Et pourtant... nous étions si bien entre nous !

Délire traditionaliste

Contre un Québec daguerréotypé

Tribune libre

Une Charte de la laïcité devrait confirmer les grandes valeurs de la Révolution tranquille sans devenir une machine de guerre contre notre identité. Le Québec ne doit plus confondre le progrès avec le saccage de son passé.
- Mathieu Bock-Côté, 24 h, 25 août 2010

Le texte de M. Bock-Côté intitulé Quelle laïcité ( http://www.vigile.net/Quelle-laicite ) repose sur la prémisse que l'identité québécoise se définit quasi exclusivement par son passé prérévolutionnaire. En bon prince, ce traditionaliste inquiet se déclare prêt, en guise de concession, à admettre les réformes de la pseudo Révolution tranquille comme composante de cette identité. L'on aura compris tout de même qu'il s'agit pour l'auteur de dresser une ligne de défense contre cette machine de guerre en puissance qu'est, selon lui, la future Charte de la Laïcité. Une machine de guerre contre notre identité écrit-il. Et pourtant, qu'on le veuille ou non, le Québec d'aujourd'hui n'est plus le Québec des années '60. Et encore moins celui de Lionel Groulx ou de Duplessis. Il n'est pas non plus celui des multiculturalistes anglo-saxons. Il ne cherche pas non plus à saccager son passé ou, pour s'en tenir aux images de guerre que privilégie notre croisé, il ne cherche pas à pratiquer une politique de la terre brûlée.
Le nous auquel se réfère le texte de Bock-Côté renvoi à nos ancêtres aux dépens de nos concitoyens, de nos voisins, de nos amis, de nos enfants et de leurs descendants. Le projet pour le futur qui apparaît en filigrane est calqué sur le passé.
Il faudra retenir du texte en référence que le vaillant chevalier défenseur d'un passé marqué de glorieuses luttes de résistances n'a pas su, par son texte, démontrer qu'il a compris que l'identité québécoise des vivants a bien plus à voir avec le présent et les aspirations pour le futur d'une nation qui se bat héroïquement pour se tailler une place au soleil qu'avec l'archéologie.
Jacques A Nadeau


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13 commentaires

  • Claude Gilbert Répondre

    9 septembre 2010

    Libre à vous de faire semblant que mon dernier message n'est pas logiquement articulé. Cela vous embête de lire des considérations auxquelles vous n'aviez pas pensé. Alors si vous préférez user d'un prétexte pour me laisser le dernier mot en ce qui a trait à l'argumentation, c'est d'accord!

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    9 septembre 2010

    @ M. Gilbert,
    Malheureusement M. Gilbert vous venez de vous disqualifier à mes yeux à cause de l'attaque ad hominem que vous avez inutilement glissée dans votre texte. Même si certaines de vos observations mériteraient que je m'y attarde, je refuse de poursuivre avec un individu ayant un tel comportement. Vous n'êtes certainement pas le seul sur Vigile à agir ainsi, mais vous auriez avantage à mieux choisir vos modèles. Si vous le voulez, je vous offre quand même la possibilité d'obtenir une réponse à condition de reformuler votre dernier commentaire pour le rendre conforme aux règles élémentaires de respect.
    Jacques A Nadeau
    Montréal

