Sécurité civile : il est temps de cesser le rafistolage

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Il faut cesser de compter sur le fédéral


La crise sanitaire qui fait rage depuis bientôt deux ans aura révélé un manque de prévoyance, de préparation et d’organisation de la part des gouvernements. La désormais célèbre expression du premier ministre québécois qui, en mars 2020, évoquait que l’on «construisait l’avion en plein vol» illustrait parfaitement la gravité de l’impréparation.  


Après 24 mois de rafistolage, il est plus que temps de construire sur des bases solides afin de corriger les lacunes qui ont été identifiées dans plusieurs domaines, à commencer par le manque de personnel et la gestion du personnel soignant en situation d’urgence. 








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Système mis à mal


Fort de ses 23 000 médecins, 80 000 infirmières et milliers de professionnels de la santé, le gouvernement du Québec assume pleinement les prestations de service aux citoyens en matière de santé. Ce domaine fait partie de nos «vaches sacrées» sur le plan des champs de compétences. 


Or, depuis une trentaine d’années, notre système est mis à mal et constamment sous pression, même lorsque la situation est normale. Le gouvernement fédéral a ouvert son chéquier depuis le début de la crise sanitaire pour financer diverses mesures, mais l’argent ne pourra jamais créer de toutes pièces la ressource primordiale en situation d’urgence: le personnel qualifié. 


Même les Forces armées, appelées en renfort sous le coup de la panique, n’étaient aucunement aptes à remplir les fonctions médicales dont Québec avait besoin. 


Depuis décembre dernier, le premier ministre du Québec impose des restrictions et de nouvelles mesures sanitaires, compte tenu du manque de lits disponibles aux soins intensifs dans l’ensemble du réseau. La crise sanitaire exerce une pression exceptionnelle sur le réseau de santé, mais, pour y faire face, combien de lits d’hôpitaux supplémentaires faudrait-il créer pour désengorger le système régulier? 500? 1000? J’ose espérer que le MSSSQ le sait déjà et, si ce n’est pas le cas, il serait pressant de produire une estimation réaliste.


Une situation d’urgence comme la crise d’Oka, le déluge du Saguenay, la crise du verglas et maintenant la crise sanitaire de la COVID-19 exige une gestion d’intervention 24/7. Le Conseil exécutif dispose de pouvoirs exceptionnels de gestion de crise, notamment les décrets et des budgets d’urgence. Avec de tels outils, le gouvernement peut assumer ses responsabilités, gérer la situation et mandater divers agences, ministères ou organismes.


Une Unité médicale de soutien d’urgence


Je suis d’avis que la pièce manquante au casse-tête repose dans la Sécurité civile. Québec doit impérativement investir, moderniser et professionnaliser l’organisation de la Sécurité civile, et la doter de moyens permanents en créant notamment une Unité médicale en situation d’urgence (UMSU). 


Cette UMSU aurait pour mission d’organiser une capacité de déploiement médical partout au Québec afin de garantir l’ouverture de lits supplémentaires de façon ciblée, en situation d’urgence. 


Cette unité doit être dotée de moyens permanents aux volets logistique, financier et humain en situation normale. Lorsqu’une situation d’urgence est décrétée, une force de réserve viendrait s’ajouter à l’UMSU.


Il s’agirait d’une force mobile souple, structurée, entraînée et rémunérée en conséquence lorsqu’elle est mobilisée. Les postes-clés requis seraient recrutés sur une base volontaire directement dans le réseau de la santé. L’UMSU constituerait, en quelque sorte, un système d’amortisseurs pour tout le réseau, afin de l’aider à parer les chocs qui peuvent affecter les prestations de soins réguliers durant une situation d’urgence. 


Partenaires


Il serait aussi judicieux d’harmoniser, bonifier et revoir avec les partenaires existants les cours de premiers soins offerts à la population générale. Sous l’égide de l’UMSU, une nouvelle formule de soignants de première ligne en situation d’urgence pourrait être créée afin de former, encadrer et organiser efficacement des bénévoles ou des volontaires civils lorsque la situation le requiert. Nous nous rappellerons à titre d’exemple la demande de Québec pour l’intervention des Forces armées et le relais rapide vers la Croix-Rouge que je préconisais à l’époque.


Dans le siècle présent, le monde, le Québec inclus, devra se préparer à faire face à plusieurs éventualités en matière de protection civile et à gérer une multitude de risques ou menaces à sa sécurité. La réorganisation et la modernisation de l’organisation de la Sécurité civile pourraient fortement contribuer à nous préparer aux défis d’aujourd’hui et de demain.


Michel Boudrias, ex-député fédéral et militaire à la retraite












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