Calexit, tome II
La première campagne pour une pétition cherchant à réunir les 585.000 voix nécessaires pour porter une proposition de sécession de la Californie (Calexit) devant les électeurs californiens avait fait long feu il y a quelques mois dans des circonstances assez bizarres. (Celui qui menait le mouvement, Louis Martinelli, étant marié à une Russe qui n’obtenait pas l’autorisation de résider aux USA, a préféré s’exiler en Russie pour vivre avec son épouse. Même s’il a fait ouvrir une “ambassade de la Californie” à Moscou, – avant qu’il ne décide son installation définitive en Russie, c’est un peu loin pour mener une telle campagne.)
Une nouvelle campagne a été lancée et vient de recevoir l’autorisation de l’Attorney General de l’État de se développer officiellement durant le délai légal de 180 jours à partir d’aujourd’hui : s’il dépasse les 585.000 signatures, il y aura effectivement un référendum sur la sécession de la Californie en 2018. ZeroHedge.com rapporte la nouvelle, relayant le quotidien de la capitale de l’État, le Sacramento Bee : « A group that is trying to organize a vote on whether California should secede from the US has received permission to begin gathering signatures to force an independence referendum that, if successful, would amount to the first serious attempt at secession by a US state since the Civil War.
» According to the Sacramento Bee, California Attorney General Xavier Becerra issued an official ballot measure title and summary to the “California Autonomy From Federal Government” initiative, which can now start gathering signatures needed to include the referendum question, – known informally as Calexit” – on the ballot during the 2018 midterm elections.
» The group’s proposal has been scaled back from an initially more aggressive version. The initiative wouldn't necessarily force California to exit the country, but could allow the state to become a “fully functioning sovereign and autonomous nation” within the US, according to the Los Angeles Times. If successful, the vote would allow California Gov. Jerry Brown to “form a commission to recommend avenues for California to pursue its independence and delete part of the state constitution that says it is an inseparable part of the U.S. The measure would also instruct the governor and California congressional delegation to negotiate more autonomy for the state,” according to the Bee. »
Reuters, qui donne également une dépêche annonçant la nouvelle, l’accompagne de commentaires de groupes libéraux influents dans l’État. Une source proche d’un de ses groupes estime qu’un sentiment général est que, bien entendu, cette initiative est rendue complètement d’actualité par l’administration Trump et par la haine dont le président est l’objet en Californie, « et dans ce cas, dit cette source, oui ce serait peut-être bien plus intelligent de choisir cette voie plutôt que de chercher à se battre [contre Trump] ». (Le dernier sondage sur la sécession, datant de janvier 2017, donne 35% de Californiens favorables à cette idée, contre 20% en 2014... Bref, l’effet-Trump.
Parallèlement, mais ceci a sans guère de doute un rapport avec cela, l’ancien fameux député libertarien Ron Paul reçoit une question lors de sa séance hebdomadaire Questions-Réponses du 26 juillet 2017 sur le site de son Institut, portant sur la sécession, sous la forme suivante : « Pourriez-vous dire quelques mots sur la sécession comme moyen de décentralisation ? » (A partir de la 59ème seconde, – premier sujet abordé, – sur la séquence vidé.)
En général, Ron Paul, s'il n’a jamais caché sa considération pour le processus de sécession effectivement comme “moyen de décentralisation“ et plus encore, passait assez vite sur le sujet, selon la perception juste que ce sujet restait un tabou dans le débat public. Ce n’est pas le cas cette fois. Exactement comme dans le cas du “Calexit, tome II”, Ron Paul traite le sujet avec modération et mesure, envisageant la sécession comme un choix absolument possible, légal et constitutionnel.
(Cet avis, contre l’avis au garde à vous et aligné-Système de la plupart des constitutionnalistes de l’establishment universitaire alors que la Constitution elle-même est extrêmement ambigüe sur ce sujet, et n’a été en rien modifiée après la Guerre de Sécession. Cette guerre, sous cette appellation, est de facto niée par la “mémoire officielle” comme étant telle puisque cette étiquette lui est refusée : on lui préfère “The Civil War”, c’est-à-dire une expression qui permet de nier implicitement, disons par simple réflexe pavlovien de perception des mots et des expressions, le choix fait par les États confédérés au printemps 1861. Une modification de la Constitution aurait été une reconnaissance de facto qu’il y avait bien eu volonté de sécession, ce qui n’est pas admis ni même autorisé par la doxa-Système.)
Ron Paul explique que diverses formules de “sécession“ peuvent êtte trouvées, signifiant des négociations, des arrangements, des transferts partiels de pouvoir, des dispositions différentes bien entendu au niveau fiscal. Son propos rejoint effectivemet le Calexit Tome-II dans l’esprit de la chose, sans doute pour au moins deux raisons selon nous :
• Aujourd’hui, dans la situation explosive de menace de désordre, de déconstruction brutale que connaissant les USA, on assiste à un renversement étonnant (une “inversion vertueuse”). Jusqu’alors tabou absolu, l’option de la sécession devient un choix acceptable, une voie modérée, légale, et normative de tenter de canaliser et de contrôler certains problèmes explosifs qui pourraient surgir.
• Le cas du Brexit, très connu aux USA, loin de montrer que la sécession est une voie négative, montre plutôt aux USA qu’il s’agit d’une voie complexe, très difficile à négocier, mais qui permet effectivement d’envisager une séparation contrôlée.
A notre sens, ces évolutions dans l’esprit de la chose mesure l’aggravation générale de la situation aux USA, – le cas d’un tabou devenant une option acceptable dans le cadre devenu extraordinairement incertain des USA dont on réalise qu’il s’agit d’une fédération soumise à des tensions extrêmes, pour lesquelles il faut éventuellement chercher des solutions légales et restant pacifiques de nouveaux statuts. Dans un tel cadre et une telle tension, il est effectivement tout à fait logique que la question de la sécession soit en train de passer de sa position extrême de tabou inenvisageable à celui d’une “bouée de sauvetage” pour le processus de dés-union psychologique qui ne cesse de se développer, qu’elle soit paradoxalement un moyen d’éviter des affrontements du type “guerre civile”. Ce serait un bien étrange et réjouissant renversement par rapport à la présentation que fait l’historiographie du maquillage de la sécession en Civil War.
Mis en ligne le 27 juillet 2017 à 16H48
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