De l'enragement à l'engagement..

IDÉES - la polis

Les deux dernières années ont été éprouvantes pour une majorité de Québécois. Les scandales dans la construction, la corruption politique aux divers niveaux de gouvernement, la crise économique, l’enrichissement des uns parfois aux dépens de l’appauvrissement des autres, l’impuissance collective face aux différents lobbies (exploration des gaz de schiste, l’exploitation à outrance des ressources naturelles) et la fragilisation du français à Montréal sapent le moral de bien de nos concitoyens.
Le cynisme est de rigueur et l’absence de perspectives nouvelles nous assomme, nous laissant une blessure que nos crions sans espoir de guérison.
Les médias participent à cette croissance de ce que j’appelle l’enragement citoyen. La montée d’une nouvelle droite qui nous dit que nous fonçons dans le mur si nous ne prenons pas un virage centré sur la création de la richesse et une réduction du rôle de l’État répond à cette anxiété sociale. Pourtant ces nouvelles solutions mettent toujours de côté le fait que la redistribution de la richesse est devenue plus inégalitaire. Notre endettement collectif a permis à certains de continuer à s’enrichir au point que l’exportation de notre capital-argent se retrouve plus souvent dans les paradis fiscaux que dans les régions du Québec.
Les lucides n’abordent jamais de front ces questions sinon pour dénoncer seulement les cas de fraude ou de spoliation les plus extrêmes. Leur diagnostic confond la cause et l’effet. C’est la redistribution inégalitaire de la richesse qui cause l’endettement. La réduction de l’État qu’ils veulent mettre en place se fera sur le dos des missions sociales, sanitaires et éducatives. On sauvegardera pour l’exemple la mission sécuritaire de l’État (armée, police et moyens de surveillance, etc). Combien nous coûte le réarmement du Canada ? Combien nous coûte l’évasion fiscale et particulièrement celle vers les paradis fiscaux ? Combien nous coûtent toutes ces subventions aux compagnies qui n’en finissent plus de se délocaliser ailleurs ?
Les États-Unis sont le plus grand laboratoire du monde où les néo-libéralistes ont mis en pratique leur doctrine : réduction du rôle de l’État et production privée de la richesse. En cette fin de 2010, ce pays vit encore une récession dont on ne voit pas poindre la fin. Les lucides devraient lire le dossier spécial: « Comment sauver l’Amérique ? » que nous retrouvons dans le magazine l’Actualité du 1er novembre 2010. Luiza Ch. Savage écrit : « Le travail ne garantit plus la réussite. Les conditions ne s’améliorent plus d’une génération à l’autre. Nous assistons à une descente sociale généralisée. » . Je me méfie toujours de ces hommes improvisés en sauveurs de la nation québécoise.
Sans vouloir revenir aux années fin-soixante et début soixante-dix, il faut se demander ce qu’est devenu l’engagement social et politique. Il me semble que les différentes générations ont actuellement en commun cet enragement face à toutes ces anciennes et nouvelles injustices. De l’enragement, pourrait-il naître de nouvelles formes d’engagement ou même une nouvelle intensité dans l’engagement social et politique ? Oui, c'est possible. Avons-nous d'autres choix ?


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