La saga de la Commission Bastarache est en train de prendre un tour franchement drôlatique et n’est pas sans rappeler l’histoire de « La chasse aux canards » que racontait autrefois le monologuiste français Robert Lamoureux (hé non, il n’y a pas que Molière !).
Vous vous souviendrez des prédictions des « spinners » au début de la semaine. Marc Bellemare allait se faire manger tout rond en contre-interrogatoire par ces terreurs des prétoires qu’étaient les avocats du Gouvernement du Québec (Me Suzanne Côté), de Jean Charest (Me André Ryan), et du PLQ (Me André Dugas).
Le fiasco total de cette contre-offensive est la meilleure illustration possible de la situation désespérée dans laquelle se trouve désormais Jean Charest, et il faut toute la mauvaise foi possible des mercenaires de la cause (une obligation professionnelle) devant la Commission (les avocats) ou devant le tribunal de l’opinion publique (les journalistes à la solde du pouvoir) pour prétendre que Jean Charest n’est pas en train de devenir le gros dindon de sa propre farce.
À cet égard, le visage décomposé du commissaire Bastarache est le meilleur indice de l’évolution de la situation à chaque fois que la plus élémentaire décence l’oblige à rappeler à l’ordre le trio des « grosses pointures » de notre ineffable premier ministre.
Mais le meilleur est que, avec l’obtention hier de son statut de participant à la Commission, Marc Bellemare sera contre-interrogé, à la reprise des travaux de la Commission au début de la semaine prochaine, par son propre avocat (Me Raynald Beaudry). Pas besoin d’être un voyant extra-lucide pour deviner que toutes les transcriptions des travaux jusqu’ici vont être passées au peigne fin pour boucher les petites failles (vraiment mineures) apparues dans l’armure de Marc Bellemare, pour la renforcer, et même pour en remettre.
Quand on sait par ailleurs qu’un ancien sous-ministre adjoint de la justice et ancien député libéral, Me Georges Lalande, viendra confirmer les dires de Marc Bellemare, on comprend que la partie est terminée. En effet, le témoignage de Marc Bellemare sera corroboré, et même si 2000 témoins viennent ensuite dire qu’ils n’ont pas été témoins de pressions dans la nomination des juges, ils ne pourront jamais défaire le témoignage positif de Mes Bellemare et Lalande.
Face aux témoignages de ces deux protagonistes, le témoignage subséquent de Jean Charest ne servirait qu’à faire la démonstration de son statut de « témoin taré » (c’est en effet l’expression consacrée), dans la mesure où tout autre chose qu’un déni formel l’exposerait à des poursuites criminelles.
Je le disais l’autre jour, on ne pouvait imaginer pire stratégie que la mise sur pied de la Commission Bastarache, et le seul mystère qui reste est comment il se fait que tant de gens supposément si intelligents se soient embarqués « dans cette galère » (cette fois-ci, c’est bien Molière).
Commission Bastarache
Et le jeudi, Marc Bellemare était toujours en vie
Fiasco total de la contre-offensive Charest
Chronique de Richard Le Hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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10 commentaires
Archives de Vigile Répondre
10 septembre 2010« John James Charest
2 septembre 2010, par Richard Le Hir
Réponse @ M.Lachaine
La question que vous soulevez est très pertinente mais de portée juridique limitée. En effet, elle n’affecterait que le comté dans lequel Charest a été élu car c’est le seul où le nom complet de Jean Charest devait figurer sur le bulletin de vote. »
Une précision
2 septembre 2010, par Richard Le Hir
« Je me dois toutefois de préciser qu’il y a au moins un autre cas où la question se pose, c’est celui du nom sous lequel Charest a prêté serment à titre de premier ministre.»
Je vous prie d'excuser momentanément ma curiosité, mais, pouvez-vous nous dire...
1- En quelle année et comment avez-vous été convaincu dans l'auto-défaite ?...
C'est-à-dire… Dans l'utilisation de « Jean », afin que Charest ait une image publique francophone qui plait au vote souverainiste ?...
Au lieu de « John James », une image publique anglophone qui n'attire pas le vote souverainiste.
2- Comment se fait-il, durant toutes ces années que vous avez baigné dans la politique, qu'il ne vous est pas venu à l'idée de vérifier que son père « Red » Charest est un canadien anglophone et que sa mère est une Irlandaise. Ce qui fait du fils John Charest un authentique anglophone. Ce qui ne correspond en rien avec « Jean ».
Confirmé ce matin, le 10 septembre 2010, au site du barreau...
Le bottin des avocats
Il y a 22 membres qui répondent à votre requête
Sherbrooke
Charest, François - François Charest
Charest, John James - Premier ministre du Québec
http://www.barreau.qc.ca/barreau/index.html
Vous souvenez-vous de l’an 1999 ?...
J'ai étudié le profil Charest et la stratégie libérale de l'identité francophone, pour attirer le vote des souverainistes, lors de mes études le soir à temps partiel au bacc de « l'indépendance pour immigrants », à l'université internationale Gilles Rhéaume.