  • Claude Gilbert Répondre

    8 septembre 2010

    Vous êtes peut-être plus évolué que la majorité de vos compatriotes, M. Nadeau, mais laissez-moi vous faire une remarque et vous poser une question.
    La remarque: jusqu'à tout récemment au Québec, et encore aujourd'hui dans la majorité des pays occidentaux, la séparation de l'Église et de l'État a signifié simplement que l'État ne devait pas se mêler d'imposer une religion, et que les citoyens devaient être aussi libres de pratiquer leurs différentes croyances qu'ils le sont de manifester leurs différences d'opinion sur d'autres sujets (même au Québec d'ailleurs, notre Charte des droits s'exprime dans ces termes: la liberté de religion est mise sur le même pied que la liberté d'association, d'expression et de réunion, et ceci n'a rien de spécifique: il suffit de lire la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'ONU en 1948 pour s'en apercevoir). Or, pour vous et d'autres qui paraissez vous imaginer avoir fait une découverte (dont le reste du monde attend la révélation, je suppose), vous pensez si je comprends bien que la séparation de l'Église et de l'État signifie plutôt que ce dernier a pour rôle de rééduquer les citoyens en extirpant toute idée religieuse des moeurs et, en attendant cet heureux jour, de circonscrire le phénomène de la croyance dans les limites les plus étroites possibles (la sphère privée, puisqu'il faut au moins respecter ça, sous réserve des intrusions que la manipulation de programmes éducatifs peut néanmoins autoriser). Laissez-moi vous dire que ce détournement de sens est d'une parfaite malhonnêteté intellectuelle par rapport aux fins visées par la Charte des droits. Croyez pour votre part en ce que vous voulez, cela vous regarde. Vous n'avez aucune espèce de raison de vous croire supérieur aux autres qui ne partagent pas votre opinion à cet égard, et vous n'êtes pas davantage investi d'une mission de promouvoir la mise de l'État au service d'une pareille conception, laquelle est le pendant symétrique exact de l'intolérance catholicarde d'antan. J'ajoute que ce n'est pas en plaquant cette espèce de mission par-dessus l'idée de la souveraineté que le mouvement indépendantiste arriverait plus vite à faire progresser celle-ci.
    La question: qu'est-ce que vous faites avec les membres de communautés culturelles arrivées ici de plus ou moins longue date, qui manifestent souvent à leur arrivée et encore après quelques générations (pas juste les juifs, les chrétiens aussi, soit les deux-tiers des anglophones et allophones combinés) un plus grand attachement à la foi de leurs ancêtres que les canadiens français sécularisés dans votre genre? Déméritent-ils d'office de la qualité de "Québécois" selon vous?
    Dit autrement, ne vous rendez-vous pas compte que votre idée de la "laïcité" est une patente ETHNIQUE ?

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    8 septembre 2010

    Monsieur Gilbert,
    La Fête de Noël n'est pas une fête particulièrement chrétienne.. Elle trouve ses origines dans les fêtes païennes du solstice d'hiver qui datent de bien avant la fête chrétienne. L'Église catholique (une secte avant Constantin 1er) a tout simplement superposé le rituel religieux des chrétiens sur une tradition païenne pour éviter que leurs ouailles quittent les villages et hameaux pendant 3 - 4 jours pour aller se «dévergonder» sur les plages autour d'un grand feu de joie à la fin de décembre. Certaines organisations athées, comme les humanistes par exemple, ont récupéré cette fête pour lui donner son sens païen d'antan. À mon sens il s'agit tout simplement d'une nouvelle pratique religieuse qui aujourd'hui tombe sous le vocable de néopaganisme. Alors, Noël, comme fête chrétienne... !!?
    Quant aux autres fêtes auxquelles vous faites allusion, elles remontent également à la nuit des temps. Devons-nous traîner comme des boulets encore longtemps tous nos rituels et toutes nos croyances irrationnelles encore longtemps ?
    Ben oui, cela a fait partie de la vie de nos ancêtres. La vie dans la société traditionnelle. Faudrait peut-être maintenant penser à entrer de plain pied dans la société moderne et passer à une autre étape de notre évolution. Vous trouvez pas qu'on a assez fait de sur-place depuis 150 ans au Québec ? Si les autres y tiennent, à leurs rituels, eh bien, franchement je n'en ai rien à cirer.
    Mettre une croix chrétienne sur le drapeau d'un futur Québec indépendant ne ferait que nous ramener au temps des croisades quant à la symbolique. Ce n'est vraiment pas fort ! Et croyez-moi, il n'y a pas que moi qui décrocherai si c'est cela le Québec de demain.

