Entre droits fondamentaux et simplisme

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Porter un signe religieux n'est pas un droit fondamental


Je peux comprendre l’hypersensibilité de certaines personnes pour leur liberté individuelle et leur capacité à s’offusquer avec fracas si une autorité veut imposer une quelconque limite. Toutefois, je ne vois pas une attaque majeure à des droits fondamentaux dans le projet de loi 21 en interdisant à du personnel des services publics d’afficher un signe religieux dans l’exercice de ses fonctions. Faire croire que c’est une attaque à des droits fondamentaux, c’est banaliser le sens même d’un droit fondamental!


Le droit à la vie, à un air respirable, à l’eau potable, à la nourriture, à un toit, au respect de l’intégrité de son corps, à ses croyances et à son orientation sexuelle sans être torturé ou emprisonné sont quelques-uns de ces droits fondamentaux qui rendent plutôt loufoques les airs outragés de certains parce qu’un employé devrait se passer de ses signes religieux durant les heures de travail. La charte de l’ONU sur les droits humains, au lendemain de la deuxième grande guerre, s’avérait la réponse aux atrocités et aux génocides que l’humanité avait connus et visait précisément à protéger ces droits fondamentaux sans se perdre dans les peccadilles. 


Les chartes nationales qui s’ensuivirent et les décisions des juges ont souvent produit des résultats contraires aux vœux de la majorité et aux intentions politiques. Les cours de justice ont privilégié exagérément les droits individuels au détriment des droits collectifs. Cela ne les a pas empêchés pour autant de s’ancrer dans la culture dominante et de faire fi des véritables droits fondamentaux. Le charcutage de la loi 101 par la Cour suprême est un exemple patent de cette instrumentalisation des chartes pour mettre la nation québécoise au rang d’une minorité semblable aux autres minorités ethniques du Canada. 


Au moment où l’humanité devrait être beaucoup plus préoccupée par les problèmes environnementaux et climatiques et s’inquiéter de l’exploitation nocive de certaines formes d’énergie, les Albertains s’apprêtent à élire un gouvernement conservateur, avec Jason Kenney à sa tête, qui a fait campagne sur la relance de l’exploitation des sables bitumineux et du charbon. N’importe quels observateurs avertis concluront rapidement que le programme des conservateurs albertains affecte beaucoup plus les droits fondamentaux à l’heure où la planète frôle l’irréversibilité du processus de dégradation de ses écosystèmes. 


Un voile, une kippa, une croix ou un turban au placard pendant une journée de travail affecte passablement moins les droits fondamentaux qu’une qualité de l’air qui s’amenuise ou d’une eau qui devient de moins en moins potable. Malgré tout cela, il s’en trouvera pour reprocher au gouvernement de la CAQ d’être réfractaire aux énergies sales et de les traiter de dictateur pour la supposée violation de droits humains, qui en fait, se révèle des privilèges.


Plutôt que de s’employer à faire accroire que le recours à la clause dérogatoire pour se soustraire aux impératifs des juges constitue une atteinte automatique à des droits fondamentaux, les opposants au projet de loi 21 devraient réaliser que dans un État de droits, les idéaux politiques ont préséance sur le légalisme unilatéral de