Et voilà! Le dernier chèque de paiement fut envoyé pour régler l'hypothèque olympique de 15 milliards de dollars. La fameuse taxe du tabac n'a plus sa raison d'être. Il est à craindre une explosion de tabagisme alors que les bases économiques de Kahnawake et Kanesatake s'écroulent. Heureusement que le ministre de la Santé, le bon docteur Couillard, y veille au grain pour justifier le maintien de la taxe olympique. Il faudra se préparer à deux nouvelles factures olympiennes : La construction simultanée de deux CHUs à Montréal.
Pourquoi deux mégaprojets semblables à Montréal? Toutes réponses semblent relever de l'accommodement déraisonnable. D'abord, le Centre de Santé de l'Université McGill (CSUM) est dit le pendant anglophone du Centre Hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Est-ce réellement une séparation linguistique reposant sur une obligation constitutionnelle? Non!
C'est qu'il y a deux université à Montréal possédant une faculté de Médecine. La fracture est donc institutionnelle et la clientèle fréquentant le CSUM est donc constituée d'importantes masses francophones et de communautés culturelles diverses. Il en est de même au CHUM.
Le CSUM fonctionnerait en anglais parce qu'il est rattaché à McGill. Pourquoi le Québec soutient-il une université anglaise de la taille de McGill ? La Constitution de 1867 obligeait le Québec à fournir une éducation élémentaire à sa communauté anglophone, rien de plus. Une telle obligation n'existait pas pour les autres provinces. C'était déjà du fédéralisme asymétrique.
Mais McGill préexistait devant la Constitution et le Ministère de l'Éducation. Fondé grâce au leg de James McGill sur sa propriété de Burnside et aux biens réquisitionnés des Jésuites, cette université devait éduquer l'élite du Canada Français et propager les idées libérales. James McGill, un marchand écossais membre du Parti Whig (ancêtre du Labour), se faisait apôtre de la Tolérance (vertu imposée par Henri IV en France) en passant d'une chapelle protestante à l'autre, et en mariant la veuve Trottier-Desrivières et en adoptant ses fils. Le clergé catholique réagira en promouvant l'Université Laval et sa succursale montréalaise, qui deviendra plus tard l'Université de Montréal. La fracture universitaire était déjà consacrée par des orientations politico-religieuses. Les différentes sectes protestantes ne pouvaient suffire seules à soutenir McGill. Ils apprirent à composer, avant la fusion dans la United Church of Canada. La différence des points de vue favorisait la liberté académique à McGill tandis que l'Église catholique imposait sa chape de plomb à l'université de Laval.
La province du Québec a soutenu ces deux universités parce qu'elle fut la plus riche et la plus populeuse du Canada et que Montréal fut la métropole du Canada. Ce faisant, une tradition de Separation (a.k.a. Apartheid), mêlée d'équité de privilèges s'est imposée. Et c'est pourquoi Montréal est la seule ville du continent ayant deux facultés de médecine en son sein.
Dès les années 60, le pôle économique s'est déplacé vers l'Ontario qui compte aujourd'hui 10 millions d'habitants, dont 1 million de francophones, mais aucune université vraiment francophone. Le seul hôpital francophone ontarien, l'hôpital Montfort, fut fusionné de force par le gouvernement Harris au mégahôpital d'Ottawa.
Le budget de notre province, grevé par la dette olympique et des immobilisations d'infrastructures de la Révolution Tranquille, a forcé le regroupement des petits hôpitaux, comme celui des petites villes. Prolonger la séparation institutionnelle entre McGill et l'U. de Montréal, c'est maintenir cette coûteuse tradition de Separation.
Et pourtant, si l'on fusionnait les deux CHUs de Montréal en un seul CHU bilingue, déservant équitablement les deux institutions dans le meilleur intérêt de ses patients, on ferait honneur à l'héritage de James McGill, grand patron du Libéralisme canadien.
Qu'est-ce que le Parti Libéral du Québec attend pour sceller la Révolution Tranquille dans une alliance entre les deux communautés par le partage des institutions à venir? Les glorieux Habitants Canadiens sont issus de la fusion de deux équipes montréalaises. Auraient-ils été aussi glorieux s'ils furent des équipes séparées pour des raisons linguistiques?