  • Claude Gilbert Répondre

    8 septembre 2010

    Nos journalistes et politiciens de bonne vieille souche ont peut-être sombré dans l'auto-censure plus ou moins complète par rapport à l'évocation de la fête du 25 décembre (qui fait partie de la culture d'origine de 90% des Québécois, pas seulement des "canadiens français" mais aussi des anglo-saxons protestants, irlandais catholiques, latino-américains, haïtiens, philippins, maints libanais et vietnamiens, et j'en passe...). Mais, cet inconfort n'est pas celui de tous les médias ni même de tous les politiciens par rapport à d'autres cultures et religions.
    Lisez The Suburban, l'hebodmadaire distribué dans tous les foyers du West Island à Montréal, en date du 8 septembre 2010, à la page 10. Vous y trouverez un encadré offrant les voeux de quatre députés fédéraux pour la fête du nouvel an juif, Rosh Hashana. Parmi eux, Stéphane Dion et Marc Garneau.
    Ça m'étonnerait que Julius Grey soit en désaccord avec cet hommage. Pour ma part, je trouve ça très correct. Je me pose seulement une question: si d'autres cultures présentes dans notre société peuvent célébrer leurs racines sans complexes et sans craindre de verser dans le "traditionnalisme", pourquoi est-ce que cela ne serait pas aussi vrai pour nos racines chrétiennes, d'autant plus que nous les avons en commun avec plein d'autres Québécois, justement?...

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    31 août 2010

    Je tente d'éviter de me laisser entraîner vers la question des «accommodements religieux» pour me limiter ici au sujet que j'ai tenté de faire ressortir du texte de M. Bock-Côté. Le drapeau national d'un Québec indépendant. D'aucuns diront que les deux sujets sont liés. Je ne pense pas qu'ils devraient l'être.
    Plus tard, dans un autre texte peut-être, et tel que je l'ai mentionné il y a moins de 3 mois ici, je reviendrai sur le sujet du drapeau comme symbole national et sur ce qu'il pourrait symboliser pour un Québec indépendant qui ne chercherait pas simplement à imiter les autres vieux pays occidentaux.
    En attendant, je vous renvoie à des textes publiés ici dans le passé puisqu'ils abordent les sujets soulevés en priorité par Luc Potvin, Jean-François-le-Québécois et Benoît Morin.
    Panne d'idées
    http://www.vigile.net/Panne-d-idees
    Talibâneries fogliennes
    http://www.vigile.net/Talibaneries-fogliennes
    La bouche de nos canons
    http://www.vigile.net/La-bouche-de-nos-canons
    Jacques A Nadeau
    Montréal

