Bouchard: l'histoire avant la politique

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009



Benoît Bouchard a confirmé sa participation au Moulin à paroles, en dépit de la récente controverse entourant la lecture du manifeste du Front de libération du Québec (FLQ), qui a incité plusieurs politiciens fédéralistes à tourner le dos à l'événement. Photothèque La Presse

Pierre-Olivier Fortin - (Québec) Le maire a filé à l'anglaise, le gouvernement québécois a bruyamment pris ses distances, la ministre Josée Verner a même incité au boycott du Moulin à paroles. Il en reste une participation fortement teintée par le mouvement souverainiste, certes, mais ce n'est pas une raison, entre autres pour l'ancien ministre conservateur Benoît Bouchard, de se retirer.
L'ex-politicien saguenéen a dirigé plusieurs ministères dans les années 80 et 90 sous Brian Mulroney. En entrevue au Soleil, Benoît Bouchard a confirmé sa participation au rassemblement, en dépit de la récente controverse entourant la lecture du manifeste du Front de libération du Québec (FLQ), qui a incité plusieurs politiciens fédéralistes à tourner le dos à l'événement.
Il lira un extrait du discours que Jean Lesage a prononcé le soir de sa victoire aux élections de 1962 et qui porte sur la nationalisation de l'électricité. Un discours qui fait vibrer la corde nationaliste, mais qui ne contredit pas ses convictions fédéralistes. Bien qu'il soit peut-être le seul représentant du camp fédéraliste parmi les narrateurs invités, il se garde bien d'en devenir leur porte-parole. «Je ne représente personne», tranche l'ex-politicien, qui ne «milite plus vraiment». C'est aussi ce qui explique que les récentes tergiversations politiques ne l'ont pas influencé.
L'histoire avant la politique
«Je n'ai pas accepté parce que je suis fédéraliste», explique-t-il. Benoît Bouchard insiste sur l'importance de l'histoire en disant qu'elle doit l'emporter sur les considérations partisanes. «Les jeunes ne la connaissent pas, déplore-t-il, et on ne leur enseigne même plus! Alors c'est ce que le Moulin à paroles va faire, avec 140 textes qui y font référence.»
Si l'événement a enflammé la classe politique et a soufflé sur les braises autant des rouges que des bleus, il assure que ce n'était pas le cas au départ. «Quand on me l'a proposé il y a deux mois, ce n'était pas politique, [mais d'un autre côté] si on commence à ne pas parler aux gens de l'autre gang... on ne se parlera plus personne... Que ce soit politisé, qu'on parle du FLQ, ce n'était pas une raison pour m'empêcher d'aller lire un texte.» Il dit toutefois comprendre le malaise des politiciens qui ont préféré se retirer.
Malaise historique
Ce que Benoît Bouchard s'explique moins bien, c'est le malaise autour de la Crise d'octobre et du FLQ. L'histoire ne peut pas s'oublier, pas plus qu'«on va l'occulter parce que c'est un mauvais moment», s'exclame-t-il. À cet égard, il rappelle l'épisode de la statue de Duplessis qui a été entreposée pendant 17 ans avant d'être inaugurée sur la colline parlementaire.
À l'image de la France qui s'est réconciliée avec l'Allemagne, 50 ans après la Seconde Guerre mondiale, en invitant l'armée allemande à parader sur les Champs-Élysées lors de la fête nationale en 1994, il croit que «tant que nous n'avons pas assumé les différentes périodes de notre histoire, ce sera difficile de vivre avec».


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