Ce 18 novembre, le président français Emmanuel Macron a reçu l'ex-Premier ministre libanais Saad Hariri. L'objectif : trouver une solution à la crise libanaise, provoquée par la démission surprise de Saad Hariri, le 4 novembre dernier.
Le Premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, s'est entretenu ce 18 novembre à Paris avec Emmanuel Macron pour tenter de trouver une issue à la crise libanaise qui reste entière. L'hôte du président de la République a fait savoir qu'il attendait d'être rentré à Beyrouth, le 22 novembre, pour s'exprimer sur la crise.
Arrivé par avion privé tôt ce 18 novembre à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, Saad Hariri s'est rendu à la mi-journée à l'Elysée. Il a eu un bref entretien avec le chef de l'Etat, avant un déjeuner en compagnie de leurs épouses et du fils aîné de Saad Hariri.
Les deux autres enfants du couple, adolescents, sont restés en Arabie Soudite, où ils résident et sont scolarisés.
«Ahlan wa sahlan ! Bienvenue à Paris Saad Hariri», a tweeté le président Emmanuel Macron, en postant une vidéo tournée dans l'Elysée.
Un peu plus tôt, Emmanuel Macron s'était entretenu au téléphone avec le président libanais Michel Aoun, qui, selon l'Elysée, «l'a remercié pour l'action de la France en faveur du Liban».
Le président Michel Aoun lui a également confirmé que Saad Hariri serait à Beyrouth le 22 novembre, jour de la fête nationale, comme l'avait déclaré précédemment la présidence libanaise.
Ancienne puissance mandataire du Liban, la France a joué les médiateurs et le président Emmanuel Macron a invité Saad Hariri et sa famille à Paris «pour quelques jours ou quelques semaines», afin de tenter de sortir de l'impasse provoquée par sa démission annoncée le 4 novembre depuis Riyad.
Le président français a précisé qu'il recevrait Saad Hariri «en tant que Premier ministre» du Liban étant donné que sa démission n'y est pas «reconnue [...] puisqu'il ne s'y est pas rendu».
Le séjour prolongé de Saad Hariri en Arabie Saoudite et le fait qu'il ne soit pas rentré au Liban pour remettre sa démission par écrit au président, comme le veut la tradition, a fait l'objet d'intenses spéculations. Le président Michel Aoun l'avait même qualifié d'«otage» de l'Arabie saoudite.
Dans un tweet, Saad Hariri avait affirmé que son séjour à Ryad visait simplement «à mener des consultations concernant l’avenir du Liban et ses relations avec ses voisins arabes». «Tout ce qui se dit [...] sur mon séjour [...] n’est que rumeurs», avait-il ajouté.
De futures confrontations politiques, voire militaires, au Liban ?
L'arrivée à Paris de Saad Hariri a été «expressément saluée» par le ministère allemand des Affaires étrangères.
«Nous avons en raison de la situation actuelle [au Proche-Orient] de grandes inquiétudes quant à la stabilité de la région et appelons toutes les parties à réduire les tensions», a précisé un porte-parole du ministère dans un communiqué.
L'Arabie saoudite a décidé de rappeler son ambassadeur à Berlin pour protester contre des déclarations de Sigmar Gabriel, ministre allemand des Affaires étrangères. Ce dernier avait laissé entendre que Saad Hariri subirait l'influence de Ryad, selon l'agence officielle saoudienne SPA le 18 novembre.
«Ces déclarations sont hasardeuses, fondées sur des informations erronées et ne servent pas la stabilité dans la région», a commenté le porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères, cité par SPA.
Le 16 novembre, Sigmar Gabriel avait déclaré lors d'une conférence de presse à Berlin, avec son homologue libanais Gebrane Bassil, que le Liban risquait «de retomber dans de graves confrontations politiques et peut-être militaires».
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait, lui, rencontré Saad Hariri à Riyad, où le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir lui avait assuré qu'il était libre de partir quand il le voulait.
Détenteur de la nationalité saoudienne, Saad Hariri, 47 ans, possède une résidence à Riyad où sa famille est installée. Il a repris le flambeau politique à la mort de son père, Rafic Hariri, ancien Premier ministre du Liban tué dans un attentat à Beyrouth en 2005 pour lequel cinq membres du Hezbollah chiite libanais sont accusés.
En annonçant sa démission, Saad Hariri avait invoqué la «mainmise» du Hezbollah – membre du gouvernement et soutenu par l'Iran – sur la vie politique du Liban et des craintes pour sa vie, au moment où Riyad fulminait contre les ingérences prêtées à son rival iranien dans la région, et notamment au Yémen, où l'Arabie saoudite est elle-même à la tête d'une coalition de soutien au président Hadi.
Pour plusieurs médias libanais, si Saad Hariri devait confirmer sa démission, la crise libanaise devrait s'aggraver.
Proche de Michel Aoun, le ministre libanais des Affaires étrangères Gebrane Bassil a prévenu le 16 novembre qu'en cas d'ingérence étrangère, son pays risquait de connaître le même sort que la Syrie voisine.
Toujours le 16 novembre, le chef de la diplomatie saoudienne s'en était violemment pris au Hezbollah. «C'est une organisation terroriste de première catégorie», a-t-il soutenu, l'accusant d'avoir «pris en otage l’Etat au Liban et d'être devenu un instrument aux mains» de l'Iran.