De qui a peur Stephen Harper?

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Un cas pathologique






De vous ! Tout simplement ! Oh, M. Harper a bien dit, le jour du déclenchement des élections, qu’il irait « rencontrer les Canadiens aux quatre coins du pays ». Mais lesquels ? On connaît maintenant la réponse. Les seuls admis dans la même pièce que le premier ministre sortant sont ceux que le Parti conservateur considère comme dignes de respirer le même air que LE leader adoré.


 

Et encore ! Les élus doivent être invités et s’inscrire 24 heures à l’avance pour être filtrés par le parti. Monsieur et madame Tout-le-monde s’abstenir.


 

Ce n’est pas tout. Jusqu’à lundi dernier, les heureux élus devaient s’engager à ne partager aucune photo ou vidéo de l’événement tout en acceptant que le parti, lui, utilise leur image dans ses publicités et son matériel partisan. Le PC a reculé après que le site de nouvelles en ligne iPolitics a éventé l’affaire. L’obligation de se soumettre à une fouille de son sac demeure cependant.


 

Les journalistes, pour qui M. Harper n’a aucune sympathie, ne sont pas en reste. Ils doivent se présenter une heure ou plus avant le début des événements pour se soumettre à un contrôle de sécurité avec chiens dépisteurs. Les retardataires sont refoulés.


 

Une journaliste d’iPolitics qui a couvert nombre de campagnes électorales s’est ainsi vu refuser l’accès à un rassemblement, la semaine dernière, à Toronto. Elle était arrivée avec « seulement » 20 minutes d’avance. Malgré ses protestations, elle n’a pu entrer, les chiens n’étant plus sur place.


 

Le parti dit toujours, dans ces circonstances, que la sécurité est l’affaire de la GRC. J’ai pourtant déjà vu une journaliste d’un grand média canadien arriver en retard et être admise sans autre forme de procès.


 

Et si la GRC craint à ce point pour la sécurité du premier ministre, pourquoi n’a-t-elle imposé aucune procédure du genre quand les journalistes se sont présentés à la conférence du premier ministre à sa sortie de la résidence du gouverneur général ? Parce que ce n’était pas nécessaire et que l’événement échappait au parti et à ses zélés.


 


Le PC et Stephen Harper sont fidèles à leur vision de la gouvernance et victimes de leur méfiance viscérale face à quiconque ne pense pas comme eux. Pour eux, il n’y a pas d’adversaires, seulement des ennemis. Et la liste est longue.


 

M. Harper est allergique à la dissidence au sein de son caucus, de son parti, encore plus lors d’un événement public. Alors il se réfugie derrière un appareil de sécurité apparemment excessif.


 

Ne l’attendez donc pas sur votre rue principale, à votre marché public ou à un festival quelconque. Le chef conservateur veut être vu, mais dans des environnements contrôlés où il est cadré de façon précise, le tout diffusé sur le site Web de son parti, dans ses publicités ou aux nouvelles, les caméras des médias étant limitées dans leurs mouvements lors des annonces et des rassemblements.


 

Pire, lorsqu’il s’agit d’occasions de photo, le parti se réserve le droit d’en informer uniquement les médias qui paient des frais de transport de la tournée et même de limiter l’accès à une poignée de journalistes, photographes et caméramans.


 

On parle ici d’un premier ministre qui veut se faire réélire à la tête d’un grand pays démocratique et qui, souvent, n’est accessible qu’aux médias qui paient. Stephen Harper a une conception particulière du droit à l’information et de la liberté de presse. Depuis qu’il est au pouvoir, il entretient des relations exécrables avec la presse, le droit à l’accès à l’information est battu en brèche, son bureau contrôle presque toutes les communications externes, le gouvernement est plus opaque que jamais malgré ses prétentions d’ouverture.


 


Stephen Harper ne voit pas l’utilité d’informer le citoyen, son gouvernement le noie plutôt sous des publicités à saveur de propagande. Il ne souhaite pas plus entendre la voix des citoyens ou de leurs représentants, puisque lui sait ce dont le pays a besoin, d’où son style de campagne.


 

Les députés ne sont que des empêcheurs de tourner en rond. Imaginez, ils veulent poser des questions, examiner les projets de loi, entendre des témoins. Alors son équipe et lui les mettent au pas : bâillons à répétition (plus de 100 durant le dernier mandat) pour adopter les projets de loi à toute vapeur, projets de loi omnibus, témoins ignorés sinon insultés et j’en passe.


 

Il se moque de la volonté des élus au point de demander aux sénateurs conservateurs (certains battus aux élections et nommés par lui par la suite) de défaire des projets adoptés aux Communes, un geste qu’il a défendu durant le débat de la semaine dernière.


 

Quand un premier ministre regarde de haut les institutions démocratiques qui représentent les citoyens et fait de même avec les médias qui les informent, ce sont ces citoyens et leur intelligence qu’il méprise. Quand il évite ces mêmes citoyens durant une campagne électorale dont un des enjeux est, selon ses propres mots, le leadership, il se moque carrément d’eux.


 

En somme, Stephen Harper se méfie des Canadiens, mais leur demande à eux de lui accorder leur confiance ! Quel étrange marché !







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