Grève étudiante

Droit de vote

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012


Coup de sifflet. Temps d’arrêt. Le conflit qui oppose le gouvernement et 180 000irréductibles de la grève ne s’apaisera d’aucune manière avec une négociation bidon menée sur la place publique. Loin de s’adoucir, les positions se cristallisent, l’exaspération venant s’ajouter à une longue liste d’irritants. Un moratoire, s’il vous plaît.
Les points de tension se multiplient dans cette lutte bien plus idéologique qu’économique. Le climat se détériore, bien au-delà de ces manifestations emportées qui sur fond pacifique parfois dégénèrent. Les entêtés sont dans les deux camps : obstinément pour la hausse de 1778 $ ou totalement pour le retour au gel. Le juste milieu, cette hausse raisonnable qu’évoquait Pauline Marois hier, pourquoi donc ne passe-t-elle pas le cap des discussions, ni dans un camp, ni dans l’autre ?
Au lieu de jeter du lest, on cristallise les positions. Hier encore, des injonctions forçant le retour en classe n’ont pas été respectées tant les blocus étaient imposants devant les portes. La voie des tribunaux ne fait même plus le poids ? Même le juge en chef François Rolland a senti le besoin de s’en mêler hier pour déplorer les dérives inacceptables dont il est le témoin !
Décidément, cette joute déjoue tous les repères habituels. Que ce soit celui de la négociation, dont les bribes entrevues à ce jour ne permettent même pas de lui donner cette appellation. Que ce soit celui de la solidarité, que les étudiants ont - à ce jour… - maintenue malgré des antagonismes idéologiques évidents. Ou tout bêtement celui du temps : nous voilà à l’aube du jour 80 de grève, et rien n’indique que les irréductibles plieront l’échine - notre une du jour en donne un aperçu avec la position que défendra aujourd’hui la CLASSE, et déplaira au trio Charest-Beauchamp-Bachand.
Mais il est un repère, un socle, qui ne doit pas être contourné, et c’est celui de la démocratie. Les étudiants, qui s’en drapent depuis le début des protestations, opineront sans grand mal. Mardi, FEUQ et FECQ apportaient leur contre-offre au gouvernement ; aujourd’hui, la CLASSE dépose la sienne. Mais combien d’étudiants au juste ont rejeté la proposition du gouvernement avant qu’on renvoie la balle ?
La réponse précise est impossible, car le tour d’horizon n’est pas complet. Combien d’étudiants se sont prononcés ? Quel était le pourcentage de participation aux assemblées ? Ont-elles tenu un vote secret ? Si elles détenaient déjà des mandats de grève illimitée, les assemblées ont-elles réuni à nouveau leurs membres ? Si oui, combien ont rejeté l’offre de Québec ? Suit-on la règle de la majorité plus un ou celle des deux tiers des voix au moment du vote ? Et ces 70 % d’étudiants membres des associations qui ont terminé les cours mais qu’on ne peut plus rejoindre pour le vote ? Comment sonder leur coeur ?
Autant de questions auxquelles les groupes étudiants ne peuvent pas répondre de manière complète, car ils peinent, disent-ils, à fournir un tableau aussi complexe, diversifié et volumineux. Il est vrai qu’il s’agit d’un tour d’horizon laborieux, mais il est essentiel pardi !
Et nous revoilà au point de départ : quel sera l’épilogue ? Si l’on croit une clameur nouvelle selon laquelle des élections ne seront pas déclenchées sur un tel brasier étudiant, on peut donc réitérer le souhait de la seule et unique trêve possible : un moratoire d’au moins six mois, permettant à la fois le retour en classe et le repos des esprits. Que le gouvernement fasse ce pas dans la voie de la responsabilité. C’est cela aussi, gouverner.


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