Dans une pharmacie près de chez vous

Tribune libre

Geste banal du quotidien : je m’achète une crème après-rasage de marque L’Oréal Paris dans une pharmacie près de chez vous. Une fois devant mon miroir, je lis plus en détail l’étiquette. Le produit pour lequel je viens de payer décline son identité ainsi : L’Oréal Paris Men Expert active defense system Hydra-power turbo booster(MC) Wake-up fuel (MC). Le tout en lettres aussi majuscules que tonitruantes. Note au lecteur : aucun équivalent français n’est inscrit pour aider le francophone à saisir la poésie de ce syntagme. Se dégage du portrait d’ensemble un effet d’unilinguisme anglais. Dans toutes les pharmacies du Québec.
Le stratagème maintenant maîtrisé avec art de tous ces anglicisateurs consiste à ajouter la mention MC (marque de commerce) sur tout groupe de mots accolé au nom du produit. Et ça passe comme du beurre dans la poêle.
Quand on informe l’OQLF de tels usages assimilateurs en remplissant ses interminables formulaires de plainte, l’organisme, mièvre et dégriffé comme à son habitude, ne daigne même pas répondre, et la plainte tombe dans une éponge, ou dans une craque du plancher.
Promenez-vous dans les allées de n’importe quelle pharmacie québécoise et observez les étiquettes des produits. Ils vous crient à l’unisson des shampoings Garnier Fructis CLEAN & FRESH, FULL&PLUSH, PURE & CLEAN, PASSION & SPLASH et autres CITRUS MINT FRESH, COLOR SHIELD ou DAMAGE ERASER.
Mais au pays du Québec, paradis du bilinguisme fantasmé par les francophones eux-mêmes, personne ne s’en plaint jamais. Je ferai donc fièrement exception à la règle.

Featured 22fbb88912f1dbce87e719bb999b55c4

Jean-François Vallée91 articles

  • 89 132

Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Monique Chapdelaine Répondre

    28 novembre 2016

    M. Vallée, vous écrivez : "Mais au pays du Québec, paradis du bilinguisme fantasmé par les francophones eux-mêmes, personne ne s’en plaint jamais. Je ferai donc fièrement exception à la règle."
    Vous n'êtes pas seul. Je n'hésite pas à porter plainte à l'OQLF dès que je vois, entre autres, étiquettes, publicités, modes d’emploi unilingues anglais.

  • Jean Lespérance Répondre

    27 novembre 2016

    Garnier Fructis se force un tout petit peu, mais c'est bel et bien écrit: Made in USA. 1363650
    Il y a des produits chinois qui n'ont aucun mot de français ni d'anglais. Avec la mondialisation, aucune règle ne tient. Il y a même parfois des produits du Mexique avec aucun mot d'anglais ni de français également.
    Les plus puissants sont au dessus des lois. C'est la loi du Nouvel Ordre Mondial.