(OTTAWA) Le gouvernement Trudeau a la ferme intention de redonner au Collège militaire royal de Saint-Jean (CMRSJ) le statut d'institution universitaire. Le ministère de la Défense se penche actuellement sur ce dossier et il ne reste que certains détails à régler, notamment la question du financement, a appris La Presse.
Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, sera d'ailleurs de nouveau de passage mardi au CMRSJ pour signifier en des termes on ne peut plus clairs que cette institution va retrouver sa vocation universitaire, a-t-on indiqué.
M. Sajjan sera à Saint-Jean-sur-Richelieu mardi afin de participer à un colloque sur le leadership en compagnie de gens d'affaires. Il doit prononcer un discours et répondre aux questions des médias en après-midi.
« Le retour de la formation universitaire en français au Collège militaire de Saint-Jean est une excellente nouvelle pour les francophones souhaitant faire une carrière militaire. Ça démontre toute l'importance qu'accorde le gouvernement aux Forces armées et à la langue française », a indiqué une source gouvernementale bien au fait de l'évolution du dossier.
Le CMRSJ avait été fermé en 1995 par l'ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien dans le cadre de sa croisade pour éliminer le déficit fédéral, qui frisait alors les 40 milliards de dollars. Les jeunes militaires francophones ont donc été contraints de poursuivre leurs études au Collège militaire royal du Canada à Kingston, où la présence du français laisse toujours à désirer. Cette institution est la seule université fédérale ayant comme mandat de former les officiers des Forces armées canadiennes.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a décidé de rouvrir le CMRSJ en 2008, mais en lui accordant seulement le statut de cégep. En campagne électorale, les conservateurs ont promis de lui redonner la mission universitaire. Ils avaient alors calculé que cela coûterait environ quatre millions de dollars par année.
Le mois dernier, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s'est rendu à Saint-Jean-sur-Richelieu afin d'exhorter le gouvernement fédéral à « redonner » au CMRSJ sa « mission universitaire ». Il a alors affirmé qu'un tel geste constituerait « tout un symbole » alors que l'on prépare les commémorations entourant le 350e anniversaire du fort Saint-Jean.
Le lieutenant-colonel à la retraite, Rémi Landry, avait accompagné M. Legault à cette conférence de presse afin de souligner l'importance de redonner un statut universitaire au CMRSJ, non seulement pour les cadets francophones, aussi pour les officiers anglophones.
« [Au CMRSJ], ce n'était pas juste pour permettre aux francophones d'apprendre à parler anglais, mais ça permettait aussi aux anglophones de [s'initier] à la culture francophone et, éventuellement, d'obtenir un niveau de bilinguisme élevé qu'ils pouvaient garder toute leur carrière », avait déclaré M. Landry, aujourd'hui professeur associé à l'Université de Sherbrooke.
M. Landry avait relevé que le nombre de diplômés universitaires francophones du collège militaire avait considérablement diminué depuis la fermeture du CMRSJ parce que le Collège de Kingston éprouvait de la difficulté à recruter des francophones du Québec.
Les francophones représentent aujourd'hui environ 22 % des 883 cadets inscrits au programme de formation des officiers de la Force régulière et au programme de formation-intégration à la Réserve. Avant la fermeture du CMRSJ, ils étaient deux fois plus nombreux, soit environ 400.
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