La deuxième phase de la mine du lac Bloom, près de Fermont, ne vaut plus la peine d’être poursuivie, a indiqué mercredi son propriétaire américain, qui n’exclut ni une vente ni une fermeture de ces installations où travaillent 600 personnes. À Québec, le gouvernement Couillard a rappelé que l’industrie est cyclique mais que le Plan Nord est toujours vivant.
L’annonce de Cliffs Natural Resources, alors que le prix du minerai de fer touche un creux de cinq ans, survient quelques semaines après que l’entreprise a dit qu’elle devrait réduire de 6 milliards la valeur de ses actifs.
« Malgré l’intérêt soutenu que démontrent d’éventuels partenaires actionnaires dans la mine du lac Bloom et dans son minerai de très grande qualité, l’investissement potentiel n’est pas réalisable dans un délai acceptable pour Cliffs », a écrit l’entreprise, qui a mis la main sur la mine en avalant Consolidated Thompson Iron Mines pour 4,9 milliards il y a trois ans.
« Les projets d’expansion n’étant plus viables, nous sommes déterminés à trouver une solution pour nous départir de nos activités de l’est du Canada », a ajouté Cliffs, en précisant que, « pour que la mine du lac Bloom soit viable, il fallait absolument réaliser la phase 2 ».
Le projet d’expansion était évalué à 1,2 milliard, a précisé Cliffs, qui chiffre le coût de fermeture entre 650 et 700 millions sur cinq ans, nettement plus que ce qu’avaient envisagé les analystes.
Le prix du fer a chuté
Sur les marchés, la tonne se situait hier autour de 72 $, en baisse d’environ 45 % depuis janvier 2014. Au coeur des inquiétudes figure le ralentissement de la croissance de l’économie chinoise. La semaine dernière, Citigroup a prédit que le cours du fer pourrait tomber à 60 $ en 2015.
Selon les Métallos, une augmentation de production mènerait à des volumes plus élevés ayant pour effet de diminuer le prix de revient, qui est actuellement de 80 $ la tonne. La phase 2 permettrait à la mine d’être rentable même à 55 ou 60 $ la tonne.
« On a déjà de nouveaux équipements qui permettraient d’augmenter la capacité. L’usine est déjà construite, on a un broyeur en place, un convoyeur de 1,4 kilomètre flambant neuf. Ce qui manque pour que l’usine soit viable, c’est un investissement de 400 à 500 millions », a dit le coordonnateur régional des Métallos sur la Côte-Nord, Dominic Lemieux, lors d’une conférence de presse convoquée d’urgence à Montréal.
Selon M. Lemieux, « pour nous, le Plan Nord est mort ».
Trouver un acheteur
Les Métallos souhaitent que Québec mette en oeuvre des mesures pour sauver la mine. « Si cette minière est incapable d’investir ce qu’il faut pour rentabiliser la mine, on demande qu’elle vende les installations à quelqu’un qui sera en mesure de réaliser la phase 2. Ça va assurer la survie de la mine à long terme », a dit M. Lemieux, selon qui l’annonce « était prévisible à partir du moment où il n’y avait pas d’investissement pour conclure la phase 2 ».
Cliffs Natural Resources est une société américaine inscrite à la Bourse de New York. Mercredi, l’action a chuté de 20 % à 8,17 $, ce qui a eu pour effet de ramener la valeur boursière de l’entreprise de Cleveland à 1,45 milliard.
L’entreprise compte aussi sept mines de charbon dans l’est des États-Unis et des mines de fer au Michigan et dans le Minnesota. La firme Casablanca, un actionnaire militant qui possède 5,2 % des actions, a réussi à faire élire des administrateurs cet été et croit que la priorité de l’entreprise devrait être le marché américain et non l’international.
Au Québec, Cliffs a arrêté l’an dernier les activités de son usine de bouletage à Pointe-Noire, près de Sept-Îles. Il y avait une centaine d’emplois. À l’hiver 2014, elle a fermé la mine Scully, près de Wabush, où travaillaient 500 personnes.
C’est cyclique, dit Québec
« Le prix du fer est très bas et on sait que Cliffs a eu d’énormes problèmes », a dit le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust. « La compagnie a procédé à une radiation de la valeur de sa mine qui fait en sorte que celle-ci vaut moins que le prix payé. Il était fort prévisible que ce qui se produit là était pour arriver. »
« On peut toujours regarder avec eux s’il y a des investissements qu’on peut faire », a ajouté le ministre. Les sommes sont considérables, toutefois. « Est-ce que le gouvernement du Québec va mettre 500 millions ou un milliard dans une mine ? Je ne pense pas qu’on veuille commencer à nationaliser le secteur minier. »
Cette menace de fermeture de la mine du lac Bloom n’est pas symptomatique d’un échec du Plan Nord, selon lui, car celui-ci couvre aussi la forêt.
FERMETURE POSSIBLE DE LA MINE DU LAC BLOOM, PRÈS DE FERMONT
Cliffs tourne le fer dans la plaie
Quelque 600 mises à pied pourraient s’ajouter aux 600 qu’a déjà effectuées la minière américaine sur la Côte-Nord
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