Même si le marché de l’alcool mérite un peu plus de concurrence, le système « fonctionne assez bien » et le gouvernement ontarien, face à un déficit de 12,5 milliards, ne devrait ni vendre la LCBO à un acheteur privé ni faire éclater le modèle de distribution.
Voilà une des conclusions du comité consultatif présidé par l’ex-président de la Banque TD, Ed Clark, qui a livré au gouvernement cette semaine un rapport préliminaire de 77 pages concernant les actifs de l’État. M. Clark a déjà abordé publiquement les grandes lignes de la réflexion, mais le rapport offre une analyse détaillée.
Le document s’inscrit dans le débat sur la contribution financière des sociétés d’État en période d’assainissement des finances publiques. Deux experts recrutés par le gouvernement Couillard pour faire le point sur les finances — Luc Godbout et Claude Montmarquette — avaient lancé au printemps l’idée d’« ouvrir jusqu’à 10 % du capital de la Société des alcools du Québec ou d’Hydro-Québec aux Québécois ».
Chargé par la première ministre Kathleen Wynne de se pencher sur la LCBO, Hydro One et Ontario Power Generation pour déterminer si l’État peut en tirer davantage de valeur, le comité a estimé que certains gestes pourraient dégager une somme oscillant entre 2 et 3 milliards. Une partie de cette enveloppe proviendrait de l’arrivée de capital privé dans la section d’Hydro One qui s’occupe de la distribution d’électricité.
Options rejetées
La LCBO, qui a versé 1,74 milliard au gouvernement l’an dernier, devrait continuer à fonctionner, selon le comité. En guise de comparaison, la SAQ, qui fait l’objet d’un débat depuis des décennies, a versé l’an dernier un dividende d’un milliard au gouvernement québécois et des taxes perçues de 565 millions.
« Nous avons envisagé une vente. Il y a manifestement de l’intérêt pour cette option, qui procure simplicité et génère un bénéfice financier important et unique. Cependant, nous avons eu de la difficulté avec l’idée de céder un monopole à un propriétaire privé », a écrit le Conseil consultatif pour la gestion des biens provinciaux.
« Nous avions à l’esprit le fait que ce genre de vente, dans le passé, a fini par rapporter moins que prévu. La privatisation, ou la vente à un acheteur privé, constituerait un changement radical pour un système qui fonctionne assez bien, en fait, et ça pourrait nécessiter la création de nouveaux cadres réglementaires. »
Finalement, estime le comité, il n’est « pas évident » que la population serait mieux desservie par une « LCBO privée ».
La question du consensus
De façon alternative, le comité ne recommande pas d’ouvrir la distribution à la concurrence tous azimuts. L’alcool est actuellement vendu à la LCBO, dans les 447 Beer Stores (une société contrôlée par Labatt, Molson et Sleeman) et les 292 Winery Retail Stores. « Le marché serait plus ouvert, mais la distribution coûterait plus cher. Une telle réforme nécessiterait un large consensus. Ce consensus ne semble pas exister aujourd’hui. »
Le comité suggère toutefois d’utiliser le pouvoir d’achat des 639 succursales de la LCBO pour réduire ses coûts d’acquisition et de permettre l’ouverture de petits commerces spécialisés dans le vin ou la bière. Quant au Beer Store, le gouvernement « devrait revoir sa relation avec la chaîne pour s’assurer que le contribuable reçoit sa juste part des profits ».
Du privé dans l’électricité
Parmi ces gestes, a suggéré le comité, pourrait figurer le retrait de l’État dans le secteur de la distribution de l’électricité, où s’entrechoquent 70 compagnies à travers la province. Par exemple, l’État pourrait abaisser sa participation à 40 ou 45 %.
Cependant, ajoute-t-il, le gouvernement ne devrait pas abandonner le contrôle de la transmission, c’est-à-dire les lignes à haute tension et les points de connexion avec les autres provinces.
Le comité comptait également David Denison, ancien grand patron de l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, Frances Lankin, ministre dans le gouvernement Rae des années 90, Janet Ecker, ministre dans le gouvernement conservateur de l’Ontario de 1995 à 2003, et Ellis Jacob, président de Cineplex Entertainment.
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