150E DE LA FÉDÉRATION

Faut qu’on se parle de «Us», dit Jean-Marc Fournier

L’Assemblée nationale laisse les commémorations de 1867 à Ottawa, pour marquer le 225e anniversaire de la naissance des institutions démocratiques

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La clé pour comprendre notre histoire, c'est l'Acte de Québec de 1774






Tout en se défendant de jouer les rabat-joie, Jean-Marc Fournier invite le Rest of Canada (ROC) à profiter du 150e anniversaire de la fédération canadienne pour « reprendre le dialogue ». « Let’s talk about us ! » répétait-il dans le Salon bleu de l’Hôtel du Parlement cette semaine.


 

Le ministre des Relations canadiennes mènera tout au long de l’année une tournée — une sorte de « Faut qu’on se parle » — durant laquelle il espère notamment percer les mystères du « psychique » du ROC, à commencer par ceux qui ont réalisé le docudrame Canada : The Story of Us.


 

« Il y a un os dans Story of Us », a-t-il lancé en chambre jeudi matin après avoir « remercié » l’animateur de L’autre 150e, Stéphane Bergeron, de lui offrir l’occasion de s’exprimer sur la « polémique » entourant le feuilleton historique diffusé sur les ondes de la chaîne anglaise du réseau CBC/Radio-Canada.


 

Les auteurs de The Story of Us (L’histoire de Nous) ont notamment réduit en miettes 12 000 ans d’histoire amérindienne, fait passer à la trappe le Grand Dérangement et tourné en ridicule les figures historiques françaises. En revanche, ils ont déniché pour interpréter le héros britannique James Wolfe un acteur avenant à la longue chevelure brune — loin des traits du général rouquin maigrelet esquissé par le brigadier George Townshend à l’été 1759. Son opposant français, Louis-Joseph de Montcalm, n’a pas bénéficié d’une distribution aussi avantageuse, à l’instar de Samuel de Champlain et de ses compagnons, qui ont été présentés sous des habits crasseux.




Photo: Source Musée McCord
Les traits physiques du général Wolfe se sont trouvés bien changés dans la docusérie, ce dernier étant incarné par un acteur séduisant à la longue chevelure foncée.

 

Diversité collective


 

M. Fournier a demandé des excuses à société d’État — ce à quoi celle-ci s’est refusée. Canada : The Story of Us montre qu’« il est temps que nous reprenions un dialogue “about us” », a insisté l’élu québécois, tout en disant candidement ne pas avoir visionné les deux premiers épisodes de l’émission controversée du diffuseur public.


 

Il a beau reprocher à l’un et l’autre de fantasmer sur une éventuelle réouverture du débat constitutionnel près de 30 ans après la tentative de Meech (1987), l’homme politique prend plaisir à bavarder du statut du Québec au sein du Canada.


 

À l’occasion d’un colloque sur le fédéralisme canadien tenu récemment sur le campus de l’Université McGill, il avait plaidé pour un fédéralisme canadien reconnaissant la diversité non seulement individuelle, mais aussi collective. « La reconnaissance des identités nationales québécoise et aussi autochtone apparaît comme l’aboutissement naturel du projet canadien », avait-il fait valoir, réitérant son « allégeance québécoise » et son « appartenance canadienne ». « Nous devons chercher à nous comprendre et à nous connaître, et cela doit être réciproque. Faire connaître ce que nous sommes, ce qui est fondamental pour nous permettre de faire comprendre nos choix, nos priorités, nos visions, nos ambitions. Pour éviter à nos partenaires de se surprendre encore à se demander “What does Québec want ?” », avait-il conclu.


 

Dans cet esprit, l’élu québécois ne manquera pas cette année une occasion de rencontrer des « décideurs politiques » à la fois à Ottawa et dans le ROC pour les sensibiliser aux priorités québécoises.


 

Il a cassé la glace avec les membres du Conseil des ministres de Justin Trudeau à la fin février. Ça n’a pas empêché les honorables Jane Philpott et Mélanie Joly de se donner quelques jours plus tard un franc « high five » après que le Québec, l’Ontario et l’Alberta se sont résignés à signer une entente sur les transferts canadiens en matière de santé. M. Fournier s’est aventuré une nouvelle fois cette semaine dans la capitale fédérale afin de présenter « la position du Québec sur un ensemble d’enjeux » aux élus québécois du groupe parlementaire du Parti libéral du Canada (PLC). Il promet de refaire l’exercice prochainement avec leurs homologues des autres formations politiques, sauf le Bloc québécois.


 

M. Fournier veut aussi voir le gouvernement du Québec, qui dispose actuellement d’« un réseau de représentation au Canada, composé de deux bureaux situés respectivement à Toronto et Moncton », être « plus présent dans les capitales provinciales » dans la foulée des célébrations entourant le 150e anniversaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB).


 

Grand recueil


 

À quoi servira tout cela ? À rédiger un livre semblable à l’ouvrage Ne renonçons à rien, des membres de la tournée « Faut qu’on se parle » ou encore une ébauche d’accord constitutionnel ?


 

« Je ne veux pas parler de la Constitution », martèle M. Fournier. « Je ne fais pas de Constitution. Je fais de la compréhension, je fais du dialogue, je fais de l’ouverture, de la réciprocité… Je ne peux pas aller à une table constitutionnelle si on ne se comprend pas, si les gens pensent que “US”, ce n’est pas nous autres. Il faut que les gens se comprennent avant de faire des textes juridiques », poursuit-il.


 

Difficile de savoir si, aux yeux M. Fournier, le fruit est vert, mûr ou pourri. Cela dit, l’avocat soutenait déjà en 1991 que « les difficultés que nous attribuons à la Constitution ne résident pas tant dans le libellé de celle-ci que dans l’esprit de ceux qui ont pour mandat de voir à son application et à son adaptation ». « N’est-il pas vrai qu’une constitution ne saurait être immuable et que d’empêcher son adaptabilité pourrait entraîner une répudiation de l’ordre établi par les gouvernés ? »avait-il écrit dans son mémoire de maîtrise de l’Université de Montréal.


 

Le gouvernement québécois soumettra sa « vision » de la « place du Québec au Canada » en marge des activités du 150e de l’AANB, a expliqué le premier ministre Philippe Couillard.


 

La naissance de la fédération canadienne constitue un « événement historique majeur » à ses yeux. « C’est un progrès, la fédération, le fédéralisme. C’est une forme avancée de gouvernement humain parce que ça amène des gens à coexister », a-t-il souligné dans un bref entretien avec Le Devoir.


 
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