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2010

    Monsieur Nadeau,
    Je le répète, malgré les réserves que m'inspirent certains aspects de la pensée de M. Bock-Côté, je ne pense pas qu'il se montre excessif sur la question spécifique d'une éventuelle charte de la laïcité.
    Son texte m'est apparu comme un simple appel à la prudence. La laîcité concerne l'État, le fonctionnement des institutions gouvernementales. Autrement dit, ni l'État ni ses représentants n'ont de quelque façon que ce soit l'obligation de conformer les lois et la politique qu'ils mênent à la Bible, au Coran ou à tout autre livre dit sacré, pas plus qu'aux encycliques des papes ou aux fatwas des imams.
    Cela dit, rares sont les cultures nationales qui n'ont pas été marquées par une religion, une religion qui leur a dans bien des cas servi de matrice et qui y a profondément inspiré l'art et la pensée sous toutes leurs formes : architecture, peinture, philosophie, etc. En Occident, depuis quelques siècles, la culture s'est graduellement émancipée de la religion, bien sûr. Mais n'en a-t-elle pas gardé de nombreux traits ? M'est avis que même l'athéisme, chez un peuple héritier d'une culture marquée par le catholicisme, n'a pas la même saveur que chez un peuple de tradition protestante.
    Or, et c'est là la question essentielle, la laîcité doit-elle aller jusqu'à purger chaque culture nationale de tout ce qui, en elle, a une origine ou une source religieuse, comme s'il s'agissait là d'une maladie honteuse ?
    À cette question, M. Bock-Côté répond non et je suis bien d'accord avec lui là-dessus. La laîcité doit se limiter à soustraire l'État à toute autorité religieuse quelle qu'elle soit, non à reformater la culture du haut d'une tour d'ivoire.
    Pour bien illustrer ma vision des choses, sortons du Québec, voulez-vous ? Prenons un pays étranger, par exemple le Maroc. Je souhaite que le Maroc devienne un jour un État véritablement laïc, affranchi de toute espèce de tutelle coranique. Une fois cela fait, on peut cependant parier que la fin de semaine, au Maroc, demeurerait formée du vendredi suivi du samedi. Et puis après ? Faudrait-il voir en cela une entorse au caractère laîc de l'État marocain ? Voyons donc !
    Or il se trouve chez nous des hyperlaïcistes pour qui l'origine chrétienne de notre fin de semaine (le dimanche précédé du samedi) et de la plupart de nos congés fériés contrevient au principe de laîcité. Franchement, ces gens-là ont de la laîcité une conception pour le moins fanatique. Tout peuple a, dans sa culture, un héritage religieux et le principe de la laîcité de l'État n'en exige nullement l'éradiction totale.
    Vous prêterez attention, en décembre prochain, aux notables qui s'abstiendront de souhaiter «Joyeux Noêl» à la population, convaincus qu'ils sont (ou s'efforcent d'être) que cela offenserait les non-chrétiens et mettrait en péril la laîcité. Vous verrez qu'il s'agit bien plus que de cas isolés et que l'on est en présence d'une sorte de pathologie.
    Personne ne soutient que, pour faire partie de notre peuple, il faille être catholique. Mais il faut néanmoins en accepter la culture, laquelle comporte, en partie, des traits catholiques ou, si l'on veut, des éléments d'origine catholique ou plus largement chrétienne dont la pérennité ne menace en rien le principe de la séparation de l'Église et de l'État.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2010

    M. Nadeau, vous écrivez:
    "Ce qui nous motive présentement n’est pas le désir de militer comme soldats du Christ contre des impies qui voudraient nous imposer leurs mœurs ou leurs habitudes vestimentaires ou alimentaires, mais c’est plutôt l’indépendance du Québec.
    "Il ne faudrait quand même pas charrier, je parle de M. Bock-Côté et non de vous, nous sommes quand même une majorité écrasante qui partage un héritage commun. Et qui partageons un rêve d’indépendance."
    Remarques:
    1) Si vous voyez présentement une "majorité écrasante" de Québécois en faveur de l'indépendance, alors c'est vrai que vous êtes en plein "rêve". Et c'est un indépendantiste qui vous le dit.
    2) Si je vous suis bien (je n'en suis pas sûr), pour expliquer l'agacement d'une majorité à l'égard des demandes d'accommodements raisonnables, il faudrait soit être un "soldat du Christ", soit être un indépendantiste "éclairé" (à votre façon à vous). J'ai bien peur que dans cette vision des choses, vous soyez beaucoup trop binaire et tranché. Il y a plein de Québécois qui sentent leur identité banalisée et méprisée par une certaine idéologie intermulticulturaliste et qui ne sont pourtant ni des catholiques intégristes, ni des souverainistes bon teint. Vous pouvez bien abstraitement les mettre en demeure de choisir, ça ne fonctionne pas comme ça. C'est comme les laïcs doctrinaires qui nient l'attachement sociologique de nombreux de leurs compatriotes envers le christianisme, sous prétexte que ceux-ci ne vont pas à la messe le dimanche. Et alors? Si je veux définir ma relation à l'institution ecclésiale selon mes propres termes, c'est moi que ça regarde et personne d'autre. Nous ne sommes pas sortis du cléricalisme pour nous faire dicter notre rapport aux religions par les agnostiques et les athées, quand même.
    3) Je ne vois nulle part M. Bock-Côté prendre parti pour un retour à la Grande Noirceur. Avec égards, je crois qu'il faut avoir votre âge pour sauter au plafond pour les propos qu'il tient. Moi non plus je n'ai pas connu cette époque et je ne vois pas en quoi apprendre à avoir une relation décomplexée avec notre passé devrait automatiquement signifier une adhésion au catholicisme canadien-français d'antan. Je n'arrive pas à voir oû vous avez lu ça. C'est une réaction un tantinet pavlovienne sans doute dictée par les échos d'expériences de jeunesse. Il est respectable de faire valoir vos souvenirs mais ceux-ci n'offrent pas l'unique clé d'interprétation possible du passé ni surtout du présent, selon moi.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    30 août 2010

