Deux conceptions de la liberté d’expression s’affrontent cette semaine au pays.
Alors que l’ensemble des journaux francophones québécois a publié par solidarité avec les victimes sacrificielles du journal Charlie Hebdo une caricature de Mahomet signée Cabu, mort, lui, au champ d’honneur, la quasi-totalité des journaux anglophones du Canada à l’exception du National Post a refusé de poser ce geste au nom du prétendu respect des sensibilités religieuses des musulmans.
Cette divergence de vues se retrouve même au sein de CBC-Radio-Canada. Car, après quelques hésitations, le réseau français s’est joint au geste de l’ensemble des médias et a rendu publique la caricature qui est à l’origine de la tuerie de mercredi à Paris.
C’est dans des circonstances extrêmes comme la tragédie de cette semaine, qui nous a tous plongés dans un état de choc, que s’expriment les différences culturelles profondes et historiques entre le Canada anglais multiculturel et le Québec, où la laïcité sert désormais de référence identitaire.
Se soumettre au diktat
Il est intolérable d’entendre nos confrères canadiens se justifier en affirmant qu’ils respectent, eux, toutes les religions alors qu’ils se soumettent plutôt au diktat de la branche la plus fondamentaliste de l’islam. Ils se posent ainsi en défenseurs de la vertu, d’où il faudrait conclure que les Québécois francophones sont, eux,
irrespectueux des religions, qu’ils maltraitent la liberté de croyances ou pire, qu’ils flirtent avec l’islamophobie. Ajoutons à cela que l’argument selon lequel la presse anglophone respecte les musulmans est fallacieux. Le Coran ne fait aucune mention d’un interdit de représentation de Mahomet. Seuls les obscurantistes doctrinaires partagent cette interprétation tordue, et ce, depuis relativement peu de temps.
Mais il faut préciser que si tel était le cas, il s’agirait d’une conviction ou d’une idée qui ne concernent que les adeptes de l’islam et que l’on ne peut en aucun cas nous l’imposer à nous qui refusons de nous plier à cette injonction.
Le multiculturalisme canadien dont se réclament aussi en France les communautaristes islamistes, qui ont déclaré la guerre à la France laïque, est le cheval de Troie de tous ceux qui tentent d’imposer les traditions moyenâgeuses au Canada. Telle la récente tentative d’adoption de la charia à laquelle ont failli consentir des bien-pensants en Ontario à la demande de religieux islamistes.
La liberté
Ce n’est pas parce que le Parti québécois a cafouillé dans la façon de présenter sa Charte de la laïcité que les valeurs qui la sous-tendent doivent être mises à l’écart.
Ce n’est pas parce que le premier ministre Couillard semble imperméable à la nécessité d’un débat de société sur cette question que l’on devrait se taire aujourd’hui.
Au Québec, une majorité importante considère que la liberté d’expression ne doit pas être inféodée aux croyances religieuses d’extrémistes qui aujourd’hui applaudissent aux crimes commis au nom d’Allah à Paris. Les Québécois se réclament d’une des qualités les plus admirables de la France, pays des ancêtres d’une majorité encore importante des habitants: la liberté. Une liberté de parole, d’expression et de pensée qu’aucun diktat religieux ne peut entacher. Car notre vision du monde demeure celle de la vieille Europe, berceau de notre civilisation occidentale.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé