Bienvenue dans l’Europe Allemande !

Bref, les dirigeants européens ont repoussé le moment où ils finiront par devoir démanteler cette construction baroque et artificielle qu’est l’euro. L’intelligence de l’Allemagne est d’éviter les mécanismes qui compliqueraient une telle issue.

Crise de l'euro


Après une dramatisation absolument ridicule de la réunion d’hier (en se mettant une telle pression, il était bien évident que l’accord était proche), les dirigeants européens sont parvenus à un nouvel accord, qui correspond peu ou prou aux désidératas Allemands.
Sarkozy : je cède donc je suis
Il y a dix jours, la France voulait que la BCE finance l’augmentation des moyens du FESF, que la dette grecque ne soit pas davantage restructurée et proposait une augmentation des garanties allemandes, tout en étant prête à un grand pas en avant fédéraliste. L’Allemagne refusait absolument que la BCE finance le FESF, souhaitait une restructuration forte de la dette grecque, refusait d’engager un mark de plus tout en étant peu ouvert à une évolution fédéraliste.
Et comme d’habitude, Angela Merkel a obtenu raison sur presque toute la ligne. Même les médias français (à l’exception d’Alain Duhamel) ont fini par reconnaître l’évidence, à savoir que Paris n’obtient rien ou presque lors des négociations et capitule devant les positions allemandes. En juillet dernier pourtant, on présentait accord l’accord de la dernière chance du moment comme un compromis, alors que là encore, la France avait capitulé devant des exigences de Berlin.
Et finalement, c’est la façon dont l’Europe fonctionne depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Le président élu, qui avait pourtant le « non » au TCE dans sa manche pour négocier un « mini traité limité aux questions institutionnelles tenant compte du vote des Français » avait fini par céder et accepter un TCE bis, au mépris du vote du 29 mai 2005. De même, il avait avalé son chapeau lors de la création de l’Union Pour la Méditerranée, qui comprend… l’Allemagne !
Bienvenue dans l’Europe allemande
Bref, par-delà les postures et les effets d’annonce, Nicolas Sarkozy est devenu la carpette d’Angela Merkel, comme l’illustre ce dessin de The Economist. Bien sûr, il est frustrant de voir notre pays ravalé au rang de faire-valoir d’une Allemagne qui décide de tout. Il faut noter qu’Angela Merkel a l’intelligence de ne pas fanfaronner sur le sujet, ne cherchant jamais à voler la vedette aux autres, au contraire de notre président qui se présente systématiquement plus important qu’il ne l’est en réalité.
Paradoxalement, même si cela impose une austérité proprement imbécile, l’Europe allemande est une moins mauvaise solution que l’Europe voulue par les fédéralistes Français. Au moins, le dérapage supranational est limité, les Etats restent aux commandes et cette construction sera plus facile à défaire que les tours de Babel voulue par certains. L’Allemagne a imposé un soutien national aux banques, sans passer par un dispositif européen.
Bizarremment, cette voie allemande trouve également les faveurs du Monde, qui la préfère à une fin de l’euro. Dans un éditorial assez désemparé, le quotidien vespéral, entre deux contre-vérités, se résigne à cette Europe allemande. Alain Minc s’est également distingué en se félicitant que la démocratie allemande ne prenne pas en compte l’opinion publique ou en refusant d’admettre qu’il y a une crise de la zone euro ou qu’une monnaie surévaluée pose problème.
Pourtant, l’intransigeance légitime de Berlin condamne sans doute la monnaie unique à terme. Certes, la Grèce devrait y gagner une bouffée d’air qui devrait retarder sa sortie de la monnaie unique, mais les déséquilibres fondamentaux de la zone euro ne sont absolument pas corrigés par cet accord, qui est un nouveau pansement sur une jambe de bois.
Bref, les dirigeants européens ont repoussé le moment où ils finiront par devoir démanteler cette construction baroque et artificielle qu’est l’euro. L’intelligence de l’Allemagne est d’éviter les mécanismes qui compliqueraient une telle issue.
Sur ce sujet, lire le papier de Liior sur le Mécanisme Européen de Stabilité.
Voir le texte original pour les nombreux liens. - Vigile


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