Dion n'est pas le père de la loi sur la clarté référendaire

Jean Pelletier 1935-2009



«Dans la guerre, on ne se demande pas si les munitions sont payées, on les tire» - Jean Pelletier sur la conformité du financement du grand love-in de Montréal avec la Loi référendaire québécoise.

(Québec) Contrairement à ce que l'on a toujours cru, Stéphane Dion n'est pas le père de la Loi sur la clarté référendaire. M. Dion avait même des réserves quant à cette idée, tout comme Jean Charest qui a refusé l'invitation pressante d'Ottawa de lancer cette initiative à partir de Québec.
C'est ce qu'a révélé Jean Pelletier au Soleil, à l'occasion d'entrevues accordées à l'automne, dont nous publions aujourd'hui les derniers extraits.
L'ancien chef de cabinet de Jean Chrétien raconte également que le gouvernement canadien a totalement ignoré le comité du Non pour se lancer dans la bataille référendaire en 1995, lorsqu'il a constaté que les souverainistes étaient sur le point de l'emporter. «Dans la guerre, on ne se demande pas si les munitions sont payées, on les tire», a répondu M. Pelletier, en réponse à une question portant sur la conformité du financement du grand love-in fédéraliste de Montréal, avec la loi québécoise sur les référendums.
Il a expliqué qu'au début de la campagne, Jean Chrétien avait demandé à ses collègues d'inscrire leur participation dans le cadre des structures du comité du Non. Mais les libéraux de Daniel Johnson les tenaient dans l'ignorance et ne voulaient pas de leur aide. C'est l'arrivée de Lucien Bouchard aux côtés de Jacques Parizeau et la remontée du Oui dans les sondages, qui ont amené Jean Chrétien à sauter dans la mêlée, sans demander la permission. Les libéraux de Johnson «n'aimaient pas cela qu'on prenne le contrôle, mais on s'en fichait et on ne s'en est pas occupé», a raconté M. Pelletier.
Ses confidences concernant la Loi sur la clarté référendaire permettent d'apprendre que tous les membres du Conseil des ministres, incluant Stéphane Dion, avaient des réserves sur cette initiative. «Tout le monde était contre ou hésitant, y compris M. Dion», a confié M. Pelletier, pour ajouter que M. Dion a fini par se rallier et est ainsi devenu le parrain du projet de loi.
Autre révélation intéressante : Stéphane Dion et Jean Pelletier sont venus à Québec à deux reprises pour tenter de convaincre Jean Charest de «partir le bal» de la clarté référendaire. «Il a refusé, a raconté M. Pelletier. J'ai l'impression qu'il avait des doutes politiques sur le fond. M. Charest a bien évolué depuis qu'il était à Ottawa. Il est maintenant plus ?à la Bourassa? qu'il l'a été...».
Jean Chrétien a donc attendu en décembre 1999 pour déposer son projet de loi. «Quand ça va venir à l'ordre du jour de la Chambre, les étudiants vont être en vacances, et quand ça va s'étudier en janvier, il va faire trop froid pour que Bouchard sorte bien du monde devant la Colline», avait expliqué le premier ministre.


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