Francis Déry
Montréal
P.S. Le véritable courage d'un politicien n'est pas de foncer coûte que coûte, mais de reculer sur une mauvaise décision.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
12 février 2007@André Lepage
Une démocratie faisant voter des minorités ne parlant pas la langue de la majorité : l'Inde.
Langue majoritaire : l'Hindi. Ou du moins la plus importante.
Langue officielle : l'anglais.
Archives de Vigile Répondre
5 février 2007L'Ontario a fusionné l'hôpital Montfort au mégahôpital d'Ottawa.
Il y a eu lutte épique de la communauté franco-ontarienne.
Montfort fut intégré comme un pavillon francophone donnant le statut bilingue au mégahôpital d'Ottawa.
Le reste de ma réponse est donné à la suite de ma lettre à m. Couillard publié sur ce site (http://www.vigile.net/spip/article3942.html).
Pour réussir, il ne suffit point d'énoncer des principes. Il faut être réaliste dans ce qu'on veut entreprendre. D'ailleurs, même le Dr. Lazure est pour un seul CHU bilingue. Quoique son premier choix serait qu'il n'y ait pas de CHU du tout. Il sait que ce ne sera que du béton et de la brique. La priorité de Charest n'est pas la santé, mais les édifices de la santé. Lesquels nouveaux édifices pourront être baptisés Honorable John-James-Charest ou Phillipe-Couillard.
Et pour un CHU bilingue, nous irons voir le mégahôpital d'Ottawa comme modèle. cela devrait stimuler les administrations outre-rivière à améliorer les services en français. En attendant, nous détenons leur ancien administrateur, le dr. David Levine.
Archives de Vigile Répondre
28 décembre 2006Pas question qu'un CHU bilingue. Mais je suis pour un seul CHU dans la langue officielle du Québec. Comme tout pays normal, les hôpitaux et tous les organismes gouvernementaux doivent opérer dans la langue officielle du pays. Cela n’empêche pas de donner des services dans une autre langue Nous sommes civilisés et nous laisserons pas des gens qui ne comprennent pas notre langue sans interprète.
L’État du Québec doit être aussi français que la province de l’Ontario est anglaise.
Pour assurer la pérennité du français nous devons prendre les mesures nécessaires pour y arriver comme font tout peuple qui se respecte.
Je dirai même que nous sommes plus qu’une nation. Nous sommes un ÉTAT-NATION.
Nous avons un gouvernement national, un territoire reconnu par la communauté universelle, une cour avec juges et lois distinctes, une majorité, une minorité, des communautés ethniques et des nations autochtones.
Nonobstant ceux qui nous traitent de nation ethnique. Nous sommes un ÉTAT-NATION
Nous avons prouvez à maintes reprises que nous formions une NATION. Lors deux référendums derniers portant sur AVENIR de notre nation. Nous l’avons prouvé parce que tous les Québécois ont eu le droit de voter malgré qu’ils fassent partie de la majorité ou la minorité ou des communautés ethniques ou des nations autochtones et même beaucoup l’ont fait illégalement nous en avons la preuve. Nous avons perdu le premier référendum et fait voler le deuxième.
Nommez moi un pays qui fait voter tous ses habitants même si beaucoup ne peuvent même pas parler la langue officielle et ne connaissent pas l’histoire du pays ?
ETC…
Archives de Vigile Répondre
28 décembre 2006ET BEN oui... !
MAIS UN POLITICIEN NE RECULE QUE S`IL Y EST FORCÉ...
IL ARRIVE QUE CE SOIT PAR SA LUCIDITÉ X SA CONSCIENCE, MAIS C`EST RARE.
LE PLUS SOUVENT, C`EST PAR LE PEUPLE.
OR, OÙ EST NOTRE FORCE ?
DANS NOS TÊTES D`ALIÉNÉS SOI-DISANT "PACIFISTE" ?
TU PARLES D`UNE "VALEUR"...: UN ALIBI , PLUTÔT !
GEORGES-ÉTIENNE CARTIER