    @ J. A. Nadeau:
    «Pour la « vision du monde qui n’est pas apparue seulement hier » vous avez entièrement raison de l’évoquer ainsi. Pour moi, cette vision n’est pas statique cependant...»
    Je ne dis pas qu'elle est statique. Mais elle pourrait être contaminée, via le multiculturalisme à la canadienne, qui existe, au fond, pour noyer le fait français en Amérique, dans une mer d'éléments d'autres cultures. Elle est dynamique, mais nous devons nous assurer qu'elle évolue de manière à nous représenter, et non représenter mille et une communautés...
    La majorité québécoise ne doit pas être dépossédée de son état, et de la société qu'elle a créé pour elle-même.
    Je reviens sur l'exemple du calendrier scolaire... Insignifiant? Surtout pas! On ne peut pas «accommoder» tout le monde; une société doit fonctionner sur un certain modèle commun, cohérent.
    Il ne faut pas placer d'un côté, les défenseurs du progrès, supposément, et les autres, qui seraient des traditionnalistes, arriérés. Je ne tiens pas plus que vous, à revenir à un Québec comme celui à qui Duplessis imposait plus ou moins, ses politiques de droite. je ne veux pas non plus, que l'on fasse comme si notre présence ici depuis 400 ans, ne voulait rien dire, et que le Québec n'était qu'une vaste terre d'accueil.
    Quant à Julius Grey, oui, il interprète bien des choses. Comme les lois, et même les faits objectifs. Du côté de la justice, notre Julius? Grand admirateur de Trudeau, de son propre aveu, c'est un fédéraliste et un multiculturaliste, et du côté, d'abord, de ceux qui paient ses honoraires, je pense.

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    28 août 2010

    Vous exprimez un point de vue respectable parce que vous l'exprimez clairement et qu'il se tient bien logiquement. Je ne le partage cependant pas.
    Pour la «vision du monde qui n’est pas apparue seulement hier» vous avez entièrement raison de l'évoquer ainsi. Pour moi, cette vision n'est pas statique cependant. En termes simples, elle vient de quelque part dans notre histoire commune, c'est vrai, mais elle se transforme et elle évolue en fonction des événements, compris dans leurs sens le plus large, et des aspirations de nos concitoyens.
    Le fait marquant le plus durable qui caractérise nos derniers 45 à 50 ans est cette aspiration vers une plus grande liberté d'action, cette aspiration vers l'indépendance.
    Ce qui nous motive présentement n'est pas le désir de militer comme soldats du Christ contre des impies qui voudraient nous imposer leurs mœurs ou leurs habitudes vestimentaires ou alimentaires, mais c'est plutôt l'indépendance du Québec.

