Éric Martel quitte Hydro-Québec pour Bombardier

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Bombardier et Hydro-Québec : blanc bonnet et bonnet blanc


Coup de théâtre qui touche deux piliers du tissu industriel québécois. Moins de cinq ans après son arrivée aux commandes d’Hydro-Québec, le p.-d.g. Éric Martel quitte la société d’État et retournera chez Bombardier, qui a récemment décidé de vendre sa division Transport pour se consacrer entièrement aux avions d’affaires.


M. Martel, qui dirigeait justement la division des avions d’affaires de Bombardier jusqu’au printemps 2015 quand Québec s’est tourné vers lui pour succéder à Thierry Vandal, entrera dans ses nouvelles fonctions comme grand patron de Bombardier le 6 avril.


« Éric est le bon leader au bon moment pour Bombardier, alors que l’entreprise achève son plan de redressement et se concentre sur la croissance de ses activités d’avions d’affaires à l’avant-garde de l’industrie. C’est un mobilisateur et un bâtisseur. Il a une connaissance profonde de notre entreprise et de notre portefeuille de produits, ainsi que de l’industrie mondiale des avions d’affaires », a affirmé Bombardier dans un communiqué mercredi soir.


« Il a connu beaucoup de succès dans sa carrière par son souci de l’excellence opérationnelle, sa gestion serrée des processus manufacturiers complexes et son approche personnalisée de la clientèle », a déclaré le président du conseil d’administration de Bombardier, Pierre Beaudoin.


Le p.-d.g. par intérim sera Jean-Hugues Lafleur, a indiqué Hydro-Québec. Le conseil d’administration commence « dès maintenant le processus » pour assurer la succession.


L’actuel président de Bombardier, Alain Bellemare, est lui aussi en poste depuis 2015 ; il est arrivé chez Bombardier en provenance d’United Technologies — société mère de Pratt & Whitney — au moment où la compagnie montréalaise accumulait les coûts liés au programme d’avions C Series.


« Je suis incroyablement fier du travail accompli par nos employés talentueux. Ils ont su relever de nombreux défis et jeter les bases de la réussite future de l’entreprise. Le chapitre du redressement étant clos, c’est un bon moment pour moi de passer à autre chose », a affirmé M. Bellemare dans un communiqué distinct.


Quand Québec a nommé M. Martel à la tête d’Hydro-Québec en 2015, celle-ci faisait face à un vent de critiques soutenu concernant les hausses de tarifs des années précédentes. « Pendant mon mandat, j’ai l’intention d’orienter mes actions vers l’atteinte de quatre grands objectifs », avait dit M. Martel lors d’une conférence de presse tenue avec le ministre des Ressources naturelles de l’époque, Pierre Arcand. « Le changement de culture vers une plus grande transparence, un souci accru du service à la clientèle, une croissance soutenue de nos activités et une amélioration de la productivité. »


Invité à décrire le changement de culture envisagé, M. Martel avait dit : « si vous me demandez, à moi, quelles sont les lacunes précisément, je ne suis pas capable de vous les annoncer aujourd’hui. Mais dans les prochaines semaines, on va prendre les dossiers un par un et on va se demander « quelles sont les choses qu’on aurait pu partager ». »


Le règne de M. Martel, titulaire d’un baccalauréat en génie électrique obtenu en 1991 à l’Université Laval, a été notamment marqué par un plan stratégique visant à se tourner de nouveau vers l’international, par la recherche de contrats d’exportation afin d’écouler les surplus de la société d’État, mais aussi par l’épisode du projet éolien Apuiat.


En ce qui concerne M. Bellemare, ses cinq ans à la tête de Bombardier ont été marqués par une réorganisation en profondeur visant d’abord et avant tout à reprendre le contrôle sur les finances de la compagnie dans la foulée du programme CSeries et de celui de l’avion d’affaires Learjet 85. Au final, Bombardier, qui fait face à une dette de plus de 9 milliards $US, a cédé la CSeries à Airbus pour stimuler les ventes, vendu la famille d’appareils Q400, vendu le programme CRJ et convenu de vendre la division de trains et de systèmes de métro à Alstom.




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