L'Histoire raconte qu'au milieu du premier siècle, un captif attendait d'être exécuté dans l'une des prisons de l'empereur romain Néron. Loin de se sentir inquiet par le destin tragique qui l'attendait, le reclus a commencé à rédiger en langue grecque une série de lettres destinées à des amis et à des collaborateurs.
Précisément dans la dernière de ces lettres, après avoir récapitulé sa vie des dernières décennies, le prisonnier écrivait : « Ton agona ton kalón egónismai, ton drómon tetéleka, aie pístin tetéreka », que l'on pourrait traduire ainsi : « je me suis battu pour la bonne bataille, j'ai terminé ce parcours et j'ai gardé la foi »; loin de se laisser emporter par le pessimisme, le condamné à mort manifestait par ces mots une joie immense. Sa vie avait résulté de par son comportement de n'être ni anodine ni inutile. Dans cette bataille il n'avait pas perdu le temps ni gaspillé les années.
Au contraire, il s'était livré corps et âme à la foi qu'il soutenait de tout cœur et maintenant, au seuil de la mort, malgré les erreurs et des carences, pouvait réaliser un bilan positif de son existence et même s'attendre à une entrée glorieuse dans l'au-delà. Certes, le captif des prisons néroniennes s'appelait Paul de Tarse (saint Paul).
Dieu veuille nous accorder à tous, de la même manière, qu'à la fin de chacune des étapes de notre vie et, naturellement, dans la conclusion définitive, nous pourrons dire avec un cœur sincère que le combat que nous avons livré a été le bon, que nous arrivons au but que nous désirions atteindre et que nous n'avons pas perdu la foi dans la tentative de réussir à faire du Québec un pays indépendant.
Jean-Louis Pérez