    Il ne faudrait quand même pas charrier, je parle de M. Bock-Côté et non de vous, nous sommes quand même une majorité écrasante qui partage un héritage commun. Et qui partageons un rêve d'indépendance. Une fois indépendant, je parie que peu de ces nouveaux arrivants continueront à vivre en vase clos après deux ou trois générations. En attendant, pourquoi s'en faire des ennemis en les confrontant directement? En attendant ne vaudrait-il pas mieux de les ménager? Sachant qu'à la longue, tout rentrera dans l'ordre... à condition d'être indépendant, je le répète.
    Pourquoi se créer des ennemis alors que nous en avons déjà plein les bras sans eux ? La dernière chose que je souhaiterais c'est de transformer des fédéralistes mous en « antiséparatistes » militants et hargneux. Je n'ai vraiment pas besoin de ça dans ma vie.
    Et cela ne signifie pas que nous devrions accommoder n'importe qui, n'importe comment. Cette levée de boucliers relativement au calendrier scolaire qui accommoderait tout le monde et sa sœur me laisse totalement indifférent dans le contexte que je viens de décrire. Il s'agit là d'une forme de diversion vers l'insignifiant, à mes yeux. L'essentiel n'est tout simplement pas là.

    Pour ce qui est de Julius Grey, eh bien..., l'homme n'est pas juge, il ne peut donc pas « interpréter » les lois. Comme avocat il pourrait cependant représenter un client qui voudrait contester une loi à la lumière de la Constitution et de la Charte fédérale des droits.
    Et ... soi dit en passant, je suis convaincu que Me Grey serait un ardent défenseur du droit du Québec de s'affirmer comme État indépendant une fois que la population aura décidé de finalement passer à l'action à plus de 50 % + 1. Consultez son parcours et vous verrez qu'il se positionne toujours du côté de la justice. Je le considère comme un atout pour le Québec. En voilà bien un autre qu'il ne faudrait pas pousser dans les bras de nos acharnés détracteurs

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    28 août 2010

    @ J. A. Nadeau:
    «...démontrer qu’il a compris que l’identité québécoise des vivants a bien plus à voir avec le présent...».
    Mais l'identité de ces vivants, elle a bien quelque chose à voir avec certains repères communs, une histoire commune, et avec une vision du monde qui n'est pas apparue seulement hier, n'est-ce pas?
    Il faut être prudent. Une charte qui empêcherait, par exemple, que l'on tente de parsemer le calendrier scolaire québécois des fêtes de dizaines de religions et sectes, rendant la chose pratiquement ingérable, d'accord! Mais il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Ni créer un texte qui deviendrait un outil avec lequel l'immigrant qui ne fait plus d'effort d'intégration, pourrait nous taper dessus, voulant faire éliminer tout symbole québécois lié à notre passé commun, qui l'agacerait dans sa tentaive de recréer sa toute vie étrangère en sol québécois.
    Par ailleurs, que se passerait-il, si certaines dispositions d'une charte québécoise de la laïcité, pouvaient être interprétées par un Julius Grey, par exemple, comme allant à l'encontre de la Constitution du Canada? Si un litige se retrouvait jusque devant la Cour suprême du Canada, nous savons d'emblée, de quel côté pencherait cette cour...

