Paul Piché vs La Presse

Des artistes à la fois loquaces et sagaces

Tribune libre

Le texte de Paul Piché publié dans Le Devoir du 12 mai (« Je suis de gauche et j’appuie PKP ») n’en fait aucune mention mais il est de toute évidence une réplique aux chroniques de Marc Cassivi et Lysiane Gagnon dans La Presse des 3 et 5 mai derniers. Et puisque la réplique de M. Piché n’a pas reçu la grâce d’être publiée dans les pages du quotidien de la rue Saint-Jacques, c’est dans celui de la rue Bleury qu’elle s’est retrouvée. Les salves contre les 101 signataires d’une lettre en faveur de M. Péladeau dans Le Devoir du 2 mai n’étaient pourtant pas bénignes.

Des deux scribes de La Presse, Lysiane Gagnon a été de loin la plus condescendante. « On savait les artistes émotifs et prompts à s'enflammer sans trop de réflexion. Cela fait partie de leur charme. Mais en 40 ans de journalisme politique, je n'ai jamais vu un groupe d'artistes professer ainsi leur reconnaissance envers un chef », écrit-elle, avant d’ajouter, « Mais quel besoin avaient Xavier Dolan, Denys Arcand ou Claude Gauthier (l'auteur de l'inoubliable hymne Le plus beau voyage) de s'abaisser au niveau des quémandeurs de subventions ? ». Comme s’il était impensable que ces personnes accordent à PKP un appui désintéressé, par pure conviction personnelle.

Deux jours auparavant, Marc Cassivi avait lancé, « Pierre Karl Péladeau incarne, dans son essence, le contraire des valeurs sociales-démocrates du fondateur du Parti québécois. Cela ne semble pas indisposer certains des plus fervents admirateurs de Lévesque, pour qui la promesse d'un pays semble avoir préséance sur tout le reste. Ils sont prêts à fermer les yeux sur le passé et à se pincer le nez en votant pour avoir leur pays. » Et bien oui, M. Cassivi. Ces 101 artistes comprennent bien que l’indépendance du Québec n’abolira pas les élections, au cours desquelles nos concitoyens pourront toujours exprimer leurs allégeances de gauche ou de droite. Cela signifie que les péquistes attendent de leur prochain chef qu’il fasse la promotion de l’option indépendantiste en tant que quête de souveraineté politique dans toute sa plénitude – comme tout pays normal – et non en tant que projet de société de gauche ou de droite. Et moi qui voterai pour Martine Ouellet, j’ai beaucoup de respect pour l’engagement indépendantiste éclairé de ces 101 artistes.

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Christian Gagnon138 articles

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    14 mai 2015

    "les péquistes attendent de leur prochain chef qu’il fasse la promotion de l’option indépendantiste "...
    Et leur prochain chef attend d'eux qu'il cessent d'aller s'affronter entre eux chez les télé-diffuseurs fédéraux qui se tordent de rire comme hier chez Anne-Marie Dussault quand les trois artistes n'ont pas pu se contenter de vanter leur choix mais ont descendu les autres candidats comme des Libéraux.