Montréal est en déficit de leadership depuis bien avant que le maire Gérald Tremblay ne démissionne. Les scandales à répétition ont altéré la confiance des Montréalais en leur ville. Ils attendent un maire fort, doté d’une autorité morale inattaquable et prêt à porter leurs aspirations. Ce maire pourrait-il être Denis Coderre ? Il en est convaincu. À charge pour lui de nous en convaincre.
Le député libéral de Montréal-Bourassa lançait ce jeudi sa campagne à la mairie d’une manière propre à soulever des doutes quant au maire qu’il pourrait être. Il nous a révélé si peu de sa vision de l’avenir de Montréal qu’il faut croire que tout se résume en sa personne.
Le philosophe des médias Marshall McLuhan disait « the medium is the message ». On ne peut dire mieux à propos de ce parti baptisé tout simplement Équipe Denis Coderre, sans autre dénomination. Un parti, c’est d’abord un projet que l’on cherchera à décrire dans le nom qu’on lui donnera, comme Union Montréal, par exemple, parti créé en 2001 au moment de la fusion de Montréal avec ses banlieues. Équipe Denis Coderre laisse croire qu’il s’agit avant tout d’élire celui-ci à la mairie. Point. On le croira d’autant plus que ces derniers mois, il n’a cessé de faire la promotion de sa personne.
La personnalisation des leaders en politique est certes inévitable, mais ce que nous dit M. Coderre est que tout tournera autour de sa personne. Le parti ne sera que virtuel. Pas de permanence et des dépenses réduites au maximum. Véritable roi des tweets, il fera de Twitter son principal canal de communication. Ici aussi, le médium est le message. Réduit à 140 caractères, une pensée ne peut être que sommaire.
Denis Coderre justifie son approche par le fait que le conseil municipal de Montréal n’est pas un parlement, mais une administration. Exit donc les lignes de parti propres aux parlements. Équipe Denis Coderre donnera l’exemple. Ses conseillers seront libres de voter comme ils l’entendent.
L’aspirant maire révèle par là sa méconnaissance de la politique montréalaise. Il faut lui rappeler que Montréal est la deuxième ville du Canada. Elle compte près de 1,9 million d’habitants et fait face à d’innombrables problèmes. Outre la crise éthique qu’elle vit, il y a les questions reliées à son développement, qu’il s’agisse de transport, d’urbanisme, d’habitation, d’emploi. Des problèmes qui appellent des solutions politiques bien avant que d’être administratives. À cet égard, le conseil agit comme un forum parlementaire tandis que le comité exécutif est l’équivalent d’un conseil des ministres.
Denis Coderre souhaite transformer la politique montréalaise en réduisant le rôle des partis politiques, sinon en les éliminant. Son modèle semble être celui de l’ex-mairesse de Sainte-Foy, qui avait réussi à se faire élire mairesse de Québec il y a quelques années, sans parti, sans équipe, par la seule force de sa personnalité. Rapidement, elle devait perdre le contrôle, car si elle « administrait » sa ville de Sainte-Foy, la taille de Québec exigeait qu’elle soit gouvernée. C’est naïveté que de penser pouvoir transformer une assemblée politique, quelle qu’elle soit, en orchestre répondant à la baguette de son chef.
Ce lancement de campagne a raté sa cible. Le député de Montréal-Bourassa le préparait depuis si longtemps qu’on attendait qu’il soit davantage convaincant. Pour le moment, on est obligé de conclure que ce que l’on voit est ce que l’on aura, soit un parti virtuel qui n’existe ni par son organisation ni par sa pensée. Il s’agit d’un faux départ. Comme il reste cinq mois avant les élections, Denis Coderre aura la chance de se reprendre. On le souhaite, car dans cette élection, ce dont nous avons besoin est un débat d’idées et non de personnalités.
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