Une campagne sans rêve, à l’image du Québec

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Même les fédéralistes avouent que la campagne a été d'une incroyable tristesse

Vous avez été nombreux, depuis le début de la campagne électorale, à faire valoir que les engagements des partis politiques ne faisaient pas rêver, qu’ils avaient été marqués par le clientélisme. Une multitude de promesses visant à séduire les jeunes, les familles, les aînés, les gens d’affaires, les immigrants et j’en passe.


En entrevue, jeudi, Manon Massé a rappelé l’époque de la Révolution tranquille et de l’émergence du mouvement souverainiste, lorsque les Québécois voyaient grand. Ce qu’elle a oublié de mentionner, c’est que la société des années 60 et 70 était jeune. C’était l’ère des baby-boomers. Une génération dans la vingtaine et la jeune trentaine qui montait au front pour occuper les leviers du pouvoir, du savoir, de l’économie. C’était le temps des grands investissements publics. La dette n’était pas encore un obstacle. 


Le Québec d’aujourd’hui est beaucoup plus âgé. Il désire du changement, mais pas trop. Il recherche davantage la protection que le rêve. Nous avons eu peur des immigrants parce qu’ils venaient «voler nos jobs», et ensuite parce qu’ils ne partageaient pas notre langue, notre culture et notre religion. Aujourd’hui nous désirons les accueillir parce que nous avons peur de manquer de main-d’œuvre dans nos entreprises et nos CHSLD. Nous sommes soudainement devenus les champions de l’environnement, mais uniquement parce que nous avons peur des changements climatiques. Et encore…


Ce ne sont là que deux exemples, mais ils illustrent une société différente où tout le monde cherche à conserver ses acquis et à se protéger.


Est-ce à dire que le rêve est impossible aujourd’hui? Je ne crois pas. Mais les partis à l’Assemblée nationale, incluant Québec solidaire, se sont éparpillés dans une multitude de promesses au lieu de concentrer leurs efforts et leurs messages sur de grands objectifs qui auraient pu nous emballer.


Je crois sincèrement que Philippe Couillard aurait gagné à miser davantage sur l’environnement au lieu de s’engager à nous «faciliter la vie» maintenant que l’équilibre budgétaire a été atteint grâce à son gouvernement. Ce que j’ai retenu de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, c’est que ce défi mondial ouvre la porte à de nouvelles façons de faire, à une nouvelle économie. Les enjeux environnementaux ne se limitent pas aux gaz à effet de serre. Il me semble qu’une véritable réflexion et une recherche poussée sur cette nouvelle ère auraient permis de dégager un projet global motivateur.


Je pense que François Legault aurait gagné en travaillant plus fort sur l’éducation, un projet qui lui tient à cœur depuis son passage à ce ministère en 1998. Ce n’est pas uniquement en martelant les bienfaits de la maternelle à quatre ans qu’on va faire rêver les Québécois.


Jean-François Lisée a abandonné le rêve souverainiste sous prétexte que le projet l’empêcherait de prendre le pouvoir. Il a agi comme s’il était la seule solution de rechange au gouvernement, alors qu’il ne l’était plus. Ce faisant, il a donné une partie de sa clientèle naturelle à Québec solidaire.


Manon Massé et Gabriel Nadeau-­Dubois aussi se sont égarés. Au lieu d’appuyer leur rêve sur quelques grands idéaux, ils ont agi comme s’ils avaient une chance réelle de prendre le pouvoir. Tout comme les vieux partis, ils se sont éparpillés sur une foule de promesses, dont plusieurs étaient totalement farfelues ou irréalistes.


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