Espionnage

Claude Dauphin veut de nouvelles garanties du d.g. de Montréal

Le président du conseil municipal a encore des doutes sur de possibles cas d'enquête sur des élus par la Ville

Le renard tient à un éclairage faiblard du poulailler


Claude Dauphin juge suffisamment préoccupantes les allégations qui circulent et les inquiétudes des partis d’opposition pour demander au plus haut fonctionnaire de la Ville, Louis Roquet, l’assurance que les élus ne sont pas victimes d’espionnage.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Jeanne Corriveau - Reconnaissant que des doutes subsistent quant à un possible espionnage des élus municipaux, le maire de l'arrondissement de Lachine et président du conseil municipal de Montréal, Claude Dauphin, exige de nouvelles garanties de la part du directeur général de la Ville, Louis Roquet. S'il affirme n'avoir aucune preuve que les courriels et conversations téléphoniques d'élus, dont lui-même, aient pu être épiés, il juge suffisamment préoccupantes les allégations qui circulent et les inquiétudes des partis d'opposition pour réclamer de nouveau des assurances du plus haut fonctionnaire de la Ville.
Dans une lettre qu'il a fait parvenir la semaine dernière à Louis Roquet, Claude Dauphin demande que toute ambiguïté concernant les enquêtes menées par la Ville soit dissipée et que le directeur général précise les mesures de sécurité, déjà instaurées ou à venir, pour protéger les communications des élus et de leur personnel politique.
Le 21 mars dernier, Claude Dauphin avait pourtant reçu l'assurance de Louis Roquet qu'aucune enquête administrative n'avait été conduite par les services de la Ville sur des élus. Dans sa missive adressée à M. Dauphin, M. Roquet précisait alors: «Cela implique que ni les courriels, ni les agendas électroniques, ni les appels cellulaires ou téléphoniques des élus et du personnel politique ne font l'objet de surveillance ou d'un contrôle de la part des services de la Ville.»
Dauphin visé?
Ces propos n'ont pas réussi à dissiper les doutes, estime maintenant Claude Dauphin. Il y a trois semaines, un courriel anonyme provenant d'un présumé employé de la Ville «près» du contrôleur général Pierre Reid lui a été adressé. Dans son courriel, l'individu affirmait que Claude Dauphin lui-même avait fait l'objet d'une enquête au printemps 2010 de la part de Pierre Reid, alors directeur du Capital humain et responsable des enquêtes internes. Désireux d'en avoir le coeur net, M. Dauphin a communiqué avec le contrôleur général et celui-ci l'aurait rassuré.
Au-delà de son propre cas, Claude Dauphin se dit préoccupé par les allégations qui circulent depuis quelques semaines au sujet de l'espionnage dont auraient fait l'objet des élus, alimentées notamment par les propos tenus par la leader de l'opposition, Anie Samson. Lors de l'assemblée du conseil municipal du 21 mars, celle-ci avait alors affirmé: «J'ai la confirmation de hauts fonctionnaires de la Ville de Montréal [...] que les BlackBerry et les courriels d'élus ont fait l'objet d'enquêtes. Je vais vous dire [leurs noms] en temps et lieu.»
Membre du parti du maire Gérald Tremblay et président du conseil municipal depuis novembre 2009, Claude Dauphin estime qu'il est de son devoir d'exiger de nouvelles assurances de la part de Louis Roquet, même si cette insistance pourrait déplaire au maire Tremblay. «[Lors du dernier conseil municipal], il a dit très clairement que c'était ma job de faire ça. Je le prends au mot. C'est le maire de Montréal, explique M. Dauphin. Je prends mon rôle au sérieux. Je veux protéger les élus, tous partis confondus. Ça m'inclut, car je suis un élu.»
M. Dauphin reconnaît par ailleurs qu'au début de l'année 2010, un membre de l'équipe de Pierre Reid s'est intéressé au recours, par Lachine, à un programme de subventions relatives aux bâtiments à usage dérogatoire qui a permis à la Ville de verser une subvention à l'entreprise Mindev, détenue par Frank Minicucci, pour couvrir une partie des frais de démolition et de décontamination des terrains de la teinturerie Global que l'arrondissement considérait comme une «nuisance» à Lachine.
L'ancien directeur de l'arrondissement, Pierre Bernardin, a été interrogé par un membre de l'équipe de Pierre Reid, mais Claude Dauphin soutient ne pas avoir été lui-même questionné à ce sujet.
Lachine dans la mire
De son côté, le bureau du directeur général a fait savoir qu'une vérification administrative menée par le contrôleur général sur des dossiers de Lachine était en cours et que la directrice de l'arrondissement en avait été informée en janvier dernier. «Dans le cadre de cette vérification, il est important de noter que ni M. Dauphin ni aucun élu n'ont fait l'objet d'une enquête du contrôleur général, car les services municipaux ne font pas d'enquête sur les élus», a précisé Gonzalo Nunez, relationniste à la Ville, dans un courriel expédié au Devoir.
Advenant le cas où, lors de vérifications de ce type, la Ville découvre qu'un élu est impliqué «dans certaines allégations sérieuses et fondées», le dossier est transmis à la police ou aux autorités gouvernementales compétentes, a ajouté M. Nunez, qui insiste pour dire que «ce n'est pas le rôle de la Ville d'enquêter sur les élus».
La question des enquêtes devrait alimenter les débats de l'assemblée du conseil municipal qui débutera cet après-midi à l'hôtel de ville.


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