Déficit et "déficit démocratique"

Tribune libre


La récession a accentué l'arrogance des adeptes du néo-libéralisme qui écartent tout débat démocratique sur la répartition de la richesse, spécialement la justice et l'équité fiscale au nom de la création d'emplois et des retombées économiques.
Le projet Osisko en Abitibi va faire travailler 400 personnes bien sûr. Mais, quelles seront les redevances payées par la compagnie pour extraire le minerai, pour pomper 25 millions de litres d'eau par jour de la nappe aquifère? Ceci sans compter qu'il n'y a pas d'engagements fermes pour rétablir son propre site.Les minières paient des impôts ridicules selon les rapports officiels, moins de 300 millions alors que l'industrie aurait dû en verser plus de 2MM$.
Les nouveaux moulins à vent, les parcs d'éoliennes, seront exploités par des multinationales et non par Hydro-Québec qui se contente de dépenser 1.392MM$ pour leur intégration au réseau (plan 2009-2013). Ces compagnies ne verseront pas comme Hydro-Québec les 3/4 de leurs bénéfices au gouvernement, ce qui veut dire encore un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars sur un horizon de 20-25 ans.Le gouvernement n'a jamais eu de mandat de la population pour privatiser la production d'électricité à travers la filière éolienne!
L'industrie forestière est en crise pour plusieurs raisons mais il en demeure pas moins que les droits de coupe étaient très bas et annulés en bonne partie par les remboursements en sylviculture. L'essentiel de la rente d'exploitation a été dans les poches des gros actionnaires. L'État du Québec n'a pas vraiment vu la couleur de l'argent tiré de la forêt.
Évidemment, en période de récession, il faut sauver des emplois et les gouvernements prêtent de l'argent plus ou moins sans conditions sérieuses à des compagnies qui licencient quand même.
Le gouvernement Charest évacue, écarte tout ce débat sur l'injustice et l'inéquité fiscale à la lumière d'un prochain supposé débat sur des hausses de tarifs des services publics.
Avant la crise, l'Ontario avait un taux de chômage plus bas que le Québec malgré le boom démographique depuis 50 ans (de 4.5M à plus de 12 millions d'habitants vs le Québec de 4 à 7.8 millions d'habitants)et avec seulement(!) 2MM$ d'exemptions fiscales aux entreprises contre 5MM$ au Québec.
Le Québec vit au dessus de ces moyens en subventionnant aussi grassement le secteur privé.
Donc, il y a un déficit démocratique au niveau de ce débat autant au gouvernement que dans l'ensemble des grands médias, car ce qui domine le discours c'est qu'il faut créer des emplois avec des retombées économiques mais sans parler d'équité fiscale, de contributions des compagnies et des plus riches au trésor public.
De plus,la spéculation boursière n'est pas synonyme de créations d'emplois (des licenciements bien (!) planifiés peuvent faire monter le cours des actions) et les paradis fiscaux ont toujours la cote.
C'est le défi des mouvements progressistes, syndicaux, populaires de tenir un débat public parallèle pour informer la population des véritables enjeux concernant les finances publiques.Au nom de la sortie de crise dans un contexte de partenariat de facto (gouvernement-patronat-syndicats)doit-on ignorer ce débat?
Le déficit démocratique sur le plan politique aussi n'a pas été encore résolu malgré les propositions d'un ancien leader québécois, Monsieur René Lévesque (élections à date fixe, scrutin proportionnel, régionalisation du pouvoir,etc.) Il n'y aura pas de progrès social et environnemental durable au Québec sans ces débats impliquant la population à la base depuis la société civile pour renouveler la sphère politique. L'avenir national du Québec appartient au peuple.

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André Rousseau30 articles

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Membre du Parti Québécois, comté de Mercier

Membre du comité communication et mobilisation du Forum social québécois

Membre de l’Association Québécois de Lutte contre la Pollution
Atmosphérique (AQLPA)

Diplômé en économie appliquée de l’UQAM (certificat)





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