Contrats à Accurso : Blanchard en appelle à Québec

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De l'incohérence dans les règles

Le maire Laurent Blanchard en appelle à Québec pour combler les trous dans la loi 1 sur l'intégrité qui empêchent Montréal d'interdire de contrat l'entrepreneur Tony Accurso. Et ce, alors que les longues vérifications imposées ralentissent considérablement les chantiers de la métropole.
«Ça n'a pas d'allure qu'on puisse interdire de contrat quelqu'un qui a admis un pot-de-vin de 60$, mais qu'on ne puisse pas interdire quelqu'un qui a admis une fraude fiscale de 4 millions au gouvernement du Canada. Faites quelque chose!» s'est désolé Laurent Blanchard lors d'un point de presse ce matin.
Le maire par intérim de Montréal réagissait ainsi à un article de La Presse expliquant que la Ville de Montréal avait redonné un contrat à Tony Accurso, celui-ci ayant échappé à la liste noire. Le quotidien de la rue St-Jacques avait pourtant révélé peu avant qu'un entrepreneur décrit comme «incorruptible» devant la commission Charbonneau avait pour sa part été interdit de contrat.
Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a toutefois vivement critiqué le maire Blanchard. Il déplore que celui-ci dise, comme l'ex-maire Gérald Tremblay, que Tony Accurso risque de poursuivre Montréal si la Ville lui refuse un contrat dont il a remporté l'appel d'offres. «Entendre aujourd'hui le maire Laurent Blanchard utiliser le même argument, c'est scandaleux. Qu'il nous poursuive! En cour, on forcera Tony Accurso à exposer la structure de ses entreprises, les pratiques collusionnaires utilisées.»
Équipe Coderre a également critiqué le transfert du contrat à Tony Accurso. «Demander une révision auprès de l'Autorité des marchés financiers n'est pas suffisant. J'invite le gouvernement du Québec à faire son travail, afin de corriger tout vide législatif. Cela étant dit, la Ville doit également modifier sa politique de gestion contractuelle pour que cette situation ne se reproduise plus», a indiqué Lionel Perez, maire par intérim de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.
Vision Montréal, dont est issu Laurent Blanchard, a toutefois jugé sage d'en appeler à l'AMF. «Pour pouvoir continuer à assurer la sécurité de nos routes tout en nous gérant de façon responsable l'argent des Montréalais, Québec doit rapidement amender sa législation afin de combler ce vide juridique qui permet à une entreprise de céder un contrat à une autre organisation pouvant se trouver sur la liste noire en cours de mandat. Montréal n'a pas le levier législatif pour faire cela seul.»
Laurent Blanchard ne s'est pas dit embarrassé par ces révélations, disant au contraire miser sur la pression médiatique et populaire pour obtenir des changements à la loi sur l'intégrité.
Il en appelle avant tout à l'Autorité des marchés financiers (AMF) à accélérer le traitement de ses vérifications de la probité des entreprises. M. Blanchard souligne que certains chantiers tardent depuis plus de cinq mois de recevoir le feu vert. «À part implorer Pauline Marois, légalement, ce qu'on a face à l'AMF, c'est la pression publique», a indiqué Laurent Blanchard.
Alors que Montréal est à préparer son plan d'investissement pour les trois prochaines années -programme triennal d'immobilisations (PTI)-, Laurent Blanchard a reconnu que le calendrier des chantiers était ralenti par les vérifications imposées par la loi sur l'intégrité. Selon les projections, la métropole devrait réaliser seulement la moitié (52%) des chantiers prévus en 2013. Normalement, la Ville dit réaliser jusqu'à 80% de ses travaux planifiés.
«Quelques dizaines de chantiers» sont bloqués en raison des vérifications de l'AMF qui s'éternisent, a précisé le maire. Laurent Blanchard a préféré ne pas nommer les entreprises posant problème, se limitant à dire qu'il s'agissait des «noms les plus suspects» fréquemment cités à la commission Charbonneau.
Dans un dossier, la Ville dit attendre la réponse de l'AMF depuis 23 semaines, soit plus de 5 mois. «Je ne dirais pas que la Ville est paralysée, mais il y a des travaux qui ne peuvent pas se faire.
Laurent Blanchard a cité en exemple d'importants travaux d'aqueduc et d'égouts dans la rue Sherbrooke. «Il a fallu attendre 96 jours avant d'avoir l'autorisation. Les travaux qui auraient dû commencer en avril n'ont pas pu commencer avant juillet. Par effet de domino, ça peut retarder parce qu'il y a des chantiers qu'on ne peut pas faire en hiver.»


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