Centre de compostage: la numéro 2 de la ville alerte l'UPAC

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Nouvelle filière de transactions douteuses dénoncée

L'actuelle présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Josée Duplessis, a alerté l'Unité permanente anticorruption (UPAC), l'Escouade de protection de l'intégrité municipale (EPIM - qui relève du SPVM) ainsi que le contrôleur général de la Ville au sujet de «faits troublants» entourant le dossier d'implantation d'un centre de compostage dans l'arrondissement de Saint-Laurent, a appris La Presse de sources policières.
C'est en février dernier que Mme Duplessis a fait part de ses inquiétudes à la suite d'informations qui lui avaient été transmises par d'autres élus ainsi que par des fonctionnaires. «Les activités d'influence» de l'ancien conseiller municipal et candidat conservateur défait Saulie Zajdel soulevaient vraisemblablement des doutes sur la façon dont aurait été mené le dossier.
Beaucoup de liens
Dans sa lettre de dénonciation obtenue par La Presse, Mme Duplessis, alors responsable du dossier de l'environnement au comité exécutif, écrit que M. Zajdel aurait agi comme représentant du propriétaire du site choisi par Saint-Laurent. De plus, il «aurait eu des entretiens particuliers avec Alan DeSousa», le maire de l'arrondissement qui était alors responsable politique du dossier au sein du comité exécutif.
Ce serait de cette façon que M. Zajdel aurait appris que la Ville avait plus d'un terrain sur sa liste de sites potentiels. Le centre de compostage devait alors être installé sur un terrain à Dorval loué à l'organisme ADM qui gère l'aéroport Trudeau et celui de Mirabel.
Selon ce que rapporte Mme Duplessis à la police, il y aurait des liens étroits entre le propriétaire du terrain de Saint-Laurent, Aaron Drazin, un très important gestionnaire d'immeubles à Montréal (Les immeubles Crest et Les services d'administration Rester) et un dirigeant d'ADM.
Quand elle a contacté la police, Mme Duplessis tenait ces informations de Harout Chitilian, conseiller municipal et président du conseil municipal, ce qu'elle précise aux policiers.
Joint par La Presse, M. Chitilian explique avoir choisi de n'informer que Mme Duplessis de la question de «l'implication de M. Zajdel dans la promotion du site Saint-Laurent».
M. Chitilian dit avoir remarqué à plusieurs reprises la présence de M. Zajdel, notamment lors d'une assemblée publique concernant le compostage. Par ailleurs, selon lui, «il n'y a pas lieu de s'inquiéter de l'implication de M. DeSousa».
Alan DeSousa a affirmé de son côté jeudi à La Presse que M. Zajdel «n'a jamais fait de représentations» auprès de lui.
MM. Chitilian et DeSousa font partie de la même équipe politique. Ils briguent les suffrages aux côtés du candidat à la mairie Denis Coderre en vue des élections du 3 novembre. Mme Duplessis fait pour sa part équipe avec Projet Montréal, de Richard Bergeron.
Nouvelle information
En juillet dernier, Mme Duplessis, qui préside alors depuis quelques semaines le comité exécutif, revient à la charge auprès de l'inspecteur-chef de l'EPIM, Mario Fournier. Elle vient d'apprendre d'un fonctionnaire que Saulie Zajdel aurait été présent à la première rencontre de négociation pour l'achat par la Ville du terrain de M. Drazin. Un document officiel de la Ville de Montréal (sommaire décisionnel) indique que cette rencontre a eu lieu le 1er novembre dernier.
L'UPAC a le dossier
Selon les informations recueillies par La Presse, Mario Fournier aurait informé par la suite Mme Duplessis que l'UPAC avait le dossier en main, ce que refuse de confirmer l'UPAC. Mais selon des sources bien au fait du projet d'un site de compostage à Saint-Laurent, le dossier est dans la ligne de mire de l'UPAC sans pour autant que la police ait enclenché une enquête formelle.
Jeudi, la présidente du comité exécutif a refusé de faire des commentaires.
Depuis deux jours, Mme Duplessis fait face à l'opposition de deux candidats à la mairie, Denis Coderre et Marcel Côté, ainsi que du ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, pour la création du centre de compostage de Saint-Michel. Ce centre, tout comme celui de Saint-Laurent, fait partie du Plan directeur de gestion des matières résiduelles de l'agglomération de Montréal 2010-2014.
Joint en début de soirée, Saulie Zajdel a refusé de répondre aux questions de La Presse. En juin dernier, il a été arrêté par l'UPAC et accusé de corruption pour avoir versé des commissions secrètes à des fonctionnaires de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. L'ex-maire Michael Applebaum a été arrêté au même moment.
L'adjoint du propriétaire du site Saint-Laurent, Florin Paul, a tenté de limiter le rôle joué par M. Zajdel. «M. Zajdel était là pour nous aider dans le dossier, pour comprendre le processus de la Ville et ses façons de faire. Il n'a pas négocié en notre nom. Il a été un conseiller», a déclaré M. Paul.
Devant le refus de M. Drazin de «négocier un prix raisonnable», Montréal a finalement décidé de procéder par expropriation, comme l'indiquent les documents en soutien à la décision rendus publics jeudi.


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