Direction du Parti conservateur: les principaux aspirants viennent de l’est

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Rona Ambrose parle trop mal français pour être aimée au Québec


La course à la direction du Parti conservateur se dessine jusqu’ici comme une lutte mettant aux prises des candidats qui sont presque tous issus des provinces du centre et de l’est du pays — une première pour cette formation politique qui a toujours eu comme principal bastion les provinces de l’Ouest.


Quatre jours après l’annonce de la démission surprise d’Andrew Scheer — un député de la Saskatchewan qui a été élu chef du parti au 13e et dernier tour d’une course visant à trouver un remplaçant à Stephen Harper —, la liste des candidats qui aspirent à lui succéder s’allonge. Mais les candidats sérieux venant des provinces de l’Ouest se font rares jusqu’ici.


Pourtant, le Parti conservateur a littéralement balayé cette région du pays au dernier scrutin alors qu’il a fait peu de gains en Ontario et dans les provinces atlantiques. Il n’a remporté que 10 sièges au Québec, soit un de moins qu’à la dissolution du Parlement.


 

Déjà, certains candidats s’activent. C’est le cas du député conservateur de l’Ontario Erin O’Toole, qui est arrivé troisième derrière Andrew Scheer et Maxime Bernier durant la dernière course à la direction. M. O’Toole multiplie les appels afin de jauger ses appuis, mais sa décision est prise. Il briguera à nouveau la direction du parti. Selon nos informations, il a déjà déniché une personne pour diriger sa campagne. Il s’agit de Fred DeLorey, ancien apparatchik du parti qui a été candidat malheureux aux élections fédérales de 2015 dans la circonscription de Central Nova, en Nouvelle-Écosse.


Peter MacKay, ancien ministre de la Justice et de la Défense dans le gouvernement de Stephen Harper, est aussi en train de s’organiser. La décision de l’ancien premier ministre Bernard Lord de ne pas se lancer dans la course lui laisse la voie libre. En coulisses, M. MacKay, qui est natif de la Nouvelle-Écosse, jouirait d’ailleurs de l’appui de Mark Mulroney, fils de l’ancien premier ministre Brian Mulroney. Le jeune Mulroney est bien branché à Bay Street, à Toronto, tient-on à souligner.





PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE


Peter MacKay 





Pour l’heure, M. MacKay confirme que le poste l’intéresse, mais il prévient que sa décision n’est pas entièrement arrêtée. Il souhaite discuter de ce grand projet avec sa famille et ses proches durant le temps des Fêtes avant de prendre une décision finale. Mais en coulisses, ses partisans s’organisent.


Un « bleu » du Québec, le député conservateur Gérard Deltell, poursuit sa réflexion. M. Deltell a confirmé à La Presse qu’il recevait des appels l’encourageant à se lancer dans la course. Reconnu dès son arrivée à Ottawa comme un redoutable parlementaire, M. Deltell était à Toronto « pour des rencontres ». Il a notamment eu un entretien avec le ministre de l’Éducation, Steven Lecce, ancien proche collaborateur de Stephen Harper à Ottawa et considéré comme une étoile montante du gouvernement conservateur de Doug Ford. Officiellement, l’objet de la rencontre portait sur le dossier de l’unité canadienne. M. Deltell est critique conservateur en matière d’affaires intergouvernementales.


Un autre nom qui circule est celui de Pierre Poilievre, député de la région d’Ottawa qui s’exprime avec aisance dans les deux langues officielles.


Reconnu comme un député pugnace qui a le don de faire rager l’adversaire, il n’a pas fermé la porte à une candidature, lundi.


« Il est beaucoup trop tôt pour commenter là-dessus », a-t-il soutenu en marge d’un point de presse, niant que des collaborateurs s’activaient en coulisses pour tâter de potentiels appuis.


« Je n’ai pas d’organisation de campagne, parce que je ne suis pas en campagne. […] C’est sûr qu’on va avoir besoin d’un chef qui peut se lever, se battre et gagner », a martelé celui qui est devenu père il y a quelques mois.


En coulisses, toutefois, des sources confirment à La Presse que M. Poilievre mesure ses appuis, notamment auprès des élus et organisateurs conservateurs du Québec.


Ces mêmes élus et organisateurs du Québec misaient grandement sur la candidature de Bernard Lord. Son refus de faire le saut sur la scène fédérale, malgré cette quatrième campagne de séduction de la part des bleus du Québec et des conservateurs des provinces atlantiques, a provoqué une certaine commotion dans leurs rangs. Mais il a aussi eu pour effet de mettre fin à l’empressement des uns et des autres à prendre une décision. Certains des aspirants candidats jugent qu’ils peuvent poursuivre leur réflexion durant le temps des Fêtes avant de prendre une décision lourde de conséquences sur le plan familial.


Le nom de l’ancien ministre et sénateur Michael Fortier a aussi été avancé. Mais ce dernier n’a guère laissé un bon souvenir chez ses collègues conservateurs à Ottawa, réduisant presque à néant ses chances d’obtenir des appuis parmi eux.


Le député conservateur de l’Ontario Michael Chong, qui était aussi candidat lors de la dernière course à la direction, a déjà fait savoir qu’il songeait à briguer de nouveau la direction du parti. Sa collègue de l’Ontario Marilyn Gladu est aussi en réflexion.


Dans l’Ouest, le nom de l’ancienne ministre dans le gouvernement Harper Rona Ambrose est sur toutes les lèvres. Selon nos informations, celle qui a assuré l’intérim à la barre du Parti conservateur pendant 18 mois, de novembre 2015 à mai 2017, n’a pas fait part de son intérêt à des députés ou à des organisateurs jusqu’ici, même si elle a reçu l’appui du premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, et celui de l’ancien premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall.





PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE


Rona Ambrose 





Comparativement à Pierre Poilievre et à Gérard Deltell, Mme Ambrose a un sérieux handicap : elle ne parle pas assez bien le français pour croiser le fer durant un débat télévisé, moment fort de toute campagne électorale. Et des conservateurs du Québec ont promis de tout faire pour lui barrer la route si elle décide de se lancer dans la course.


Seule certitude jusqu’ici, l’ancien adversaire d’Andrew Scheer dans la dernière course, Maxime Bernier, qui a claqué la porte du parti l’an dernier pour former sa propre formation politique, le Parti populaire du Canada, écarte l’idée d’être candidat.


« On me demande si je vais me présenter encore à la chefferie du Parti conservateur du Canada. Aucune chance que ça arrive. Le parti est moralement et intellectuellement corrompu. C’est pour ça que je suis parti. Scheer était un chef faible qui l’a poussé vers le centre. Le prochain chef va faire la même chose. J’ai lancé une alternative qui défend des principes clairs. J’y tiens et j’y reste », a-t-il fait savoir sur son compte Twitter.




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