(Québec) Véronique Hivon n'est toujours pas en mesure d'annoncer si elle participera à la course pour succéder à Pauline Marois à la tête du Parti québécois.
Jointe en fin de journée, jeudi, la députée de Joliette a indiqué qu'elle n'en est pas au même stade de réflexion que son collègue Bernard Drainville. L'élu de Marie-Victorin a fait savoir publiquement qu'il y «pense» et s'y «prépare», mais que sa «décision n'est pas encore prise» pour ce qui est d'une tentative de devenir chef.
Mme Hivon a refusé d'écarter cette possibilité. Elle a insisté sur le fait qu'au lendemain même de la défaite électorale de sa formation électorale, le 7 avril, elle a plaidé la nécessité d'y aller d'abord «d'une réflexion en profondeur».
Pour elle, ce qui compte, «en ce moment, ce sont les idées avant les personnes [pouvant diriger le PQ]; le "quoi" avant le "qui". Une course, c'est pour se choisir un chef, mais aussi pour faire un débat d'idées.»
Véronique Hivon a reconnu que les inévitables affrontements entre candidats à la direction peuvent déchirer un parti. «Mais plus nous aurons un débat avant la course, plus ça nous permettra [de dégager] un tronc commun» pour rallier tous les péquistes. Elle a dit être en partie rassurée à ce sujet par la «sagesse» dont auraient fait preuve militants et élus, au lendemain de la défaite.
À ses yeux, la clé pour relancer le PQ, c'est de «rebâtir le lien de confiance avec la population. Elle nous a envoyé un sérieux message», lors du dernier scrutin, en chassant le Parti québécois du gouvernement.
Véronique Hivon a fait valoir qu'elle «apprécie la contribution» de M. Drainville dans le brassage d'opinions au sein de la formation politique. Celui-ci a effectué quelques sorties publiques, ces dernières semaines, dont la publication d'un blogue, il y a deux jours.
Plaidoyer pour la clarté
Dans le billet apparaissant dans Internet, il préconise que les péquistes utilisent le terme le plus clair possible pour promouvoir son option. Ses propos sont tombés au lendemain de la démission fracassante du député Jean-François Fortin, à Ottawa, pour cause de radicalisation alléguée du discours du chef du Bloc québécois Mario Beaulieu.
Depuis quelques semaines, M. Drainville met de l'avant que la défaite du Parti québécois, le 7 avril, est notamment attribuable au manque de clarté de sa formation sur la question de l'échéancier référendaire. Lors d'un entretien accordé au Soleil, il a de nouveau pris soin de préciser qu'il ne blâme personne pour le flou référendaire. «Je faisais partie du gouvernement», a-t-il relevé.
Bernard Drainville a réitéré que, pour lui, il est plus clair de parler d'indépendance du Québec que de souveraineté. «C'est la même chose, a-t-il enchaîné. Mais je trouve cela plus clair. C'est le contraire de la dépendance, la liberté de faire tous les choix» qu'un peuple doit avoir, a-t-il plaidé.
Interrogée sur ce point, sa collègue Véronique Hivon y a vu un débat sémantique. M. Drainville dit d'ailleurs que souveraineté et indépendance, «ce sont des synonymes», s'est-elle empressée de noter.
Quelques nuances
S'il y a des nuances entre les deux membres de l'aile parlementaire du PQ, leur vision n'est pas aux antipodes l'une de l'autre sur certains aspects.
Bernard Drainville a mis de l'avant que les «provincialistes», les tenants du fédéraliste canadien, ont le devoir de démontrer «en quoi c'est emballant de rester dans un système qui impose au Québec des décisions». Pour Véronique Hivon, «je suis convaincu depuis un bon moment que le fardeau de la preuve» appartient aussi aux fédéralistes.
Tous deux ont refusé catégoriquement de commenter les remous qui agitent le Bloc québécois. Pour Mme Hivon, «je n'ai pas de commentaires» sur le sujet, si ce n'est que les souverainistes devraient s'unir, non se diviser. Selon M. Drainville, «je n'embarque pas dans ça. Je ne veux pas parler du Bloc, mais de mon blogue».