  • Jacques A. Nadeau Répondre

    28 août 2010

    M. Potvin,
    Votre commentaire est intéressant. Cependant, il ne faudrait pas accorder plus de sérieux qu'l ne faut à mon texte. Il s'agit d'une simple réplique qui vise à faire ressortir le caractère excessif, sinon caricatural, de celui de M. Bock-Côté en répondant avec un style analogue au sien en montant le ton d'un cran ou deux pour bien faire entrer le clou. M. Bock-Côté s'est trouvé un créneau pour mousser sa notoriété et ... pour payer ses études. Il ne crée rien, il ne fait que raconter ce qu'une bonne partie de la population veut entendre pour la conforter dans ses préjugés et ses opinions. Il s'agit foncièrement d'une recette commerciale qu'il adapte au gré de la tournure des événements dans l'actualité.
    Pour ce qui est du fond, et sur un mode un peu plus sérieux, je me préoccupe d'abord par cette idée qui voudrait que l'identité québécoise d'aujourd'hui se définisse d'abord par sa langue et la religion de la majorité; le français et la religion catholique. Les deux sont, sans contredit, des caractéristiques québécoises importantes. Mais aucune n'est exclusive au Québec. Le français est actuel. Mais puisqu'il y a une distinction à faire entre croyance et religion et que la religion catholique se caractérise par ses rituels, il m'apparaît clair que la majorité des Québécois n'est plus de religion catholique. Nos ancêtres étaient «pratiquants» mais nos contemporains ne le sont pas. La religion catholique n'est donc plus actuelle.
    Ce qui reste de la religion catholique c'est sa mythologie. Mais à vrai dire, cette mythologie n'a rien d'exceptionnel qui pourrait la distinguer clairement de la mythologie de la chrétienté en général.
    Et pour revenir au drapeau Québécois et sa remise en question évoquée par M. Bock-Côté, il me semble évident que la croix qui s'y trouve est la même que l'on retrouve sur plusieurs drapeaux de pays européens qui ont été christianisés il y a plus de 1 000 ans. Cette croix chrétienne se retrouve également sur des drapeaux provinciaux canadiens ainsi que sur le drapeau de plusieurs états américains. Sans compter les drapeaux de nombreux autres états, administrations et organismes dans le monde. Sans oublier, pour revenir plus près de chez nous, le drapeau de la Ville de Montréal.

    Alors, au final, M. Bock-Côté se fait l'apôtre de la conservation d'un symbole qui ne nous distingue absolument pas, ni en Amérique ni en Europe. Et, plus grave, il souhaiterait que le symbole le plus puissant d'une nation qui se voudrait différente et distincte soit conforme à celui de nos voisins et que, d'une certaine manière, il consacre l'enchaînement du Québec de demain dans son passé.
    Vouloir faire l'indépendance du Québec pour faire comme les autres et pour continuer sur le même chemin qu'auparavant ne me sourit pas du tout. Ça ne vaudrait pas la peine que je me déplace pour aller voter pour ça !
    Jacques A Nadeau
    Montréal

  • Archives de Vigile Répondre

    27 août 2010

    Monsieur Nadeau,
    Moi aussi, j'ai certaines réserves sur la pensée de M. Mathieu Bock-Côté. Par exemple, sa manie d'associer de façon exclusive le multiculturalisme à la gauche, cette manie-là me tombe autant sur les nerfs que sur la rate. À mon avis, le multiculturalisme, une doctrine très prisée dans le monde anglo-saxon, a infiniment plus à voir avec la droite néolibérale qu'avec une gauche sociale-démocrate ou socialiste.
    Cela dit, votre accusation de «délire traditionaliste» à l'endroit de M. Bock-Côté dépasse la mesure. En somme, vous l'accusez de paléolâtrie (survalorisation du passé) et de néophobie (mépris du présent). Est-ce à dire qu'il vaut mieux être paléophobe et néolâtre ? À ce que je sache, personne n'a encore réussi à démontrer la supériorité éthique d'une telle posture.
    Le Québec s'est sécularisé et cela est irréversible. Le principe de la séparation de l'Église et de l'État prévaut, doit prévaloir et prévaudra. Hormis les Bérêts Blancs et quelques autres bouffons, tout le monde s'entend là-dessus. Mais faut-il pour autant vider notre culture de tout ce qui provient du catholicisme ? Dans son texte, M. Bock-Côté évoque, entre autres aberrations, le cas de ces notables de tout poil qui se croient désormais obligés d'éviter le mot «Noël» quand approche le 25 décembre, par respect, croient-il, pour les non-chrétiens. Franchement ! Cela, c'est vraiment du délire et, malheureusement, c'est plus qu'anecdotique.
    Luc Potvin
    Verdun