Le P. Luis Arriaga, directeur du Centre Miguel Pro pour les droits humains (PRODH), de Mexico, dont l'organisation a été victime de la nouvelle politique de Développement et Paix.
La nouvelle mais très conservatrice politique de coopération avec le Sud qui prend forme à Développement et Paix est inacceptable
En matière de coopération internationale, aujourd'hui plus qu'hier, l'intervention qui s'inscrit dans une dynamique de développement des communautés au Sud, de plaidoyer et de soutien à des mouvements sociaux est de nature pluraliste. Elle est une intervention avec des partenaires de sensibilités sociales, politiques ou religieuses diverses dans l'objectif partagé de promouvoir la démocratie et la justice économique et sociale. Or, ce travail et ces acquis, à Développement et Paix comme dans d'autres organisations de coopération internationale (OCI), sont gravement compromis par la montée au Canada d'un fort courant conservateur tant au plan politique que religieux.
En conséquence de quoi, nous avons jugé nécessaire d'unir nos efforts en vue de constituer un collectif de scientifiques de différents champs disciplinaires (sciences sociales, sciences économiques, sciences religieuses) travaillant sur diverses questions internationales dont celle de la coopération internationale. Nous sommes tous et toutes actifs en recherche et en formation sur ces questions dans nos universités de même qu'en tant qu'experts consultés par des institutions internationales, des mouvements ou des organisations de coopération internationale (OCI).
Intervention publique nécessaire
Habituellement réservés dans nos positions politiques, il nous est apparu nécessaire de joindre notre voix collective au débat en cours à Développement et Paix et d'exprimer clairement notre appui à ceux et celles qui, au sein de cette organisation, expriment leur désaccord avec la nouvelle politique qui émerge en son sein à savoir :
a) la remise en question du travail dans la réciprocité de Développement et Paix avec ses 200 partenaires dans 30 pays du Sud, remise en question qui annonce dans l'avenir une prescription de requérir l'avis des évêques locaux;
b) la remise en question du caractère de mouvement démocratique de l'organisme au bénéfice d'une structure d'intervention et de contrôle direct de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC);
c) le choix de la haute direction de l'organisation de maintenir secret le débat en cours comme si Développement et Paix était un groupe privé et non une association présente dans l'espace public et bénéficiant de financements multiples provenant de la population québécoise et canadienne;
d) le refus de soutenir plus avant des partenaires qui ne partagent pas la «morale catholique».
La première organisation en liste qui en a été victime est le Centre de promotion des droits humains du Mexique dirigé par le jésuite Luis Arriaga, organisation partenaire de longue date de Développement et Paix. Voir à ce propos le site HYPERLINK "http://soutenonsdetp.wordpress.com/" http://soutenonsdetp.wordpress.com/.
Montée de la droite religieuse et politique
Le regard critique que nous portons sur le projet de transformation de Développement et Paix participe de cette montée en puissance de la droite religieuse ou politique au Canada qui a coupé les vivres à de nombreuses associations (groupes de femmes, organisations de coopération internationale comme Kaïros, Droits et Démocratie, Alternatives...). Ce projet conservateur de transformation participe également de la montée en puissance d'un courant de droite dans l'Église catholique lequel participe lui-même de la montée générale des fondamentalismes chrétiens dans le monde.
Trois lignes de force se dégagent de notre position dans ce débat et dans cette crise qui traverse plusieurs organisations de culture chrétienne et progressiste et au premier chef Développement et Paix mais aussi Caritas international et d'autres:
1) un minimum de transparence de Développement et Paix et des autres organisations s'impose pour que les citoyens canadiens soucieux de justice sociale dans les pays du Sud puissent influencer le débat qui a cours présentement dans ces organisations lesquelles sont en bonne partie soutenues et financées par ces citoyens;
2) il nous importe que des travaux de recherche scrutent plus avant ces questions afin de mieux cerner cette planète religieuse qui s'est mondialisée en transformant de plus en plus l'univers de la coopération internationale;
3) nous exprimons notre volonté d'ouvrir un espace de travail plus large qui permettra à tous, chercheurs, dirigeants, professionnels, animateurs de la solidarité internationale, de mieux cerner l'évolution en cours permettant ainsi de faire de meilleurs choix politiques et sociaux.
