Différend autour de l'article 1 au PQ

Lisette Lapointe estime que sa position sur l'article 1 est partagée par bien des membres. «Les militants ont besoin de savoir qu'on va préparer un référendum» et comment le PQ va s'y prendre, a-t-elle affirmé.

PQ - XVIe congrès avril 2011



Tommy Chouinard (Saint-Hyacinthe) La députée Lisette Lapointe, femme de Jacques Parizeau, trouve «faible» l'article 1 sur la souveraineté que propose sa chef Pauline Marois. Elle prépare un amendement important en prévision du congrès des membres en avril, où Mme Marois se soumettra à un vote de confiance.
La députée de Crémazie se défend de mener une «charge contre le leadership» de sa chef. Elle dit vouloir «renforcer» le projet de programme présenté par Mme Marois. Le nouveau programme sera adopté au congrès. Selon Mme Lapointe, le PQ doit s'engager à faire des gestes précis, en particulier avant les élections générales, afin de préparer la tenue d'un référendum.
L'article 1 sur la souveraineté, «je le trouve faible», a affirmé Lisette Lapointe au cours d'un entretien avec La Presse.
Cet article prévoit qu'un gouvernement péquiste tiendrait un référendum «au moment jugé approprié». Pauline Marois a évacué l'obligation d'en organiser un «le plus rapidement possible» dans un premier mandat, une formulation dont Bernard Landry souhaite le retour.
«Je ne suis pas intéressé au débat sur la date, a indiqué Lisette Lapointe. Même si on dit le plus rapidement possible, selon moi, ça ne change pas grand-chose. Ce n'est pas de cette façon-là qu'on va faire avancer les choses.»
L'article 1 précise ensuite qu'un gouvernement péquiste chercherait à acquérir plus de pouvoirs d'Ottawa et adopterait une constitution, une charte de la laïcité et une citoyenneté québécoises. Or, il ne prévoit rien sur la préparation d'un référendum, déplore Lisette Lapointe.
«Si rien ne se fait avant» une éventuelle prise du pouvoir, «on va se faire happer par la machine et ce sera compliqué d'organiser un référendum», a-t-elle dit.
La députée souhaite que le PQ s'engage à mettre à jour, avant les élections générales, le document sur les finances d'un Québec souverain, présenté par François Legault en mai 2005. Le parti doit aussi mener de nouvelles études sur la souveraineté, sur les conséquences de ce choix, qui pourraient servir d'argumentaire en faveur de l'option. «Ça a été fait en 1995, mais 15 ans plus tard, les choses ont changé», a noté Mme Lapointe. Cette année-là, le ministère de la Restructuration dirigé par Richard Le Hir avait commandé une série d'études à divers consultants - sur le partage des actifs et de la dette, entre autres. La gestion de l'attribution de ces contrats avait suscité la controverse.
Pour Mme Lapointe, le PQ doit affirmer dans son nouveau programme qu'il travaillera à la reconnaissance internationale d'un éventuel Québec souverain, encore une fois avant les élections.
Le vice-président de l'association péquiste de Crémazie, Hadrien Parizeau - petit-fils de l'ancien premier ministre -, insiste lui aussi sur la nécessité de «renforcer» le projet de programme de Mme Marois. «On veut qu'elle s'engage à préparer la souveraineté du Québec en créant une commission composée de militants et de députés qui mettrait à jour les études faites en 1995», par exemple, a-t-il dit.
Lisette Lapointe estime que sa position sur l'article 1 est partagée par bien des membres. «Les militants ont besoin de savoir qu'on va préparer un référendum» et comment le PQ va s'y prendre, a-t-elle affirmé.
Au terme du conseil national de son parti hier, Pauline Marois a cherché à minimiser l'impact de la sortie de Lisette Lapointe. Elle a nié l'existence d'une grogne au sein des troupes au sujet de l'article 1.
«J'ai eu quelques échanges avec Lisette. On pense tous la même chose: il faut travailler à concrétiser le plus possible ce que ça signifie, la souveraineté, pour le peuple québécois. (...) L'article 1, c'est difficile de lui faire dire plus que ce qui est là. Il dit que l'objectif du Parti québécois est de réaliser la souveraineté. Je ne sais pas ce qu'on peut faire de plus», a-t-elle plaidé en conférence de presse.
La chef a souligné que la promesse de tenir un référendum «au moment jugé approprié» a été adoptée à l'unanimité au printemps 2009. Interrogée pour savoir s'il y aurait un référendum dans un premier mandat péquiste, elle a répondu: «Je le souhaite, je vais y travailler, mais je veux garder la porte ouverte.»

Les propositions de Lisette Lapointe rejoignent en partie celles du SPQ libre, club politique exclu du PQ mais dont les membres militent toujours au sein du parti. Selon les amendements que propose ce groupe, le PQ devrait, avant son élection, «formuler des politiques nationales pour le pays» afin de «rendre concret le projet». Il devrait diffuser des documents sur le processus d'accession à la souveraineté. Un gouvernement péquiste devrait «se limiter à poser les gestes absolument indispensables pour donner suite à son engagement de réaliser la souveraineté». Il devrait organiser une campagne de promotion et des forums publics sur la souveraineté.


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