Douze organismes de défense des droits de la personne pressent le premier ministre Justin Trudeau d’interdire la vente de véhicules blindés légers (VBL) à l’Arabie saoudite.
En octobre 2018, le premier ministre canadien a indiqué vouloir réviser les permis d’exportation vers le royaume saoudien, mais rien n’a été fait depuis, ont déploré mardi les signataires, parmi lesquels se trouvent Oxfam, Médecins du monde et Amnistie internationale.
«Neuf mois se sont écoulés depuis l’annonce que vous avez faite, d’examiner les exportations militaires vers l’Arabie saoudite, et votre gouvernement n’a toujours pas diffusé le résultat de cet examen», peut-on lire dans une lettre ouverte.
En décembre, à la suite de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, Justin Trudeau avait dit chercher des moyens de ne pas honorer le contrat, mais, depuis, rien n'a été fait en ce sens, regrettent les organismes. «Aucune mise à jour par rapport au progrès de l’examen n’a été présentée, ce qui remet en question la sincérité de ces efforts. À la veille des élections fédérales [...] les Canadiens ont le droit de connaître le résultat de l’examen de votre gouvernement.»
Les organismes ont rappelé que plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont cessé de fournir du matériel militaire à l'Arabie saoudite, en raison de son implication dans le conflit yéménite.
L’Arabie saoudite soutient actuellement une guerre civile au Yémen, pays qu’elle juge trop proche de l’Iran, principale force d’opposition à l’Arabie au Moyen-Orient.
Ottawa avait exprimé dès 2017 des inquiétudes concernant l'éventuelle utilisation de ces blindés légers dans des opérations de répression dans l'est de l'Arabie saoudite et au Yémen.
En 2018, le Canada a exporté 127 véhicules blindés légers en Arabie saoudite, suivant un contrat de 15 milliards de dollars signé par le gouvernement conservateur en 2014 et portant à l'origine sur la livraison de 928 véhicules.
Lors de la précédente élection fédérale, Justin Trudeau avait promis de rompre ce contrat d’exportation, mais il était revenu sur sa promesse une fois élu, alléguant les coûts financiers importants d’une rupture.