Le manuel... « L'énigme Charest / André Pratte - Éditeur [Montréal] : Boréal, impression 1998 Description 356 p., [32] p. de pl. : ill., portr. ; 23 cm »
Avez-vous vraiment toujours utilisé « Jean », comme les péquistes, dans vos conversations et par écrit ?...
Bonne fin de semaine...
SP
Fernand Lachaine Répondre
3 septembre 2010Monsieur Le Hir,
Comme par hasard, je discutais de cette situation Jean/John James avec une connaissance et cette personne me suggéra que si Charest avait utilisé son vrai nom, soit John James Charest, il n'aurait pas été élu. Point à la ligne.
Il y a une loi au Canada (malheureusement nous sommes encore sous les lois de ce pays) qui existe concernant les modifications apportées au prénom et au nom d'une personne.
Est-ce que John James Charest a voulu tromper la population du Québec en utilisant illégalement le prénom Jean. Les médias n'en disent un mot donc la glace semble mince pour les fédéralistes.
De plus, monsieur Le Hir, quelqu'un aura peut-être l'obligation d'informer la France que son président N. Sarkosy a épinglé une médaille de la légion d'honneur sur un veston d'un personnage qui n'a pas les couilles de se servir de son vrai nom.
Excusez-moi mais je suis de plus en plus en cr...
Fernand Lachaine
@ Richard Le Hir Répondre
2 septembre 2010Réponse @ Isabelle Poulin
Il semblerait que la poursuite de Marc Bellemare soit bien dirigée contre John James Charest.
En répondant plus tôt à M. Lachaine,je ne me suis arrêté qu'à la conformité du bulletin de vote en indiquant que la question ne se posait que dans le comté de Jean Charest. Je me dois toutefois de préciser qu'il y a au moins un autre cas où la question se pose, c'est celui du nom sous lequel Charest a prêté serment à titre de premier ministre.
Si ce n'est pas le sien, la question se poserait de savoir si Charest n'a pas usurpé ses fonctions depuis qu'il est devenu premier ministre. Jolie perspective !
Richard Le Hir
Jeannot Duchesne Répondre
2 septembre 2010Très intéressant cette histoire de nom.
Devant la commission Bastarache notre cher John James devra-t-il décliné son vrai nom pour la prestation de serment?
Je crois ce serait élémentaire mon cher James.
Jeannot Duchesne
Isabelle Poulin Répondre
2 septembre 2010Est-ce que Marc Bellemare a fait sa poursuite reconventionnelle contre Jean Charest ou contre John James ?
@ Richard Le Hir Répondre
2 septembre 2010Réponse @ M.Lachaine
La question que vous soulevez est très pertinente mais de portée juridique limitée. En effet,elle n'affecterait que le comté dans lequel Charest a été élu car c'est le seul où le nom complet de Jean Charest devait figurer sur le bulletin de vote.
Cela dit, il n'y a pas de doute que l'utilisation du prénom Jean plutôt que John James dans la publicité de sa compagne a permis à Charest de recueillir davantage de votes qu'il n'en aurait recueilli s'il avait employé son véritable prénom.
De là à être capable de déterminer combien de votes, il y a toute une marge. Sans doute un moyen d'y parvenir serait de tester les deux noms par voie de sondage, mais la réponse ne vaudrait que pour le présent et non pour le passé. Malgré tout, l'exercice pourrait être instructif.
Richard Le Hir
Archives de Vigile Répondre
2 septembre 2010Preuve que les libéraux sont mal à l'aise, le groupe des "J'l'écoute pu" la Commission Bastarache innové par Nathalie Normandeau ne saissent de croitre au sein du caucus qui applaudit Jean Charest à n'importe quelle occasion.
Fernand Lachaine Répondre
2 septembre 2010Si Jean Charest a utilisé un faux prénom au lieu de John James (prénoms sur son certificat de baptême) pour être élu premier ministre du Québec, est-ce légal ?
En tous les cas, Marc Bellemarre dans sa contre-attaque demande l'annulation de la poursuite de Jayjay car Jean n'est pas le prénom de Charest.
Si John James Charest s'était présenté comme député et premier ministre, aurait-il eu les mêmes résultats en 2003?
Je trouve immoral qu'un individu change son nom pour fausser des élections.
Ce soir je me sens profondément floué et diminué comme québécois.
Fernand Lachaine
@ Richard Le Hir Répondre
2 septembre 2010Drôlatique ? Que dis-je ? Burlesque!
« Marc Bellemare poursuit Jean Charest à son tour »
Richard Le Hir
Archives de Vigile Répondre
2 septembre 2010Dans n'importe quelle autre république de banane qui se respecte, Charest aurait déjà affrété un avion et transféré ses avoirs dans un compte de banque de type paradis fiscal....
Franchement, combien de temps encore cette farce va-t-elle durer?