Louis Favreau et Lucie Fréchette, Université du Québec en Outaouais, au nom des 42 scientifiques suivants qui ont créé un collectif de recherche sur la coopération internationale en soutien à Développement et Paix (et autres OCI menacées)
Liste des 42 signataires :
1-Yao Assogba, sociologue, professeur au Département de travail social, Université du Québec en Outaouais
2. Gregory Baum, théologien, professeur émérite, Faculté Études religieuses, Université McGill
3. Pierre Beaucage, professeur titulaire, Département d'anthropologie, Université de Montréal.
4. Pierre Beaudet, Directeur-adjoint de l'École de mondialisation et de développement international, Université d'Ottawa
5. Louise Bouchard, professeure de sociologie, Institut de recherche sur la santé des populations, Université d'Ottawa
6. Jacques L. Boucher, professeur titulaire, Département de travail social et membre du Centre de recherche sur les innovations sociales, Université du Québec en Outaouais
7. Denis Bourque, titulaire, Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire, Université du Québec en Outaouais
8. Jacques Caillouette, Département de service social, Université de Sherbrooke
9. Bonnie Campbell, titulaire, Chaire C.-A. Poissant sur la gouvernance et l'aide au développement Directrice, Groupe de recherche sur les activités minières en Afrique, UQAM
10. Omer Chouinard, professeur, sociologie et études de l'environnement, membre de Gestion des écosystèmes basée sur les communautés au Burkina Faso, Université de Moncton
11. Yvan Comeau, professeur titulaire, École de service social, Université Laval
12. Henri Dorvil, professeur chercheur en travail social et sociologie de la santé, École de travail social, UQAM
13. Louis Favreau, sociologue, titulaire de la Chaire de recherche en développement des communautés, Université du Québec en Outaouais
14. Dominic Foisy, professeur au Département de travail social, Université du Québec en Outaouais
15. Lucie Fréchette, directrice sortante, Centre d'étude et de recherche en intervention sociale et ARUC-ISDC Université du Québec en Outaouais
16. Winnie Frohn, professeure, Département d'études urbaines et touristiques, École des Sciences de la Gestion, Université du Québec à Montréal
17. Madeleine Gauthier, sociologue, professeure honoraire, Observatoire Jeunes et Société, INRS Urbanisation, Culture et Société
18. Lionel-H. Groulx, professeur associé, École de service social, Université de Montréal
19. Christian Jetté, professeur, École de service social, LAREPPS, Université de Montréal
20. René Lachapelle, théologien et doctorant en service social, Université Laval
21. Gérald Larose, professeur, École de travail social, membre du LAREPPS, UQAM
22. Jean-Frédéric Lemay, docteur en anthropologie, chercheur en évaluation de programmes internationaux, JFL Consultants
23. Chairman Lévy, professeure en sciences sociales, Université du Québec en Outaouais et présidente de l'Association canadienne des études en développement international
24. Ndiaga Loum, professeur, Communication, droit et science politique, Université du Québec en Outaouais
25. Nuah M. Makungu, enseignant en sociologie du développement et de la coopération, membre du Laboratoire d'études africaines, Université d'Ottawa
26. Richard Marcoux, Directeur de l'Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone (ODSEF), Université Laval
27. Réjean Mathieu, professeur associé, École de travail social, Université du Québec à Montréal
28. Nathalie McSween, doctorante, sciences sociales appliquées, membre ARUC-ISDC, 9UQO
29. Clément Mercier, professeur associé, Département de service social, Université de Sherbrooke
30. Franklin Midy, professeur associé, Département de sociologie et directeur de l'Institut de coopération interuniversitaire avec Haïti, UQÀM
31. Ernesto Molina, sociologue, chargé de cours, Université de Sherbrooke, professionnel ARUC Développement territorial et coopératio
32. Olga Navarro-Flores, Professeure, Département Management et Technologie, ESG, UQAM
33. Martin Robitaille, professeur en sciences sociales, directeur de l'ARUC-ISDC, Université du Québec en Outaouais
34. Marie-Andrée Roy, professeure au Département de sciences des religions, UQAM
35. Jean-François Simard, sociologue, titulaire de la Chaire Senghor de la francophonie, Université du Québec en Outaouais
36. Moustapha Soumahoro, professeur adjoint, Département de géographie, Université Laurentienne
37. Sid Ahmed Soussi, professeur, sociologie, Université du Québec à Montréal et membre de l'ARUC-ISDC
38. Nancy Thede, titulaire, Chaire Nycole Turmel sur les espaces publics et les innovations politiques, Université du Québec à Montréal
39. Luc Theriault, professeur de sociologie, UNB-Fredericton
40. Sylvie Thibault, directrice du Département de travail social, Université du Québec en Outaouais
41. Yves Vaillancourt, politologue, LAREPPS, École de travail social, UQAM
42. Florent Villeneuve, théologien, professeur retraité, sciences religieuses, Université du Québec à Chicoutimi
Crise à Développement et Paix
La nouvelle mais très conservatrice politique de coopération avec le Sud qui prend forme à Développement et Paix est inacceptable
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé