De passage à Montréal jeudi, le chef libéral Justin Trudeau s'est défendu d'avoir appuyé le comportement du coprésident du comité de sa campagne électorale nationale, Dan Gagnier, en insistant sur l'importance de l'enjeu éthique pour son parti.
Le départ de M. Gagnier est survenu moins de 24 heures après que le parti eut pris connaissance d'un courriel qu'il a envoyé à TransCanada, a répété le chef libéral.
« Après 10 ans de Stephen Harper et de son manque d'éthique et son manque de responsabilité, nous savons que les Canadiens veulent du vrai changement. C'est pour ça que nous reconnaissons que les actions de M. Gagnier étaient tout à fait inappropriées et M. Gagnier a pris la responsabilité de ses actions et quitté notre campagne », a-t-il insisté.
Dans son courriel envoyé à TransCanada, Dan Gagnier suggère à cinq responsables du projet d'oléoduc Énergie Est d'approcher le plus rapidement possible les bonnes personnes dans les clans libéraux et néo-démocrates, au lendemain du 19 octobre, afin de ne pas reporter la mise en service du projet.
Le Parti libéral du Canada avait pris sa défense mercredi, affirmant qu'il n'avait enfreint aucune règle en matière d'éthique. En tournée dans la région montréalaise jeudi, le chef libéral a contredit cette position initiale, répétant à plusieurs reprises que les actions de M. Gagnier étaient « inappropriées ».« Je m'attends à ce que les gens dans notre entourage, dans mon équipe, dans mon parti, aient un extrêmement haut niveau de comportement éthique, un haut standard, et c'est pour ça que nous avons pris des actions responsables. »
— Justin Trudeau, chef du Parti libéral
Il a poursuivi en clarifiant le rôle du bénévole d'expérience durant sa campagne. « M. Gagnier n'a jamais contribué à nos politiques énergétiques. On savait qu'en tant que bénévole, il avait des clients de toutes sortes, de différents secteurs, et donc on l'a toujours gardé à l'écart de nos décisions en terme de politique énergétique », a-t-il assuré.
Qui est Dan Gagnier?
Dan Gagnier était inscrit au registre des lobbyistes jusqu'en 2014. Il a déjà présidé l'Institut canadien de politique énergétique, un organisme de lobbyisme de l'industrie qui n'existe plus depuis quelques années. Il a été chef de cabinet de l'ex-premier ministre de Jean Charest de 2007 à 2009, puis appelé à la rescousse pendant la grève étudiante de 2012. De 1995 à 2007, il a fait partie de la haute direction d'Alcan. En 2014, il était également impliqué auprès de Justin Trudeau durant la course à la direction.
L'éthique libérale mise en doute
Il est inacceptable qu'une entreprise comme TransCanada ait pu avoir un accès privilégié au PLC, ont décrié les autres chefs en campagne, même si le courriel envoyé par Dan Gagnier ne présumait pas d'une victoire libérale le jour des élections.
« La licence libérale a déjà été délivrée, on se comprend? Il n'allait pas y avoir de vraie consultation avec le public. Ils essayaient juste de masquer ça le temps d'une élection », a résumé le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, en visite à Alma, au Québec.
Ni lui, ni le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ont cru les libéraux quand ils ont assuré que Dan Gagnier n'avait jamais discuté d'enjeux énergétiques avec eux.« C'est le codirecteur de la campagne de Justin Trudeau, la personne assise à côté de lui dans l'avion, la personne que j'ai vue en train de lui donner des conseils au débat TVA! »
— Thomas Mulcair, chef du NPD
« Soyons un peu sérieux. Dan Gagnier, le directeur adjoint de la campagne, ne parlait pas du cadre budgétaire des libéraux, des grands enjeux de la campagne libérale. Il ne parlait pas d'environnement, il ne parlait pas d'énergie. On nous rit en pleine face », a renchéri Gilles Duceppe, de passage à Mascouche.
Selon lui, l'affaire Gagnier est la preuve, avec le scandale des commandites, que l'éthique au Parti libéral, « ce n'est pas fort ».
« Si M. Trudeau a le moindrement, d'éthique, que le Parti libéral s'engage à remettre les 40 millions qu'ils ont détournés durant le scandale des commandites », a-t-il exigé, avant de souligner le fait que l'ancien premier ministre Jean Chrétien s'était rallié à lui durant la campagne.
« ll se promène avec quelqu'un qui se fout des lois, qui a été premier ministre durant le love-in [grand rassemblement controversé du camp du non à Montréal à quelques jours du référendum de 1995, NDLR], qui a été premier ministre durant le scandale des commandites », a-t-il plaidé.
Le chef du NPD a parlé de son côté du « même vieux Parti libéral ». « Je pense qu'à travers le Canada, les voiles sont en train de se lever sur le réel Parti libéral. Le public va être à même de constater que même s'ils ont mis un nouveau visage sur le Parti libéral, ça demeure le même vieux Parti libéral, le même monde et les mêmes tactiques et les mêmes stratégies », a-t-il déclaré.
Le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, s'est contenté pour sa part d'une simple réplique : « Je peux simplement dire que je crois que la culture du Parti libéral n'a pas changé [et que] cette culture ne va jamais changer. »
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