Couillard se rend en Chine pour vendre le Plan Nord

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Avec les chaudes recommandations de l'Empire Desmarais

Philippe Couillard s'en va rassurer le deuxième partenaire économique du Québec: la Chine, qui pourrait bien s'inquiéter pour ses participations dans des projets miniers dans le nord de la province.
Le premier ministre entreprend en effet à compter de samedi et pour une semaine sa première mission outre-mer, qui l'amènera à Shanghai, Jinan et Pékin. Son message: le Québec a du fer à vendre et attend les investisseurs chinois à bras ouverts.
Les échanges avec la Chine atteignent 11,5 milliards de dollars par an, mais la balance commerciale est cependant largement déficitaire pour le Québec. En contrepartie les exportations québécoises vers le pays le plus populeux du monde ont connu un boom de 139 % depuis 2009 et se chiffrent maintenant à 2,6 milliards de dollars.
Pour une première mission du premier ministre libéral, elle est d'envergure. Près de 150 représentants du monde des affaires, de la culture et de l'éducation accompagnent Philippe Couillard.
En outre, des premiers ministres d'autres provinces se joindront à M. Couillard dans la portion pékinoise du programme pour entamer un vaste effort conjoint du Conseil de la fédération auprès des autorités chinoises, qui coïncide avec une rencontre du Canada China Business Council.
Au ministère des Relations internationales (MRI), on dit qu'on espère ainsi bénéficier d'un «effet de levier» qui permettra d'ouvrir des portes, grâce au poids de cette délégation composée d'environ 325 personnes. En Chine, fait-on savoir, les contacts politiques permettent bien souvent d'accélérer le processus pour conclure des contrats.
La première ministre ontarienne Kathleen Wynne et son homologue Robert Ghiz, de l'Île-du-Prince-Édouard, seront notamment de la partie.
Mais surtout, Philippe Couillard fait la tournée de l'Empire du Milieu pour mousser sa stratégie maritime et particulièrement le Plan Nord, qu'il veut relancer.
Le prix du fer est à la baisse, mais il faut se préparer à sa remontée, explique-t-on dans les officines gouvernementales. Le fer pèse pour près du tiers des ventes du Québec en Chine et les Chinois sont investisseurs dans trois grands projets miniers dans le nord du Québec, deux de fer et un de nickel.
Wisco, le géant mondial de l'acier, propriété du gouvernement chinois, est friand du métal ferreux et partenaire dans les deux projets de mine de fer. L'entreprise fabrique de tout et le métal québécois pourrait très bien servir à l'industrie militaire autant qu'à concevoir de la tôle et des poutres de pont.
Toujours selon des sources gouvernementales, le voyage de Philippe Couillard est opportun, puisqu'il faut «rassurer les investisseurs chinois». Il faudrait apparemment leur signifier que la stabilité de leurs affaires est assurée avec une législation, une réglementation et des redevances prévisibles, après des années de flottements, de réformes avortées et de débats partisans entre les libéraux et les péquistes sur cet enjeu. La dernière réforme minière a été adoptée par le gouvernement minoritaire de Pauline Marois en décembre.
Et par ailleurs, le séjour du premier ministre du Québec est d'autant plus opportun, ajoute-t-on, qu'il survient au moment d'un grand changement de la garde au sein de la direction du Parti communiste chinois et des instances parlementaires, comme il y en a tous les dix ans.
On est donc «ravi», au MRI, que M. Couillard ait accepté promptement l'invitation du Conseil de la fédération à cette mission groupée pour aller «saluer les nouvelles autorités».
Cependant, malgré l'effet de levier préconisé, les entretiens des premiers ministres provinciaux avec des hauts-représentants du gouvernement central chinois sont loin d'être garantis, et pourraient bien être confirmés à la dernière minute, car ils sont de plus en plus sollicités de toutes parts par bon nombre de dirigeants étrangers qui veulent aussi obtenir les faveurs de la grande puissance.
De même, ils seront passablement occupés avec une plénière de leur Assemblée nationale populaire et le sommet de l'APEC qui est prévu plus tard en novembre en Chine.
Néanmoins, cette mission présente d'excellentes conditions pour générer des retombées pour le Québec, dit-on au MRI.
Plusieurs joueurs espèrent tirer leur épingle du jeu. Dans la délégation québécoise, on remarque la présence de la filière agroalimentaire. L'industrie du porc mise sur le marché chinois, comme en témoigne la participation d'Olymel et des Éleveurs de porcs du Québec.
De grandes entreprises industrielles du Québec sont aussi du voyage, comme SNC-Lavalin et, bien sûr, Bombardier, implantée en Chine depuis bon nombre d'années.
Soulignons aussi la forte représentation des institutions d'enseignement et de recherche québécoises: Concordia, McGill, Université de Montréal, Université du Québec à Montréal et à Chicoutimi, mais également la Fédération des cégeps, l'Institut maritime du Québec, entre autres, et l'École nationale d'aérotechnique du cégep Édouard-Montpetit. À ce titre, les pièces et composantes de l'industrie aéronautique constituent d'ailleurs 10 % des exportations québécoises en Chine.
Enfin, mentionnons la présence discrète mais remarquée d'organisations du milieu culturel, comme Les 7 Doigts de la main, dans le domaine des arts du cirque, et Cavalia, le spectacle équestre, qui ont tous deux l'avantage de surmonter la barrière de la langue.
Par cette mission le premier ministre Philippe Couillard se trouve ainsi à marcher dans les traces de René Lévesque, qui a été le premier des chefs de gouvernement du Québec, il y a 30 ans, à visiter le pays de Mao. Le Québec a signé sa première entente avec le gouvernement chinois en 1980, et elle portait sur l'éducation. Le Québec a aussi été la première province à ouvrir un bureau en Chine, en 1998, sous Lucien Bouchard.
Il s'agit de la septième visite d'un premier ministre québécois en Chine. Dans le préambule de l'imposant répertoire des participants à cette mission du Québec, Philippe Couillard affirme qu'il est «conscient que l'importance de nos liens avec la Chine commande une continuité dans l'action».


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