François Legault et ses fédéralistes

Un parti politique n’est pas une auberge espagnole. Il est temps pour Legault de le faire comprendre à ses nouveaux amis. Pour éviter d’être cocu en sa propre demeure.

CAQ - Legault - Sirois - 2012


On comprend de mieux en mieux le jeu de François Legault. On voit ses forces : une volonté réformatrice affirmée. Manifestement, il entend en finir avec la paralysie bureaucratique du modèle québécois.
On voit ses faiblesses : sa coalition pourrait éclater sur la question nationale. Legault voulait des fédéralistes à tout prix. Il y voyait le symbole de sa crédibilité. Il n’a pas pris la peine de se demander quel genre de fédéralistes embarquaient avec lui.
Car il y a deux types de fédéralistes au Québec : les héritiers de Robert Bourassa et les héritiers de Pierre Elliott Trudeau. Ils sont bien plus différents qu’on ne peut le croire.
À la Robert Bourassa
Les fédéralistes à la Robert Bourassa tournent autour du Parti libéral du Québec (PLQ). Ils ont toujours été fidèles au Québec d’abord. Ils s’opposaient à la souveraineté, certes, mais ils n’en contestaient pas la légitimité. Ils souhaitaient la reconnaissance du Québec comme société distincte.
Normalement, Legault aurait dû les repêcher. Mais le PLQ a 1001 manières d’éviter la défection de ses fidèles. Legault n’y a pas trouvé les grosses pointures nécessaires à son entreprise.
Il a dû se tourner vers les héritiers de Trudeau. Au Parti libéral du Canada (PLC). Ces gens ont diabolisé le nationalisme québécois toute leur vie. La constitution de 1982, c’est eux. La centralisation à Ottawa, c’est eux aussi. Le multiculturalisme d’État, toujours eux aussi.
D’ailleurs, certains « trudeauistes » recyclés à la Coalition avenir Québec (CAQ) n’hésitent pas à se présenter comme des « fédéralistes convaincus ». Et ils nous invitent au même moment à abandonner la question nationale pour nous consacrer aux « vraies affaires ».
Je veux bien qu’un François Legault invite les Québécois à mettre de côté l’indépendance. Il ne la croit plus possible. Par réalisme, il propose autre chose. Ce discours est acceptable même pour ceux qui ne le partagent pas.
À la Trudeau
Mais quand les héritiers de Trudeau reprennent ce discours, j’entends autre chose. Ils ont écrasé l’Assemblée nationale chaque fois qu’ils le pouvaient. Et vomi sur les nationalistes. Et maintenant, ils nous invitent à travailler ensemble ? Je t’écrase, tu te couches, on fait la paix ? Non, merci.
À chacun de ces trudeauistes recyclés, il faudrait poser une question claire : la Constitution de 1982 est-elle inacceptable pour le Québec ? Ceux qui diront non ne devraient pas trouver leur place dans un parti se réclamant du Québec d’abord.
L’immigration
Il ne s’agit pas seulement d’une vieille rancune. On l’a vu la semaine passée. En entrevue à VOX, Dominique Anglade, nouvelle présidente de la CAQ, nous donnait l’heure juste sur la baisse de l’immigration proposée par Legault.
Pendant deux ans, la CAQ ramènera l’immigration à 45 000. Certes. Mais sur 10 ans, précisait-elle, cela ne changera absolument rien. Que faut-il comprendre ? Que cette mesure est purement cosmétique ?
C’est peut-être parce que la CAQ a donné des gages excessifs aux fédéralistes qu’un partitionniste comme William Johnson s’y est cru le bienvenu. La CAQ aurait dû lui fermer la porte au nez et non pas répondre qu’on ne peut empêcher un cœur d’aimer.
Un parti politique n’est pas une auberge espagnole. Il est temps pour Legault de le faire comprendre à ses nouveaux amis. Pour éviter d’être cocu en sa propre demeure.


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