Le Québec vu d'ailleurs

Étapisme malsain

La stratégie employée a de quoi déconcerter. Prise entre la défaite encaissée par André Boisclair et la montée de l'ADQ, Marois essaie de faire la souveraineté pas à pas.

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"Un message du gouvernement du Canada", pourrait-on dire...

Est-ce que la vieille stratégie de Claude Morin pour faire l'indépendance du Québec pas à pas, par étape, aurait repris du service, mais en attaquant les immigrants? On pourrait le croire avec le projet de loi 195 présenté jeudi 18 octobre par la chef du PQ Pauline Marois.
Les partis indépendantistes tentent de reprendre l'initiative au Québec. Et la voie empruntée prend les nouveaux arrivants pour cible. Don Martin du National Post remarque ainsi que le Bloc Québécois présentait une loi à Ottawa interdisant aux femmes voilées de voter quelques jours après que Pauline Marois ait dévoilé sa loi sur l'identité québécoise.
Cette loi voudrait créer une «citoyenneté québécoise» dont l'obtention dépendrait d'une «connaissance appropriée du français». Si au bout de trois ans de résidence au Québec un immigrant ou un canadien nouvellement installé dans la province ne parlent toujours pas un français jugé correct, leurs droits de se porter candidat à une élection municipale ou provinciale, ou de contribuer au financement d'un parti seraient suspendus.
Don Martin est consterné. D'autant qu'à Ottawa «le gouvernement fédéral observe un silence étudié face au tour pris par le débat politique au Québec.»
Pourtant les discussions actuelles sur les accommodements raisonnables n'inspirent pas que de la méfiance hors du Québec. Jean-Claude Guillebaud->9914], chroniqueur à [l'hebdomadaire chrétien La Vie, note que le Québec est allé très loin dans les concessions faites aux minorités religieuses. La Commission Bouchard-Taylor est salutaire, selon lui. «Tout se passe comme si une grande entreprise de défoulement s'était emparée du pays tout entier. Qui sommes-nous? Quel type de société voulons-nous construire ou défendre? Ce qui frappe, c'est le calme et l'application méthodique qui prévalent en dépit du caractère explosif des questions posées. Un débat de cette qualité se révèle passionnant à suivre et devrait intéresser davantage les pays européens déjà confrontés à cette même question du multiculturalisme. Voilà en tout cas une belle leçon de démocratie donnée aux furieux de tous bords, du Québec et d'ailleurs.»
Le climat décrit par l'hebdomadaire n'avait pas encore été affecté par le projet de loi défendu par Marois.
La stratégie employée a de quoi déconcerter. Prise entre la défaite encaissée par André Boisclair et la montée de l'ADQ, Marois essaie de faire la souveraineté pas à pas. D'abord une citoyenneté et une constitution pour le Québec (également prévue par le projet de loi) qui ensemble viennent chasser sur les terres de l'ADQ en empruntant sa méfiance envers les immigrants, et plus tard, beaucoup plus tard, l'indépendance, ce qui évite de parler de référendum maintenant.
L'étapisme de Claude Morin reprend du service, mais sous un jour malsain. Dans cet étrange jeu de dupe, Marois réussit un étrange tour de force. Nous faire regretter André Boisclair...
Cette semaine dans le Courrier International
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