LE SOLEIL - RÉPLIQUE

Ce que j'ai vu et entendu en Israël et en Palestine...

Par Paule Morissette-Patry

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Gaza: l'horreur de l'agression israélienne

À Hébron, de jeunes Palestiniennes surveillent un soldat israëlien. (Photothèque Le Soleil)


(À [Marc Nadeau, 10 mars, 2008->12541], à [Michaël Lessard, 5 mars, 2008->12542]) — Il est très facile de citer des statistiques provenant d'une organisation telle que The Jerusalem Center for Public Affairs qui fut établie en 1976 et qui a comme mission de se concentrer sur les questions qui ont une influence sur la sécurité de l'État d'Israël et qui se positionne pour influencer l'opinion publique mondiale. Le site web en Anglais mentionne «to wage a war of ideas in global opinion» (de faire une guerre d'idées dans l'opinion mondiale). Vous me permettrez de douter de leur impartialité dans cette affaire.
Je vais plutôt vous parler de ce que j'ai vu et entendu sur le terrain lors de mes fréquents voyages en Israel et en territoire palestinien. J'ai souvent demandé à des Palestiniens ce que je pouvais faire pour aider mon entourage à mieux comprendre la situation. La réponse unanime fut «de témoigner de mes expériences en territoire palestinien auprès des gens de chez moi».
J'ai habité Jérusalem pendant une période, de 1998 à 2000, durant laquelle un vent d'espoir soufflait dans les villes et villages de Palestine. Plusieurs Palestiniens de la diaspora avait même osé revenir s'établir dans le pays de leurs ancêtres. Le commerce et la petite industrie avaient repris un certain essor et le peuple palestinien se préparait à enfin avoir un pays.
Les colonies juives illégales
Pendant cette période de négociations après Oslo et plus tard à Wye Plantation, Madrid et plusieurs autres les paroles des négociateurs ne se conformaient malheureusement pas toujours aux actes sur le terrain. C'est-à-dire entre autres de cesser toute construction et expansion des colonies juives en territoire palestinien. Pendant toute cette période, et même encore aujourd'hui, la Cisjordanie a vu une expansion sans précédent des colonies juives ainsi que des infrastructures pour les supporter telles que des routes reliant les colonies entre elles, réservées uniquement aux colons juifs.
Le pire exemple de cette domination juive sur les Palestiniens se trouve à Hébron, une ville de 120 000 habitants palestiniens qui doivent se conformer au bon vouloir de 600 colons juifs qui y résident ainsi qu'aux quelques 2000 soldats Israéliens qui sont en place en permanence pour les protéger. Ces colons juifs sont arrivés à la fin des années 1960 et y ont établi une colonie illégale selon toutes les lois internationales. Ils avaient, par supercherie, convaincu les autorités Israéliennes de leur donner la permission d'aller célébrer la Pâque juive à Hébron avec la promesse qu'ils repartiraient le lendemain.
Le maire de Hébron à cette époque, Sheik Mohamed Ali Jabari, avait été convaincu des bonnes intentions de ces personnes et n'avait posé aucune objection à leur séjour à Hébron. C'est de cette façon que dans la nuit du 12 au 13 avril, 60 colons sont arrivés à Hébron et que le premier quartier juif d'Hébron fut établi en confisquant des propriétés appartenant à des palestiniens.
Depuis ce temps, au nom de la protection des ces colons juifs, les Palestiniens de Hébron doivent faire face au quotidien à des expulsions de leurs demeures, au saccage de leurs boutiques, à un couvre-feu imposé à l'ensemble de la population, mais ne s'appliquant pas aux colons juifs et aux insultes et injures que les colons juifs font pleuvoir sur eux, protégés derrière les barbelés et les mitrailleuses de leur armée.
La provocation d'Ariel Sharon
Que dire M. Nadeau, de la provocation que fut la visite d'Ariel Sharon accompagné de soldats Israéliens sur la Place de la Mosquée d'Al Aqsa en septembre 2000? Cet évènement fut l'étincelle qui fut à l'origine de la deuxième Intifada. Cette visite motivée par la cupidité de l'homme qui voulait s'attirer les votes des colons juifs de l'extrême droite et en même temps faire entrave aux négociations délicates du moment entre l'Autorité palestinienne et le gouvernement d'Ehud Barak.
J'en ai vraiment beaucoup trop à dire sur ce sujet. Je n'ai même pas mentionné le «Mur» qui sépare les Palestiniens de leur gagne-pain et des autres communautés palestiniennes, sans compter les innombrables points de contrôle qui effectivement permettent une complète ségrégation raciale.
Je vous invite à visiter le site web de Bet'selem, l'Organisation Israélienne de l'Information sur les Droits Humains en Territoire Palestinien vous pourrez constater par vous-même l'ampleur de la gravité de la situation. Le site est malheureusement seulement en Anglais.
J'en profite pour vous inciter à lire Lords of the Land par Idith Zertal, une historienne Israélienne et Akiva Eldar chroniqueur politique en chef pour le quotidien Israélien Ha'aretz. Ce livre raconte l'histoire de l'établissement des colonies juives en territoires palestiniens. Je vais vous laisser juger par vous-même de la situation suite à cette lecture.
Je termine avec cette pensée: «Comment peut-on justifier la souffrance que le peuple palestinien doit endurer au nom de la sécurité du peuple israélien lorsque l'on tolère une occupation illégale depuis plus de 40 ans?»
Paule Morissette-Patry
Québec*
*L'auteure habite temporairement à Amman en Jordanie


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