La campagne électorale devra compter avec un candidat de plus : François Asselineau. Le président de l’UPR a dépassé aujourd’hui le nombre de 500 parrainages validés par le Conseil Constitutionnel. Une consécration pour le parti du « Frexit ».
Il régnait ce matin une certaine effervescence au QG de campagne de l'Union Populaire Républicaine (UPR), avenue de Wagram, où un nombre tout particulièrement inhabituel de journalistes et de caméras s'étaient rassemblés. La raison de leur venue: l'entrée officielle dans la course à la présidentielle de François Asselineau, le président du parti, dépeint ces derniers jours comme « le candidat surprise » par de nombreux observateurs.
En effet, avec 524 parrainages émanant de 80 départements, validés par le Conseil constitutionnel, François Asselineau devient — au même moment que Marine Le Pen — le 6e prétendant à la présidence de la République à obtenir plus de 500 parrainages, coiffant ainsi au poteau Jean-Luc Mélenchon et ses 432 parrainages.
« Je ne suis pas de ceux qui passent leur temps à manipuler l'opinion publique », lâche-t-il à l'assemblée de journalistes en faisant allusion à ceux qui occupent l'espace politico-médiatique sans forcément avoir obtenu tous leurs parrainages. Il faut dire que jusque-là, François Asselineau avait mis un point d'honneur à n'officialiser sa candidature qu'une fois les parrainages suffisants obtenus.
Une recherche de soutien auprès des élus qu'il n'a jamais caché être difficile, tout particulièrement pour un parti qui ne jouit — pour ainsi dire — d'aucune couverture médiatique. Mais d'après le candidat et son équipe, les maires ont changé depuis 2012, notamment vis-à-vis de l'Europe, rappelant par exemple la disparition programmée de milliers de communes françaises sous l'impulsion de Bruxelles.
En effet, les principales cibles du candidat sont l'Union européenne et l'OTAN qu'il considère comme les « deux faces — politique et militaire — d'une même médaille » et dont il entend sortir immédiatement s'il est élu. François Asselineau tient d'ailleurs à affirmer sa différence face à ceux qui continuent à classer ses idées et propositions aux côtés de celles de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Jean-Luc Mélenchon sur le segment du souverainisme. Pour lui tous ces candidats n'évoquent qu'une « renégociation des traités européens », ce qu'il estime être mission impossible.
Une particularité qui n'est pas la seule à être cultivée par l'UPR qui réunit en son sein d'anciens électeurs de tous horizons politiques ainsi que des Français qui s'étaient détournés des urnes, « dégoûtés par la politique ». « Notre parti, l'Union Populaire Républicaine, a été classé officiellement en Divers, c'est-à-dire au-dessus ou à côté du clivage Droite — Gauche, » une singularité, avec laquelle François Asselineau entend là encore trancher avec la concurrence.
« De fait, l'UPR est actuellement le seul parti politique français — et je mets au défi quiconque de me prouver le contraire — capable de réunir des gens venus de tous les horizons, de toutes les catégories sociales, de toutes les opinions politiques ou religieuses y compris des gens qui n'ont pas de religion. » Un petit pavé dans la mare d'Emmanuel Macron, sans doute…
Il faut dire que le programme du candidat de l'UPR est bien moins consensuel que celui d'« En marche! ». Autant Emmanuel Macron aligne des propositions mainstream, autant François Asselineau joue sur la rupture: sortir de l'Union européenne, retourner au Franc, des propositions-choc, mais qui figurent depuis des années à son programme qui revendique s'inspirer du Conseil National de la Résistance. Une rupture assumée, François Asselineau insistant sur le fait qu'il n'est pas là « pour lancer à la volée des slogans marketing ».
Références constitutionnelles à l'appui, ce haut-fonctionnaire au sein de l'Inspection générale des finances, diplômé d'HEC et de l'ENA concède « je l'admets, j'ai une particularité, je connais mes dossiers! » et il critique au passage les programmes de ses concurrents, qu'il estime être de l'ordre de programme de Premier ministre et non de chef d'État, sans vision pour le pays.
Il fustige notamment la politique économique impulsée dans l'Union européenne et retranscrite dans les législations nationales, comme la loi El-Khomri ou la loi Macron. Il dénonce aussi la poursuite de la politique de rigueur, la destruction des acquis sociaux et la suppression des statuts des professions réglementées, au nom de la mise en concurrence — frontale — à l'échelle européenne.
Au-delà du soutien de ces 524 élus, l'UPR a enregistré une progression significative de son nombre d'adhérents depuis les dernières présidentielles, où avec 600 membres, le parti était relégué au rang des micro-partis. Aujourd'hui, François Asselineau peut compter sur une base de 16 800 adhérents, particulièrement mobilisés, notamment sur internet. Le site du parti enregistre d'ailleurs des résultats à faire pâlir ses concurrents: d'après le classement Alexa ranking, le site www.upr.fr est le plus consulté de tous les sites de partis politiques françaiset sa chaîne YouTube est la deuxième de tous les partis politiques français en termes d'abonnés.
Des arguments que le nouveau candidat réitère à la presse aujourd'hui présente, cette même presse qui figurait aux abonnés absents depuis la création du parti en 2007. Malgré ce regain soudain d'intérêt des médias pour François Asselineau, les plumes demeurent acerbes: « Avec François Asselineau, les conspirationnistes ont leur candidat à la présidentielle » titre ce vendredi 10 mars le Huffington Post. Plus tôt dans la matinée, l'Obs revenait sur le discours « radicalement anti-européen, globalement antisystème. Donc anti-médias », soulignant au passage que des spécialistes, dont Nicolas Hénin auraient « relevé la proximité de François Asselineau avec le Kremlin ».
Témoignage de cette tension, lors du temps imparti aux questions, une journaliste interpelle le candidat concernant son programme de 2012, où il souhaitait « assurer une diversité politique représentative des différents courants d'opinion parmi les journalistes et présentateurs ».
Si François Asselineau rappelle des cas où commentateurs et journalistes avaient pris fait et cause de manière unanime, citant l'exemple du référendum en 2005, dans l'assemblée cela s'emballe et plusieurs journalistes rebondissent:
« Les commentateurs ne sont pas forcément des journalistes, déjà! » lâche l'une d'elles, avant qu'un autre n'ajoute « donc on choisit comment? on leur demande de présenter des cartes de parti… » une situation qui ne s'améliore guère lorsque François Asselineau répond à cela qu'il faudrait — par exemple — demander aux médias de faire appliquer la charte de Munich de 1971 relatives à l'éthique des journalistes.
Mardi 14 à Saint-Denis, il présentera son programme présidentiel et législatif. Avec ces passes d'armes, reste à savoir si la presse se bousculera autant que ce matin.
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